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Critique de ODP31


ODP31
11 novembre 2022
Des morts-vivants en chapka !
Comme je n'ai pas appris le russe, je m'étais dit que les Z peinturlurés sur les blindés signifiaient « Zébu trop de vodka » mais apparemment zé pas za.
Quand je pense zombie, je vois des cadavres débraillés avec des gueules de lendemain de cuite qui carburent au carpaccio, effets secondaires d'un nouveau virus chinois ou extra-terrestre.
Et bien, ici, il faut oublier le pop-corn et la jolie fille blottie contre soi sur le fauteuil à côté, qu'il faut pelot… pardon rassurer pendant le film en lui susurrant que ce n'est que du cinéma. Pas une petite toile romantique mais un pamphlet percutant contre le pouvoir russe et sa raspoutitsa nationaliste.
Iegor Gran a pris l'habitude dans ses livres de transformer ce qui l'horripile en romans jubilatoires (« La revanche de Kévin », « le voyage d'Alix…). Si j'avais été beaucoup moins convaincu par ses deux essais coups de gueule sur le COVID, je trouve qu'ici que son attaque frontale contre le pouvoir russe et surtout la complicité de son peuple concernant la guerre en Ukraine était aussi édifiante qu'éclairante.
On sent dans ces pages une vraie colère, que ces lignes ont été écrites en réaction immédiate au déclenchement des hostilités. DCA littéraire. L'approche est donc subjective mais il est difficile de lui reprocher d'avoir la rancune tenace quand on sait que son père fut un dissident Goulaguisé qui dut s'exiler en France avec sa famille. Son histoire est d'ailleurs magnifiquement racontée dans le très drôle « Les services Compétents », un très bel hommage que je recommande vivement.
Ici, l'auteur délaisse son humour mais n'abandonne pas son ton ironique pour un essai qui vise à rompre le cou du mythe du dictateur fou qui n'obtient le soutien de son peuple que par la terreur et l'oppression. Il part du constat qu'une majorité de russes soutient Poutine, l'invasion de l'Ukraine et gobe tous les bobards de la propagande au mépris des évidences. Les opposants au régime ont certes la vie moins facile que la mort mais ils sont surtout peu nombreux dans un pays de 143 millions d'habitants.
L'auteur décrit de l'intérieur le lavage de cerveau généralisé de la population par une réécriture de l'histoire qui flatte depuis des années la fierté nationale et soigne le traumatisme post-soviétique, par des émissions de télévision à la solde d'un pouvoir qui ne s'embarrasse pas de messages subliminaux.
Raconté façon reportage gonzo et halluciné, Iegor Gran multiplie dans son texte le récit de faits divers qui semblent sortir de la quatrième dimension et des échanges avec des connaissances zombifiées dès que la question de l'Ukraine est évoquée.
Certains ne sont pas dupes des outrances mais justifient cette propagande pour nourrir le fantasme de la renaissance de la Grande Russie, nostalgie d'un Empire aussi émietté qu'un crumble.
Et puis, quelle fierté de se figurer en dernier rempart contre la décadence de l'Occident… un coca Zero à la main !





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