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Pour pallier tout manque si d'aventure la Covid nous faisait la mauvaise blague de nous obliger à un nouveau repli sur soi , j'approvisionne abondamment ma PAL ces derniers temps . Parmi mes dernières "prises" , un premier roman , " Rade amère " de Ronan Gouezec... Une couverture "inquiétante " , une quatrième de couverture alléchante et ...me voici parti ...en Bretagne ...C'est le soir , il pleut et tout ce que l'on peut faire , c'est se laisser tenter par un repas dans un des nombreux estaminets qui bordent le port ...Poussons la por......Le bruit , la lumière, les cris , les rires gras , vulgaires , la fumée , l'odeur âcre de transpiration , les regards simplement curieux , ou mauvais ou lubriques s'abattent sur vous , vous absorbent , vous traînent sans aucune pitié....Jour de grande marée, vous y êtes dans la tourmente , vous n'en sortirez plus avant de tourner la dernière page , c'est trop tard , ouvrir cette porte a scellé votre destin et celui de Brieuc et Caroff , deux hommes qui ne se connaissent pas , n'ont aucune raison de se rencontrer mais qui poursuivent une même chimère , se reconstruire et prendre " un nouveau départ " .Pour eux deux , l'espoir est à portée de mains mais l'océan et les " marées humaines " sont des adversaires redoutables . La quête a un prix et la note risque d'être " salée " .
Ce roman , à n'en point douter , est un roman noir , un vrai . Un de ces romans où espoir et malheur semblent liés et les noeuds de la corde sont serrés.
L'histoire , en elle - même n'est pas exceptionnelle , assez convenue et sans grand envolée. Non , pour le fond , pas d'emballement . On ne s'ennuie pas , certes , mais il manque un petit " je ne sais quoi " qui aurait pu ....Que les lecteurs sont exigeants , c'est incroyable....
L'atmosphère, par contre , est pesante en permanence , ce qui , vous le reconnaîtrez, est tout de même un élément essentiel dans " un roman noir " .L'auteur possède une " belle plume " et son style nous accroche , nous ramène sans cesse vers cette masse grondante comme l'océan , hurlante comme les hommes avec un petit éclair d'espoir , l'amitié entre Caroff et Toni ...c'est bien peu et , pour le pardon , il faudrait .....
Un bon roman pour les amateurs du genre mais....munissez - vous de l'imper , du ciré, des bottes car ça décoiffe....Avec , en plus , le masque , le flacon de gel , vous êtes parés. Bienvenue à Brest et " attachez vos ceintures " , ça va tanguer ....
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Comme d'habitude le ciel dégringole sur Brest.
Il est de ces nuits où parfois "il y pleut la mer" !
"Rade amère" est un roman de Ronan Gouézec, paru en 2018 dans la collection "Rouergue Noir".
C'est un roman policier, un roman à l'ambiance moite et poisseuse où l'on ne découvre que petit à petit les ressorts d'intrigue.
Ronan Gouézec ne distille qu'au compte-goutte, et très adroitement, les éléments de mise en place de son récit.
Ce qui ne veut pas dire qu'on s'y ennuie.
Deux histoires y sont menées en parallèle.
Caroff est un pêcheur qui a merdé, qui subit les assauts de la mer, du banquier et d'une bande de malfrats avec lesquels il a eu tort de s'accoquiner.
Brieuc, lui au contraire, a eu l'idée qu'il fallait avoir eue d'ouvrir un service de taxi à travers la grande rade.
L'heure prévue d'abordage entre les deux hommes et leurs embarcations a été calculée pile au vingtième chapitre de manière à embrayer sur un épilogue implacable et inaccoutumé.
Ronan Gouézec a écrit là un véritable Western maritime, un roman dur et nerveux, un récit cependant que les faiblesses des personnages viennent remplir d'humanité.
Les liens qui se tissent n'ont de prime abord aucune évidence mais finalement viennent étoffer un récit riche en rebondissements.
"Rade amère" un roman policier, l'élément maritime n'y étant introduit qu'en guise de décor.
A aucun moment la vie des pêcheurs n'y est décrite, ni envisagée.
Une seule chose est sûre, c'est qu'il est difficile de tenir debout sur un pont secoué par la mer, et lessivé par pas ses vagues !
Le style d'écriture de Ronan Gouézec est très particulier.
Il sent la pluie qui alourdit le caban, il est plein de remugles de sueur et de bière, plein de bruits de luttes et de murmures d'espérances.
On est loin de la carte postale, ce récit est une plongée dans la Bretagne des barbares !
Tout changement de décor mis à part, ce livre m'a fait penser à "la Horse" de Michel Lambesc, et avec un peu moins de raisons à "Canicule" de Jean Vautrin.
Il est à signaler que "Rade amère" n'a rien à voir avec ces livres policiers locaux dont les titres à tiroirs ont envahi quelques étagères de libraires, des rayons entiers de l'épicerie dite culturelle, les boîtes à livres de nos quartiers et quelques-unes des caisses des brocanteurs les moins bibliophiles.
Ce roman policier a du sang dans les veines, une véritable nervosité et un rythme heurté.
En un autre temps, cela lui aurait sans nul doute ouvert les portes de quelque belle et noire collections, sans code barre bien entendu ... Une belle réussite pour un premier roman !
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Rade amère, c'est le titre de ce premier roman de Ronan Gouézec, publié aux Éditions du Rouergue et que j'ai lu dans le cadre de la sélection du prix Cezam 2019.
Rade amère est un roman noir, un roman d'atmosphère, battu par les vents du large et les pluies cinglantes qui viennent parfois gifler les visages d'ici.
