AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'Odeur des jacynthes (18)

Les cœurs dorment dans des coffrets
Que ferment de belles serrures ;
Sous les émaux et les dorures
La poussière des vieux secrets
Et des lointaines impostures
Se mêle aux frêles moisissures
Des plus récentes aventures :
Chère, ôtez vos doigts indiscrets,
Les cœurs dorment.

Vos doigts ravivent des blessures
Et vos regards sont des injures,
Laissez-les reposer en paix.
Comme des rois dans leurs palais
Ou des morts dans leurs sépultures,
Les cœurs dorment.
Commenter  J’apprécie          150
Simone, je veux bien. Les bruits du soir
Sont doux comme un cantique chanté par des enfants.
L'église obscure ressemble à un vieux manoir ;
Les roses ont une odeur grave d'amour et d'encens.

Je veux bien, nous irons lentement et bien sages,
Salués par les gens qui reviennent des foins ;
J'ouvrirai la barrière d'avance à ton passage,
Et le chien nous suivra longtemps d'un œil chagrin.

Pendant que tu prieras, je songerai aux hommes
Qui ont bâti ces murailles, le clocher, la tour,
La lourde nef pareille à une bête de somme
Chargée du poids de nos péchés de tous les jours ;

Aux hommes qui ont taillé les pierres du portail
Et qui ont mis sous le porche un grand bénitier ;
Aux hommes qui ont peint des rois sur le vitrail
Et un petit enfant qui dort chez un fermier.

Je songerai aux hommes qui ont forgé la croix,
Le coq, les gonds et les ferrures de la porte ;
A ceux qui ont sculpté la belle sainte en bois
Qui est représentée les mains jointes et morte.

Je songerai à ceux qui ont fondu le bronze
Des cloches où l'on jetait un petit agneau d'or,
A ceux qui ont creusé, en l'an mil deux cent onze,
Le caveau où repose saint Roch, comme un trésor ;

A ceux qui ont tissé la tunique de lin
Pendue sous un rideau à gauche de l'autel ;
A ceux qui ont chanté au livre du lutrin ;
A ceux qui ont doré les fermoirs du missel.

Je songerai aux mains qui ont touché l'hostie,
Aux mains qui ont béni et qui ont baptisé ;
Je songerai aux bagues, aux cierges, aux agonies ;
Je songerai aux yeux des femmes qui ont pleuré.

Je songerai aussi aux morts du cimetière,
A ceux qui ne sont plus que de l'herbe et des fleurs,
A ceux dont les noms se lisent encore sur les pierres,
A la croix qui les garde jusqu'à la dernière heure.

Quand nous reviendrons, Simone, il sera nuit close ;
Nous aurons l'air de fantômes sous les sapins,
Nous penserons à Dieu, à nous, à bien des choses,
Au chien qui nous attend, aux roses du jardin.
Commenter  J’apprécie          110
Heure, ami, crépuscule, et le plaisir des mules
Et les pleurs de la roue et l'ange qui s'envole :
Ferme tes poings, dors-toi dans l'astre de ton rêve :
L'escadre des méduses tombe et crève sur les grèves.
Commenter  J’apprécie          100
Elle est venue un soir d’hiver,
Un soir de brume et d’amertume.
Je rêvais aux rêves d’hier
Qui m’ont laissé seul dans la brume.

J’étais tout seul avec la vie
À qui je parlais du passé.
La triste, l’inclémente amie
Me répondait d’un ton lassé :

« Laisse les rêves d’autrefois
Dormir aux plis de leur suaire.
Ne réveille pas leurs émois,
Pense à des choses moins amères. »

Mais moi, je rappelais mon rêve
Ou bien je reprenais le livre
Que je lisais alors sans trêve,
Que je lisais comme on s’enivre ;

Les heures s’en allaient très lentes,
C’était un soir d’ennui amer.
Un soir de mortes et d’absentes,
Je rêvais aux rêves d’hier.

Elle est venue un soir d’hiver.
Ses yeux déchirèrent la nue
Elle est venue, c’était hier.
Elle est venue.
Commenter  J’apprécie          80
L’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens,
l’orgue avait des plaintes
à troubler les saintes,
l’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens.


L’église ancienne s’endormait dans un mystère,
Crypte où d’obscurs martyrs reposent en poussière,
Salle de manoir féodal :
Nous étions là, dans l’ombre, assis tous deux, les plinthes
d’un pilier nous cachaient ; vous aviez des jacynthes,
fleur au parfum impérial.


L’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens,
l’orgue avait des plaintes
à troubler les saintes,
l’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens.



Un peu de ta main brûlait dans ma main,
par nos doigts ardents le fluide humain
passait en nos chairs, noyait nos pensées,
et, cœurs galopants, gorges oppressées,
nos désirs prenaient le même chemin.


