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Citations sur L'ordinaire mésaventure d'Archibald Rapoport (19)

Il faut être fou, ou se masquer désespérément le cours des choses pour considérer qu’un anniversaire est une chose joyeuse, disait Liouba. Et elle invitait constamment Archibald à célébrer chaque jour, à tout instant, l’avance létale du temps. Jamais elle n’avait marqué ses anniversaires de fêtes ou autres offrandes. Elle disait aussi que les gens, la plupart des gens, étaient stupides : ils passaient leur temps à oublier l’irréversible passage du temps, ils s’en souvenaient quelques fois par an et, ces jours-là, ils festoyaient comme s’il s’agissait d’un événement digne de réjouissance.
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Les passions nourries de vérité sont justes, pensa-t-il, mais rien ne sanctifiera leur subjectivité charnelle des justifications sereines du Savoir : douleur et haine ne sont ni vraies ni fausses, elles sont. Ces rationalités amères ne le satisfirent pas, il en sortit triste, au contraire : la raison, finalement, tranchait mais il était déchirant, pour lui, que ses critères ne fussent pas immédiatement relatifs à l’espace où la douleur (et ses larmes terribles) remplaçait les figures glacées de la conscience théorique, là où naissaient, non pas des verdicts conceptuels, mais des jugements formulés par une passion et une fureur totales. Et s’il advenait que surgît un fasciste qui énonçât : ce que je fais est faux, certes, et alors, qu’y a-t-il de mal à faire le faux s’il n’est point possible de faire le bien ni le mal ?

Je résoudrai un jour ce problème, décida-t-il, ou alors je mourrai. Après je pourrai mourir.

Et il glissa dans une longue et lancinante interrogation métaphysique (elle dura plusieurs mois, il allait avoir seize ans). Il se demanda s’il existait et ne réussit pas vraiment à fournir une réponse à cette question quoiqu’il fût certain d’exister. Il se demanda également si les choses existaient.
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Et Archibald découvrit la philosophie. La littérature l’indifférait, les femmes – adolescent, il avait d’authentiques et forts désirs, de vraies joies – l’excitaient, le bouleversaient, et il était,chaque soir, son propre amant (les femmes qu’il rencontrait chez Liouba avaient cessé de satisfaire ses désirs). Il advint qu’un jour, en lisant, lors d’une morne soirée d’étude, un livre de textes, il lut un texte de Descartes. Il fut fasciné : il lui apparut que la philosophie était la science suprême – elle permettait d’accéder au Vrai – et qu’en conséquence il n’y avait pas d’activité qui la dépassât en grandeur, en valeur. Il décida qu’il serait philosophe et, ce soir-là, il ne se masturba pas. (De m
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« La beauté et le plaisir naissent du sol pourri des malheurs extrêmes, dit Liouba : sous la beauté de cette musique,son extraordinaire sensualité, il y a l’atrocité du travail servile effectué sous la cravache des maîtres et contremaîtres ; toute la musique afro-cubaine porte la marque originelle du temps de l’esclavage comme le nègre affranchi conserve la trace des fers et du fouet.
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Le plaisir de la guerre, le plaisir des risques mortels est une autre façon de masquer la nature effroyable de la mort, qu’on transforme ainsi en chose désirable et désirée pour n’avoir point à la ressentir comme malheur fatal et terrifiant. Et le contact constant, immédiat, avec la possibilité de mourir, excite la sensation de vivre, l’intensifie.
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" Il faudrait inventer un terme qui désignât une espérance où espoir et désespoir sont unis, forment une seule entité. » Ou encore : « Dieu existe parce que le bien engendre le mal, parce que l’usage de ce qui est bon provoque du mal. Et cette irrémédiable imperfection absurde est à la fois divine et diabolique. " Ce lieu où les irréconciliables se rejoignent, la tradition juive l’appelle « Le Nom », parfois aussi « L’Endroit ». La traduction le rend par un mot passe-partout : Dieu.
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Il n’y a rien de déshonorant à écrire pour satisfaire un besoin d’argent. Les droits d’auteur du Seuil sont bloqués, Libération et Les Temps modernes ne nourrissent pas leur homme.
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Mon désir de liberté est principalement inspiré par l’amour d’une femme. Elle m’a ramené dans la vie. Je veux l’y rejoindre. Sinon, le calvaire de l’innocence perpétuelle et recluse m’eût parfaitement convenu.
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L’idée refluait, trop de crimes, trop de bla-bla. Mais avec la Révolution qui tirait sa révérence, disparaîtraient les conversations sans fin, les récits d’amitiés forgées au feu, les évocations d’amours grandis par la clandestinité, l’espérance du bonheur dont Jean-Jacques Rousseau disait qu’elle était le bonheur même.
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