Je vous parle d'ici car c'est près de ce paysage que je vis, au bord de cette rade immense, la rade de Brest, à la fois ouverte et fermée, ouverte vers l'océan plus large que le ciel et l'horizon, elle est en même temps fermée, refermée dans un réceptacle où les vagues basculent et se bousculent dans une étreinte insoluble.
Rade amère, c'est le lieu où se déroule ce roman sombre et profondément humain. Dans ce roman, la mer est un personnage à part entière.
C'est ici que j'habite depuis 1994, ce paysage est mon quotidien et je vous invite à monter à bord de ce très beau roman avec une immense subjectivité totalement assumée.
Je n'ai pas le pied marin, c'est ici aussi que j'ai failli me noyer il y a 25 ans en tombant à l'eau depuis un petit catamaran avec une mer de force 6. Je n'ai eu la vie sauve que grâce à un véliplanchiste qui passait par là par hasard... Mais je continue d'aimer à toutes forces cet océan, que je tiens désormais à distance, en préférant les chemins côtiers qui le bordent de part en part.
Aujourd'hui, comme dans les pages de ce roman, c'est le ciel lourd et humide de l'hiver qui est au rendez-vous, c'est un fragment de Bretagne maritime qui vient dans la bourrasque et les embruns des mots que je vous écrits.
Nous entrons de plein pied dans l'itinéraire chaotique de deux hommes qui ne se connaissent pas et qui ont cependant un point commun, cet océan, le goulet, cette rade immense qui va depuis le port de Camaret jusqu'à Brest, en passant par la pointe des Espagnols.
C'est un homme à la dérive qui nous accueille. Il s'appelle Caroff, « un nom qui sonne comme un aboiement ou un raclement de gorge ». C'est un pêcheur, désormais rejeté par les siens. Par imprudence, il a pris un jour la mer alors qu'il ne le fallait pas, la mer était démontée, tout le monde lui disait de ne pas y aller, il n'a écouté personne et cela a couté la vie d'un matelot de seize ans qui était à bord. Depuis il traîne sur les quais, rejetés par les siens, pour autant aimé par sa femme Marie et sa fille Gaëlle, les aimant plus que tout, ces êtres étant toute sa vie. Il est à la dérive et veut refaire surface.
Tout près de là, allant d'une rive à l'autre, un autre homme tente aussi à sa manière de se reconstruire. C'est Brieuc, il est en train de mettre en place une activité de taxi maritime entre Camaret et Brest.
Caroff reprend goût au ciel qui vient comme un rebond, à la faveur d'une étrange affaire dans laquelle il se laisse embarquer. Mais a-t-il encore le choix ?
Brieuc, lui, tend les bras vers une femme pour l'aider à embarquer dans une vie qui se reconstruit sur la crête des vagues. Elle s'appelle Babeth. Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous et c'est le premier rendez-vous merveilleux et improbable qu'offre ce roman.
Caroff lui aussi tente de se reconstruire, renouant avec ce bateau qui porte la poisse. Dans cette affaire sordide, on l'affuble de deux « gamins » issus des quartiers périphériques de Brest et qui paraissent totalement atypiques au monde marin. L'un s'appelle Toni alias 180 et l'autre Yann. Drôle d'équipage pour aller pêcher au large d'étranges colis qui n'ont rien à voir avec le genre halieutique.
Mais Caroff a un coeur immense, comme la rade qui est là sous ses yeux, prêt à l'emporter au plus près des tangages et des rêves éperdus.
Le fait-il pour lui ? Pour elles, c'est-à-dire ses vies, Marie, Gaëlle ?
Il est vrai qu'il aimerait tant que Marie continue à le regarder comme un homme nouveau.
Et puis, leur fille Gaëlle, c'est comme un petit miracle qui les maintient tous les deux à flot.
Dans le même temps, Brieuc et Babeth accompagnent un vieil homme et sa femme jusqu'au bord de leur vie ultime. C'est beau.
Ces deux hommes, Caroff et Brieuc, peu à peu reprennent, chacun à leur manière, leur vie en main.
Le savent-ils déjà, qu'ils vont bientôt entrer dans une zone dangereuse et violente ? Comment ressent-on que le destin construit un chemin en nous, quelque chose qui nous entraîne dans la douleur des flots ?
Au large, c'est le rail d'Ouessant, "là où les cargos se suivent et se croisent comme des camions sur une autoroute".
On peut naviguer sans arrêt dans cette rade immense et amère. "C'est le même endroit, la même zone de navigation et pourtant rien n'est jamais pareil". La lumière du ciel n'est jamais la même.
Caroff devient comme un père pour Toni, il se métamorphose.
Il y a comme une fraternité qui se dégage des personnages. Une immense fraternité.
Cette rade de Brest, c'est comme le réceptacle de leurs dernières illusions.
Il y a comme une impatience à embarquer, à aller au bout de l'horizon, à peut-être chavirer dans l'envers du décor sans savoir si c'est le vide ou le ciel qui nous attend de l'autre côté des vagues.
Ecrire que l'océan est ici un personnage à part entière, c'est peut-être faire injure aux autres personnages de ce roman.
Disons qu'il en le révélateur, il les met en relief, en action comme une forme de tragédie presque à huis clos.
Le huis clos, c'est cette rade de Brest et son goulet, qui en déterminent le contour géographique.
Mais si l'océan prend autant de place dans le récit, c'est peut-être aussi au détriment de l'intrigue qui en souffre un peu. Après tout ce n'est pas bien grave, tant les personnages sont ciselés avec justesse et sensibilité.
J'ai aimé ce roman, j'ai hâte de rencontrer son auteur dans le cadre du prix Cezam 2019 pour le lui dire, il est invité par la bibliothèque de Plougastel-Daoulas le 29 mars prochain.
Au final, n'est-ce pas toujours la mer qui a le dernier mot ? La mer, et ses plis sinueux, ses méandres, sa douleur et ses chimères.
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« Qui voit Sein voit sa fin ».

