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Critique de marielabrousse1


Trash et délirant. Cette trilogie est un monument d'humour noir!

La Bête, c'est l'histoire d'un jeune homme aux sévères tendances psychopathes, séparé très jeune de sa mère et baladé toute son enfance entre diverses familles d'accueil, jusqu'à devenir un adulte complètement tordu. Son aventure commence lorsqu'il croit avoir retrouvé la trace de sa mère quelque part dans la ville de Sherbrooke et tente de reprendre contact avec elle. Évidemment, rien ne se passera comme prévu.

L'ensemble est raconté à la 1e personne du point de vue de « la Bête » et c'est sincèrement une des meilleures utilisations de ce mode de narration que j'aie pu lire. En fait, le procédé m'a rappelé Gagner la guerre, de Jean-Philippe Jaworski, dans un contexte complètement différent. le narrateur a pour particularité d'être très antipathique, mais de raconter son histoire avec une verve sans pareille et une « voix » très singularisée (ce qui, à mon sens, constitue l'essence de la narration à la 1e personne).

La différence avec Gagner la guerre, c'est qu'ici, le narrateur vit dans une réalité très distordue. À mesure qu'on avance dans l'histoire, on comprend peu à peu le décalage entre ce qu'il s'imagine vivre et ce qu'il vit réellement, dans un très bel effet d'ironie dramatique. L'auteur s'amuse d'ailleurs avec son propre procédé dans le troisième tome en le poussant un cran plus loin et en trollant son lectorat de belle manière. Bref, la maîtrise narrative et stylistique est éblouissante.

Sur les sujets abordés : l'auteur est travailleur social et cela paraît dans la sordide réalité qu'il dépeint, tandis qu'il tire à boulets rouges sur un système inadapté aux cas extrêmes et qui abandonne sans remords les gens à leur misère. On se demande, tout au long de la trilogie, si les tendances dérangeantes du narrateur auraient pu être compensées par une prise en charge adaptée ou s'il s'agit définitivement d'une cause perdue – une question très inconfortable que l'auteur aborde d'ailleurs de front lors d'un passage du troisième tome.

Une lecture définitivement pas pour tout le monde et à laquelle je mettrais tous les trigger warnings possibles (tout particulièrement sur la cruauté animale dans le premier tome). Et si vous avez des réserves à vous lancer dans ce monument de 600 pages, dites-vous que le premier tome, La Bête à sa mère, peut se suffire à lui-même. Les suites ne sont pas superflues pour autant. Personnellement, je crois que c'est le deuxième tome et sa très forte tension narrative que j'ai préféré. le troisième tome a quelque chose d'un peu plus émotionnel et touchant, notamment avec le personnage de Maple que l'on retrouvera dans le roman éponyme (j'ai bien hâte d'aller le lire maintenant!)

Point bonus : la version audio, lue par Émile Proulx-Cloutier, est époustouflante.
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