La distance n’efface pas les douleurs du cœur, c’est une erreur de le croire.
Ce sursis, ces quelques moments de bonheur inestimables, c’est à elle que je les dois et à personne d’autre.
Mon visage pivote vers le sien, inquiet. Et mes iris se fondent immanquablement dans les siens. Je reste stupéfié par la tendresse qu'ils dégagent. Par cette force qu'ils m'imposent. Ils brillent tellement que pendant un instant j'en oublie où je suis.
Quelque chose se déroule au milieu du silence. Une sorte détincelle. De bouleversement aussi puissant qu'un raz-de-marée que je n'ai pas vu venir.
« Mais elle m'a appris une chose précieuse durant ces dernières semaines, c'est qu'il faut se faire des souvenirs à notre image, avant la fin. Avant que la trame de notre vie se rompe et que nous ne puissions plus les rattraper. »
« Ce soir, je suis prêt à lui céder mon âme pour que cette étincelle perdure dans ses iris. »
« Avec lui, je me sens petite. Je me sens grande. Je me sens une autre tout en me retrouvant moi-même. Mon âme virevolte dans l'extase et mon esprit le reconnaît, lui, comme un abîme, un roc, ce territoire inconnu dont j'ai appris tous les secrets. »
T’es sérieuse ? m’agacé-je en la dévisageant.
Déjà ce mec, comme tu dis, est la couille gauche de mon frère. Il sait pertinemment qu’Anton n’acceptera jamais une relation pareille, tu vois. Et il ne risquera jamais quoi que ce soit pour briser leur amitié légendaire.
Parce que je me rends compte, installée au creux de ses bras, que je pourrais prier une éternité entière ou vendre mon âme au diable uniquement pour rester comme ça. Toute une vie.
Sans le savoir, elle représente l’espoir. La vie qui continue. Une vallée sacrée que certes je ne peux pas fouler, mais qui m’assure un filet de sécurité.