Brieuc et Caroff sont dans une mauvaise passe. Ces deux Finistériens voient dans la mer une planche de salut. Brieuc sort d'une rupture difficile et a cédé sa librairie pour créer une activité de bateau-taxi. Caroff est miné par la pire des infamies pour un marin-pêcheur : il a perdu un homme d'équipage en mer. Privé de son chalutier, il vivote avec sa femme et sa fille jusqu'au jour où un inconnu lui propose de participer à un trafic lucratif. Mais confier son destin à la mer n'est pas sans danger. Elle peut se déchaîner sans délai et écraser les existences comme de modestes rafiots.

La rade, c'est celle de Brest et on se plait dans ce roman à passer le goulet pour naviguer en mer d'Iroise, au large de l'île de Sein. Ronan Gouézec décrit le port et son environnement et les conditions de vie pénibles des travailleurs de la mer.

L'auteur réussit à créer des atmosphères particulières, et cela commence dès les premières lignes, sous une pluie furieuse, dans un rade du port dont on devine l'humidité, l'exiguïté, le brouhaha. On ressent une tension qui porte en elle les germes de l'histoire à venir.

J'ai trouvé que les émotions des personnages étaient rendues avec beaucoup de justesse. Certaines scènes sont cocasses, je pense notamment à l'improbable rencontre entre un marin-pêcheur et deux « cailleras ». L'auteur sait également s'amuser des clichés sur la Bretagne. D'autres scènes sont poignantes ; les deux protagonistes feront des rencontres qui les guideront vers la voie d'une renaissance précaire.

Un « roman de mer », un roman amer, parfaitement maitrisé, dans lequel je vous invite à embarquer.
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La quatrième de couverture laisse imaginer un roman policier sur fond maritime. On est plutôt dans le drame humain. Un drame bien noir, sur fond de vagues de la mer d'Iroise, aux reflets bleus-gris.

Caroff est un patron pécheur brestois pour qui les choses ont mal tourné. Accident en mer – de sa responsabilité disent ses collègues, qui le fuient désormais. Caroff n'a plus de bateau, plus d'avenir, que des dettes. Alors quand un gars du Sud vient lui proposer une combine pour le renflouer, il pense à sa femme, à sa fille … et à une nouvelle vie ailleurs.
Jos Brieux commence, lui, une nouvelle activité de bateau-taxi dans la rade de Brest. Un boulot pour effacer le départ de l'être aimé. le premier client de Jos est un petit couple de retraités de Camaret, dont le mari René se rend régulièrement au CHU de Brest suivre une chimiothérapie. Rapidement le courant passe avec le malade. Jos enchaîne les sorties en mer et les rencontres.
Ces deux destins tourmentés vont se croiser quelque part entre le goulet de la rade et le grand large.

Ronan Gouézec déroule son histoire d'une belle plume. Évidemment la pluie est là, les embruns aussi ; les machines des navires sont huilées, les bars remplis de fortes personnalités pas toujours commodes. Il y a même de quasi passagers clandestins : deux gamins pas sortis de l'enfance, ratés scolaires, trimbalant chaînes et breloques sur leur haut de survêt, ignorant tout des choses de la mer, même si celle-ci est à quelques centaines de mètres de leur cité.
Le résultat final n'est toutefois pas totalement concluant. A soigner la forme du récit, Gouézec oublie un peu d'avancer l'intrigue. Laquelle d'ailleurs se résume à fort peu de choses, et part parfois dans le caricatural.
Ce sont les quelques moments d'amitié entre Jos et René, l'ancien, qui touchent le plus le lecteur. Quelques moments de grâce lors d'une ballade à l'île de Sein; quelques moments de vie arrachés à la maladie.
