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Critique de ileana


Souvenirs d'enfance, des moments violents alternent avec des anecdotes. Portraits des grands-parents. le grand père fouettard et la grand-mère. Justement, la grand-mère est le pôle de stabilité de cette famille qui ne connaît jamais la sérénité.

Pages empreintes de pathétisme (sentiment que j'ai retrouvé chez un autre écrivain de l'Europe de l'Est, Panait Istrati, auteur roumain francophone du début du XXè siècle).

Au fil de pages je m'étonne de la soif de pureté du narrateur et, par contraste, de la violence au quotidien. Un témoignage poignant qui fait revivre un monde.
Gorki est né en 1868. Il a écrit Enfance en 1914.

Extraits
Anecdote
„Je fus cruellement offensé et je décidai de me venger de cette méchante femme, de cette scélérate aux cheveux roux, au double menton, si grasse qu'on n'apercevait pas ses yeux. Je cherchai longtemps le moyen de la mortifier cruellement. J'avais eu maintes fois l'occasion d'observer comment, à la suite de querelles, les locataires se vengeaient les uns des autres. Ils coupaient la queue des chats, empoisonnaient les chiens, touaient les coqs et les poules ; ils s'introduisaient la nuit dans la cave de l'ennemi et versaient du pétrole dans les cuves où l'on conservait les choux et les concombres, ouvraient les robinets des tonneaux de kvass. Mais tout cela ne me suffisait pas.” Page156

Portrait
« Grand-mère était longue à s'endormir ; elle restait étendue, les mains croisées derrière la tête et, dans un état de douce exaltation, elle racontait sans se soucier le moins du monde d'être écoutée. Elle choisissait toujours un conte qui rendait la nuit encore plus significative et plus belle. Bercé par le rythme de sa voix, je m'endormais sans m'en apercevoir et je me réveillais au chant des oiseaux. le soleil me regardait en plein visage. »Page 311

Sentiment mystique
„A cette époque-là, mes pensées sur Dieu et les sentiments qu'il m'inspirait étaient la seule nourriture de mon âme, ce qu'il y avait de plus beau dans la vie. Toutes les autres impressions ne faisaient que me blesser par leur cruauté et leur bassesse, m'inspirant du dégout et de la tristesse. Dieu était ce qu'il y avait de meilleur et de plus radieux dans le monde qui m'entourait. Je parle bien sûr du Dieu de grand-mère, l'ami bienveillant de toutes les créatures. Je me demandais comment grand-père pouvait ignorer ce Dieu si bon.” Page 166

Extrait de la quatrième de couverture
„Gorki n'est pas devenu écrivain pour être un écrivain. Ce dont il parle, c'est du peuple russe, de sa misère et de ses espoirs et de ses désespoirs.” (Louis Gouilloux).

Et une association d'idées : C'est Emmanuel Carrère qui écrit la biographie de Limonov, et ces quelques lignes me font penser à Maxime Gorki écrivain.
„[Limonov] n'était pas un auteur de fiction, il ne savait raconter que sa vie, mais sa vie était passionnante et il la racontait bien, dans un style simple, concret, sans chichis littéraires, avec l'énergie d'un Jack London russe”. (Limonov, page 16)
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