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Citations sur Antonia Scott, tome 2 : Louve noire (36)

Jon Gutiérrez n’aime pas les cadavres dans le Manzanares.

Ce n’est pas une question d’esthétique. Celui-là est très déplaisant (il semble avoir passé un certain temps dans l’eau), avec sa peau bleutée couverte de taches violacées, ses mains pratiquement détachées des poignets. Mais il ne peut se permettre de faire la fine bouche.

La nuit est particulièrement sombre, et les réverbères qui éclairent le monde des vivants, six mètres au-dessus d’eux, ne font que densifier les ombres. Le vent arrache d’étranges murmures aux roseaux, et les quatre-vingts centimètres d’eau sont plutôt frais. Après tout, nous sommes dans le Manzanares, il est 23 heures, et février montre déjà sa patte grise à la porte.

Rien de tout cela ne dérange Jon outre mesure, pour la bonne raison qu’il est habitué aux eaux glaciales (il est de Bilbao), aux murmures dans le noir (il est gay) et aux corps sans vie (il est inspecteur de police).

Non, ce qui dérange Jon Gutiérrez, avec les cadavres du Manzanares, c’est d’avoir à leur prendre le pouls.

Je suis vraiment trop con, pense Jon. C’est un boulot de débutant. Mais ces trois demi-portions ne seraient pas foutues de prendre le pouls de leur mère.

Non pas que Jon soit gros. Mais à force d’être toujours le plus balèze dans la pièce, des habitudes s’installent, qu’on le veuille ou non. La sale manie de rendre service. Qui devient une nécessité, quand trois benêts à peine sortis de l’académie manquent de se noyer sous votre nez en jouant les canards dans les roseaux pour tenter de sortir un corps de l’eau.

Par conséquent, Jon enfile une combinaison en plastique blanc, des bottes en caoutchouc, et se jette à l’eau avec un bordeldeputaindevosmères qui fait monter le rouge aux joues aux nouveaux.

L’inspecteur Gutiérrez s’approche à grandes enjambées, déplaçant l’eau et la flicaille en herbe, de l’îlot de végétation où s’est échoué le cadavre. Pris dans des racines, le corps est immergé dans la rivière. Seuls surnagent une tête et un bras. Ballottée par le courant, la victime semble essayer de nager pour échapper à son inexorable destin.

Jon se signe mentalement et plonge les bras sous le cadavre. Il est mou au toucher, et la graisse bouge sous la peau comme si c’était un ballon de baudruche rempli de pâte dentifrice. L’inspecteur tire. De toutes ses forces de harrijasotzaile – de leveur de pierre. Les bons jours, il soulève pas loin de trois cents kilos. Il plante ses jambes dans le sol.

Je vais leur montrer, aux blancs-becs.

Ses énormes bras se tendent, et alors il se passe deux choses en même temps.

La deuxième : le corps ne bouge pas d’un centimètre.

La première : le fond sablonneux de la rivière avale le pied droit de l’inspecteur, qui tombe sur le cul au milieu du courant.

Jon n’est pas du genre à chouiner ou à se plaindre pour un rien. Mais les rires des blancs-becs se font entendre par-dessus le bruit de l’eau, par-dessus les murmures du vent dans les roseaux et même par-dessus ses propres jurons. Si bien que Jon, de l’eau jusqu’aux épaules et l’orgueil blessé, s’autorise un instant à céder au réflexe – très humain – de s’apitoyer sur son sort et de rejeter la responsabilité de ses malheurs sur autrui.
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Deux cent mille.
C'est le nombre de conteneurs qui transitent chaque année par le port de Malaga.
Trois millions.
Ce sont les tonnes de marchandises qu'ils contiennent.
Onze.
C'est le nombre de douaniers au port.
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¿ C VRAI ÇA ?


— Peut-être que je ne suis pas faite pour être mère.
— Trésor, aucune femme n’est faite pour être mère. On vous met un truc là-dedans, et pop, il en sort un petit monstre qui vous chamboule la vie, et vous croyez que les hormones vont débarquer en chantant un hymne à la maternité pour vous transformer en supermaman. Spoiler : NON.
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Cuanto más sola está una persona, más solitaria se vuelve. La soledad va creciendo a su alrededor, como el moho. Un escudo que inhibe aquello que podría destruirla, y que tanto desea. La soledad es acumulativa, se extiende y se perpetúa por sí sola. Una vez que ese moho se incrusta, cuesta una vida arrancarlo.
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COSTA DEL SOL (on lave plus blanc que blanc) ?