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Ah, comme j'aime les romans noirs bien noirs, battus par les vents violents de l'océan et une bonne pluie glaçante qui vous saisit les os ! Pas beaucoup d'éclaircies dans ce récit bien sombre qui met en scène Jos Brieuc (oui, ça se passe en Bretagne!), un ancien libraire divorcé qui s'est lancé dans une entreprise de taxi maritime. Un bon gars qui ne va pas très bien depuis que sa femme l'a quitté et qui aimerait bien se sortir de sa solitude et de sa vie de galère… Il a réinvesti tout son argent dans l'achat d'un bateau et il compte transporter les gens autour de la rade de Brest, vers Camaret ou la pointe du Conquet. Une remise à flot qui semble plutôt partir du bon pied. J'ai dit « qui semble »…
Et puis, il y a Caroff, un ancien pêcheur qui, il y a de ça quelques années, a voulu à tout prix sortir en mer alors que le temps était menaçant. le jeune matelot de seize ans qui l'accompagnait est mort et depuis, tout le monde lui en veut de sa folle imprudence. Il vit dans un pauvre mobil-home posé sur un terrain vague avec sa femme et sa fille, ses seuls bonheurs de l'existence. Sans boulot, sans bateau, ça sent le fiasco et l'avenir lui paraît bien compromis, alors quand on lui propose de tremper dans une magouille qui rapporte - des colis à récupérer en mer -, il a beau vouloir refuser, il se dit que c'est peut-être l'unique chance qui lui permettra de partir avec sa femme et sa fille en Irlande et de couper avec cette vie pourrie dont il ne veut plus.
Deux hommes, deux destins qui n'auraient jamais dû se rencontrer...
Ce que j'ai trouvé vraiment très réussi dans ce roman, c'est la description des lieux, l'atmosphère  : on sent que l'auteur connaît la Bretagne et sait de quoi il parle. La pluie, les nuages sont omniprésents (seuls ceux qui ne sont pas du coin semblent d'ailleurs en souffrir - « en Bretagne, il pleut que sur les cons » aiment rappeler mes collègues bretons), le vent du large ne décoiffe pas que les Bigoudens, son souffle hurle la nuit, se faufile dans les moindres recoins. Tout craque, tout vibre, croule sous les rafales. Une bourrasque en appelle une autre. Il n'y a jamais aucun répit, à peine une accalmie. C'est bien sombre, bien pesant et, en même temps, magnifique, comme une peinture dans les tons gris et noir. Les contrastes de lumière sont saisissants, quasi cinématographiques. Et l'on entend l'océan gronder dans le lointain… Tous les sens sont en alerte...
Une vraie plongée dans l'atmosphère bretonne donc, l'hiver bien sûr, parce que l'été...
J'ai beaucoup aimé aussi, malgré toute la noirceur de ce texte, l'humour : je vous en donne un exemple. le gars chargé de transmettre les infos du boss auprès de Caroff est un homme du Sud, alors la Bretagne n'est pas vraiment son truc et c'est en ces termes qu'il en cause : « Des marées noires, des oiseaux crevés, des tempêtes… Il avait du mal à croire vraiment que des gens veuillent aller passer des vacances là-bas… Ou alors, il fallait être anglais ou belge... allemand à la rigueur... » ou bien « Bon, la Bretagne donc… Des plages désertes forcément, tellement il gèle, des crabes et des cirés jaunes un peu partout, des bonnets, des crêpes, des coiffes, misère… Il paraît qu'ils sont saouls toute la sainte journée... » Ça me fait rire parce que c'est exactement la façon dont les gens du Sud voient la Bretagne… Autre exemple, dans un autre domaine, assez marrant : notre Caroff se voit imposer deux loubards d'une cité brestoise qui n'ont pas franchement le pied marin, espèces de clichés ambulants, survêt' et chaînes dorées au cou, dont la description est à mourir de rire. Alors, il faut en profiter parce que pour le reste, encore une fois, l'atmosphère est comme le ciel : bien plombée. On met les pieds dans quelque chose qui ressemble à une tragédie. Ah, le destin des hommes parfois...
Dernier point pour finir de vous convaincre, l'écriture est magnifique (et ce n'est pas toujours le cas dans les romans policiers...). Espérons que l'auteur, dont c'est le premier roman, sera de nouveau inspiré par ses « vagabondages côtiers » comme le dit la 4e de couv' parce que des comme ça, on en redemande !
Une très belle réussite donc !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Brieuc, Caroff, la rade de Brest et le Sud qui s'invite sur cette pointe bretonne sous de funestes auspices.

