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Critique de bibliovegevore


On suit dans ce roman un homme qui a réellement existé : le peintre George Catlin. Visionnaire, celui-ci pressent, des décennies avant la (quasi) extinction des indiens, leur fin malheureuse. En multipliant les portraits et les peintures représentant la vie quotidienne de diverses tribus, puis en récoltant des objets divers afin de monter un musée, il est un témoin incroyable d'une époque et d'un environnement révolus. Au delà de cet objectif, on se rend compte à quel point il aime ces peuples, cette culture et cette vie.

Patrick Grainville nous présente une tribu sioux et des personnages hauts en couleur, qui prennent vie devant nous. Ce ne sont pas « juste » des indiens, se sont des individus à part entière, avec une personnalité propre, un sens de l'humour, des défauts et des failles. Tous sont intéressants mais j'ai vraiment adoré les deux personnages les plus excentriques du récit.

Tout d'abord Oiseau-deux-couleurs, l »homme-femme », un travesti qui est aussi le chamane de la tribu. Comme on s'en doute un peu, les travestis « étaient l'objet d'un certain dédain de la part des guerriers. Une société entièrement fondée sur une surenchère de prouesses viriles, sur des vertus de bravoure guerrière, avait peine à comprendre le choix de vie de travestis mais cela n'allait pas jusqu'au bannissement. » (page 24). Mais « chez les sioux, la situation du berdache était plus nuancée, la défiance s'alliait à de la crainte, voire à du respect, quand l' »homme-femme », le Winkte…était wakan, donc sacré ». Ce personnage nous permet de nous rendre compte à quel point les indiens avaient des moeurs libérées et étaient très tolérants face à la sexualité : polygamie, maitresses ou amants, homosexualité, transexualisme… C'était un élément de la culture indienne que je ne soupçonnait pas!

J'ai adoré le personnage de Louve qui est le plus intéressant, le plus complexe du récit. C'est devenu l'un de mes personnages féminins préférés. Voilà un bref passage sur Louve (que j'ai amputé du début pour éviter une révélation trop importante sur le personnage) :

« …Ainsi, murmura Oiseau, d'une voix secrète que Catlin prit très au sérieux, Louve s'était vouée à l'enchantement et à la malédiction. Elle ne garderait pas son mari, manifesterait une indépendance impossible chez les Indiens, un goût pour les voluptés rares, la prédation hardie et les prouesses masculines, un penchant pour la dissonance, la rupture, une attitude rebelle, une attirance pour le vagabondage et le chaos. »

J'ai également apprécié le côté « nature writing » de la description de l'ambiance et des paysages dans lesquels Catlin et les indiens baignent.. Pour finir, je ne peux m'empêcher d'avoir une petite pensée pour la femme et les enfants de Catlin, qui n'ont pas du voir souvent leur mari et père…

En conclusion : L'auteur nous offre avec ce roman un double portrait : celui d'un peuple passionnant aujourd'hui quasiment disparu, et celui d'un peintre peu connu du grand public mais qui compta parmi ses fans George Sand et Charles Baudelaire. Cette lecture s'est révélée un dépaysement sympa pour l'été, tout en étant instructive.
Lien : https://unoceandelecture.wor..
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