Ils allaient, dépassant la voûte,
vers la rive où jamais le doute
en sa frêle nef n’aborda,
mais, ô lamentable déroute !
ils se sont querellés en route
et la raison les rencontra.


L’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens,
l’orgue avait des plaintes
à troubler les saintes,
l’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens.


Et je songeais : Comment tenir à la tempête
Sans ce bras pour gouvernail, et sans cette tête
pour étoile, comment tenir à la tempête
sans elle ?
Et je songeais encore : Quel serait mon soleil
sans la caresse, et la splendeur, et le vermeil
éclat de ses cheveux, quel serait mon soleil
sans elle ?
Il ferait nuit sans la clarté de ses yeux bleus ;
la pourpre des matins pâlirait dans mes cieux,
plus de midis, sans la clarté de ses yeux bleus,
sans elle.


Avec elle, la vie est un puissant parfum
dont l’émanation berce et ranime l’un
et l’autre de mes jours : quel serait leur parfum,
sans elle ?


Pour elle, il n’est ni mal, ni souffrance, ni deuil
qu’on ne porte avec joie, ayant passé le seuil
de sa maison : il n’est que souffrance et que deuil,
Sans elle.


Par elle, je veux vivre, et par elle mourir :
ma force est le baiser qui me fait défaillir
et me marque au fer chaud, car il faudrait mourir,
sans elle.
En elle, j’ai mis tout, jusqu’à mon infini :
l’univers est à moi, quand sa bouche a souri,
et Dieu n’est qu’un fantôme, il n’est pas d’infini,
sans elle.


L’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens,
l’orgue avait des plaintes
à troubler les saintes,
l’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens.


Un peu de ta main brûlait dans ma main,
par nos doigts ardents le fluide humain
passait en nos chairs, noyait nos pensées
et cœurs galopants, gorges oppressées,
nos désirs prenaient le même chemin.
Ainsi, chère, ta vie a passé dans la mienne,
Plus rien ne demeure en moi qui ne t’appartienne :
Je voudrais le graver en toi, qu’il t’en souvienne,
Ainsi, chère, ma vie a passé dans la tienne.


L’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens,
l’orgue avait des plaintes
à troubler les saintes,
l’odeur des jacynthes
vibrait dans l’encens.
Commenter  J’apprécie          80
Sur le bras, il posa d'abord ses lèvres chaudes,
Au poignet où la vie passe et bat plus sensible,
Où la peau est très blanche et les veines très bleues;
Sur le bras, il posa d'abord ses lèvres chaudes.

Sur la tempe où plus blonds s'ébrouent les cheveux fins
A deux bras enlaçant le cou d'un cercle étroit,
Il posa, il laissa longtemps ses lèvres chaudes
Sur la tempe où plus blonds s'ébrouent les cheveux fins.

Pour les yeux, les grands yeux dont il sait le pouvoir,
Diamants bleus ayant les paupières pour écrin
Il trouva des caresses plus douces, peut-être afin
De capter les grands yeux dont il sait le pouvoir.
Commenter  J’apprécie          70
Tu auras l'odeur des pommes
Sur ta robe et sur tes mains,
Et tes cheveux seront pleins
Du parfum doux de l'automne.
Les pommiers sont pleins de pommes,
Allons au verger, Simone,
Allons au verger.
Commenter  J’apprécie          61
Les yeux butinent les âmes en butinant les yeux, car c'est par là que les âmes se penchent à la fenêtre et attirent les yeux et les engluent dans le miel de l'amour.
Commenter  J’apprécie          40
Les lys aux faces tristes regardent dans la nuit ;
Ils voient lorsque les mains se rapprochent tremblantes
D'avoir osé s'unir un instant dans la nuit,
Et leur sourire a des ironies complaisantes,

Car ils savent ce qu'ignorent les hommes et les femmes
Et ils pourraient prédire aux âmes leurs destins
Et enseigner aux hommes à lire le cœur des femmes :
Songez aux grands lys pâles indulgents et divins.
Commenter  J’apprécie          40
Dans la terre torride une plante exotique,
Penchante, résignée : éclos hors de saison,
Deux boutons fléchissaient, l'air grave et mystique ;
La sève n'était plus pour elle qu'un poison.


Et je sentais pourtant de la fleur accablée
S'évaporer l'effluve acre d'un parfum lourd,
Mes artères battaient, ma poitrine troublée
Haletait, mon regard se voilait, j'étais sourd.
Commenter  J’apprécie          40




    Acheter ce livre sur
    Fnac
    Amazon
    Decitre
    Cultura
    Rakuten


    Lecteurs (13) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1220 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}