Un hiver breton dégoulinant d'humidité. Petite parenthèse bretonne : pour faire mentir tous les clichés ce n'est pas systématique !

Joss Brieuc vient de pénétrer dans l'univers bruyant et surchauffé d'un bar-restaurant brestois. Dehors, des bourrasques de vent charrient des pluies collantes gorgées d'iode et de sel. Il rumine sa solitude et s'apprête à entamer le lendemain une reconversion professionnelle en s'installant comme bateau-taxi autour de la rade.
Caroff a tragiquement perdu en mer son tout jeune matelot. Rejeté violemment par son entourage, il se terre dans un misérable mobil-home. Pour offrir à sa femme et sa petite puce un plus bel avenir, il fait le choix hasardeux de tremper dans un dangereux trafic proposé par une crapule du Sud.

L'auteur déroule ce roman noir en nous guidant tout au long d'une succession de scènes très imagées. Scènes de bar, de navigation, de zone portuaire ou de port de plaisance, d'amitié ou de vie de famille écorchée, de déchaînements météorologiques, de balade venteuse sur l'île de Sein, de violence…
Il exploite à merveille les préjugés de certaines personnes du Sud vis-à-vis de la Bretagne avec des clichés criants de vérité.
L'écriture est surprenante. Jurons, langage familier contemporain et phrases descriptives travaillées et poétiques se côtoient en un mélange détonant et vivant qui finalement colle parfaitement aux différentes ambiances rencontrées.

