Un vœu simple. Amical. Donner à boire et à rire aux gens de la Lune qui voulaient un endroit chaud pour se retrouver, épaule contre épaule, par le verbe embarqués, le coeur au bord des lévres et l'âme illuminée d'un beau soleil jaune d'or. S'attendrir. Se serrer. Pocher dans l'écume de bar l'étrange réunion improbable de voyous candides, dans l'étirement lent des vapeurs d'alcool et la musique. Plus que tous les autres, les Guaqueros, qui faisaient un travail terriblement pénible et dangereux en avaient besoin.
Boire un coup avec Bob, TinTao, Rico [... ] et les autres, qui naviguent sur ce morceau de Lune en riant, en parlant, en chantant, le coeur paré des plus incroyables joyaux.
La Terre flottait, écrasante et légère boule bleue, dans le noir du ciel. Pleine, en cette période de nouvelle terre, elle resplendissait entre les tours de verre des extracteurs d'eau. Du nouveau café La Pleine Lune, et sans bouger, on pouvait voir l'Australie se dégager d'une gangue de nuages et en même temps qu'un cyclone se décalait vers la Nouvelle-Calédonie, poussant devant lui des éclairs qui zèbraient la haute atmosphère..D'un clin d'oeil on pouvait voir les lumières de Stockholm clignoter, les toits en tôle des favelas de Rio renvoyer les rayons du soleil tropical en millions d'éclats...Une larme retenue fit trembler les paupières des clients recueillis. La Terre, superbe, si fragile et pure merveille ! Elle l'était d'autant plus, superbe et merveilleuse, qu'on pouvait dorénavant la contempler depuis le comptoir d'un café sur la Lune et un verre à la main !
La pluie. Son odeur sur la terre. La brume sur les rivières. La neige et puis le vent. Le soleil sur Paris. Le brouillard sur Dublin. Le vent chaud de Tanger. La pluie sur Jakarta. Il arrivait parfois que l'air sur la Lune sentît comme sur Terre, quand, après la taille des arbres fruitiers, milliers d'hectares de Regalas Gold et Minolias Styron demi-tige, on en broyait les branches chues pour les faire disparaître...