La rue est un enchevêtrement de voitures de luxe, de costumes bon marché et de mauvais goût. Des hommes d’âge moyen, au ventre proéminent. À l’arrière-plan, des femmes jeunes, très maquillées, les suivent en silence, le pas mal assuré sur les dalles rainurées de Marbella, ennemies des talons hauts.

Ils sont tous là. Une convention de mafieux, un congrès des pires pourritures. Le trottoir bondé, où ils fument, racontent des blagues et conspirent à voix basse, est une mappemonde.

Aslan déambule parmi eux, saluant par ordre d’importance ou de volume d’affaires.
D’abord les vori d’autres bratva, d’autres confréries. Rivales. Fières.
Ensuite les Colombiens. Ils louent des tueurs à gages, organisent des enlèvements, importent de la cocaïne. Des clients. Mielleux.
Les Algériens, à qui il prête de l’argent pour qu’ils importent du hachisch. Des subordonnés. Menteurs.
Les Suédois, qui paient le triple pour importer un kilo de coke jusque là-haut. Toujours en train de mendier un rabais. Prévisibles. Radins.
Les Kosovars et les Roumains. Voleurs, falsificateurs, importateurs d’armes. De la chair à canon. Instables.

Quand il est certain de n’avoir oublié personne, il s’arrête devant la porte de l’église, lisse sa veste et pose un pied sur la marche de l’entrée. C’est un signal tacite, que tous comprennent et auquel tous réagissent.




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C'est pourquoi il ne dit pas :
« Nos démons ne s'en vont jamais, Antonia. Tout ca nous pouvons faire, c'est être encore plus forts, »
Et elle ne lui répond pas :
Je suis fatiguée, Jon. Fatiguée de la cruauté de l'être humain. Fatiguée de toute la douleur que je perçois. J'ai comme des éclats de verre dans la tête, dont je ne peux pas me débarrasser. "
Et il ne répond pas :
"Je suis peut-être con, gay. Peut-être même gros. Mais grâce à Dieu, je suis là. Je suis là. »
Ils ne se disent rien de tout cela, parce que la vie n'est pas un film où un million d'émotions complexes tiennent dans un dialogue millimétré, tandis que Michael Giacchino, Thomas Newman ou Quincy Jones soulignent le tout d'une bande-son émouvante. Ils ne se disent rien, et se contentent de rester assis dans la voiture, ensemble. En silence.
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Elle a les yeux sombres, les pupilles irrégulières, comme de l’encre qui aurait bavé. Le visage sévère. Elle dégage une certaine rigueur. Quand elle tend la main à Jon, son geste est bref et rapide, parcimonieux. Comme si elle réservait ses efforts à des choses plus importantes.
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L’esprit d’Antonia s’apparenterait plutôt à une jungle, une jungle grouillant de singes, qui bondissent à toute allure de liane en liane en transportant des choses. Énormément de singes portant énormément de choses, qui se croisent dans les airs en montrant les crocs.
Aujourd’hui, les singes transportent des choses terribles, et Antonia éprouve de la peur.
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No le dice que se ha vuelto cada vez más difícil ver a su marido, tomar su mano para quedarse dormida a su lado. Que la figura, cada vez más cansada y encogida, la piel cada vez más áspera y fría, le resulta una acusación insoportable. Que la compasión que antes sentía por Marcos, la culpabilidad, la pena, se ha ido transformando en resentimiento. La empatía por la desgracia ajena tiene un límite. Pasado el cual comienzas a sentir que su infortunio es un acto de maldad, cuya víctima eres tú.
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— Saviez-vous que Litvinenko s’était rendu à Marbella avant que le Kremlin ne se débarrasse de lui ?
Jon se rappelle l’affaire. C’était un espion du FSB, qui avait révélé les liens entre la mafia et le gouvernement russe. Quelqu’un avait sucré son thé au polonium radioactif et transformé ses reins en une succursale de Tchernobyl.
— Je croyais qu’il était mort à Londres.
— Il est venu ici trois mois avant. Je l’ai interrogé moi-même. À l’époque, j’étais inspectrice, comme vous. Il nous a appris beaucoup de choses, et nous en avons appris encore davantage ces quinze dernières années. Nous savons que la mafia russe n’existe pas. Qu’il s’agit d’une centaine d’organisations, dans treize pays. Avec un milliard d’alliances complexes. Les Géorgiens haïssent les Ouzbeks, mais ils les soutiennent face aux Russes de l’oblast de Tambov. La Tambovskaïa est en guerre contre la Malichevskaïa, mais seulement en Russie. Ici, les deux se tolèrent.
— Sacré bordel.



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