C'est un premier roman prometteur qui, bien au-delà de l'intrigue qui est prévisible, m'a surtout plu dans la perception des différentes atmosphères. Entre les masses d'eau de la mer d'Iroise et celles déversées par un ciel aux différentes variations de gris, le chaos tempétueux s'installe dans cette rade amère.
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Oh quelle noirceur......
J'en aurai mis du temps à entrer dans ce récit. Tout d'abord les histoires parallèles pas très joyeuses, des différents personnages ne me "parlaient" pas vraiment : toute une série de bonhommes plus ou moins cassés par la vie, qui font ce qu'ils peuvent pour continuer à avancer. Puis finalement j'ai compris leur point comment... enfin ils se sont retrouvés... et là, c'est encore pire qu'au début, ce n'était pas joyeux, c'était carrément glauque, sombre, sans espoir....
J'étais contente d'arriver au bout ; Il m'en aura fallut du temps pour finir cette lecture. Je vais pouvoir passer au suivant.
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Comment rebondir pour envisager un avenir lorsque la vie vous accable et que l'horizon fait le gros dos comme une mer déchainée ? Qu'est-ce-qui fait que vous défiez l'adversité ? Comment un homme puisse imaginer se sortir de son enfer en entrant dans un autre ?
C'est pourtant ce que Caroff, héros de cette histoire, va penser ! Pour se remettre de la mort accidentelle de son matelot qui l'a mis au ban de la petite société de pêcheurs et de son univers, il accepte de faire le passeur, sorte de go-fast maritime, et espère ainsi avoir les moyens de tourner la page pour envisager une autre vie avec sa femme, dont il forme un couple fusionnel, et leur petite fille, le soleil de leur union.
Du coup, racontez ainsi, l'histoire apparaît biscornue et irréelle ! Mais, c'est sans compter sans le talent de l'auteur qui signe ici son premier roman. Ronan Gouézec réussit à endormir tous nos signaux, à justifier l'injustifiable et à nous faire trembler pour ce héros si entier.
En suivant Caroff, on suit aussi un autre homme, Brienc, qui essaye lui aussi de tourner la page de l'adversité mais, lui, en toute légalité. Est-ce que ces chemins identiques feront la différence. Je vous laisse le découvrir !
Ronan Gouézec nous entraîne au milieu de cette mini-société d'hommes de mer confrontés à la rudesse du travail, où la parole est accessoire et où le courage est omniprésent. Ici, peu de dialogue mais des descriptions superbes qui immergent le lecteur dans cet univers particulier au coeur de cette nature omniprésente. le film de cette histoire s'écrit avec des mots mais se déroule avec des images! Tenu en haleine jusqu'à la fin, Rade amère porte bien son nom !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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'ai eu beaucoup de difficultés à entrer dans l'histoire et ai même dû relire plusieurs fois les premières pages. Je n'explique pas trop pourquoi peut-être l'ambiance morose du départ et surtout peu de dialogues, beaucoup (trop) de descriptions. Puis petit-à-petit me voilà transportée en Bretagne bien que j'ai trouvée cette Bretagne triste à l'image des deux personnages principaux. Brieuc et Caroff sont à un tournant de leur vie, le premier ancien libraire vient de lancer son activité de taxi maritime. Cela va l'aider à se remettre de son divorce, surtout grâce aux rencontres qu'il va faire, entre autres celle de Babeth, écorchée aussi par la vie sans que nous sachions pourquoi. Leur rencontre est une bouffée d'air frais pour eux comme pour nous dans notre lecture. Caroff lui prend un chemin plus tortueux pour essayer de remonter la pente, homme plein de colère, c'est avant tout un père et un mari. Malheureusement un ensemble de mauvaises décisions va le mener à sa perte emmenant avec lui tout sur son passage.

Et pour les lier, la mer, la rade qui les fait vivre et espérer. Mais pour ces deux-là l'eau ne sera pas d'huile, les mauvaises décisions comme une tempête vont tout balayer dans leur vie. Beaucoup de tension dans cette lecture, de violence latente avec un final déroutant où nous assistons à un déchainement de fureur. L'auteur nous dépeint des personnages touchants malgré leurs failles auxquels je me suis attachée ce qui me laisse un sentiment amère à la fin de ma lecture.

Un roman noir avec peu d'espoir dont la fin m'a déçu, trop de violence à mon goût. Dans ce décor amère la plume soignée de l'auteur détonne un peu mais beaucoup de justesse dans l'ensemble de ses personnages qu'on prend plaisir à voir évoluer.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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