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Citations sur Une enquête d'Hippolyte Salvignac, tome 3 : Tuer est un.. (10)

Il s’arrêta quelques instants pour profiter de la fraîcheur du petit square ceinturant la chapelle expiatoire érigée à l’emplacement de la fosse commune qui, durant la plus de vingt ans, avait abrité les dépouilles de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Modeste et incongrue oasis de de verdure au cœur des Grands Boulevards, elle était tel un vestige de temps reculés, une butte-témoin d’un monde révolu, celui de la Restauration appelant à expier les crimes de la Révolution, celui d’une Église élevant le dernier monarque de droit divin au rang de martyr, celui d’une noblesse revenue d’émigrations, sans avoir rien oublié, mais sans avoir rien appris non plus.
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Le 17 juin, après dix jours passés à la campagne, Salvignac se résolut à rentrer à Paris. La veille au soir, Lerouet était revenu de la capitale, affichant un air soucieux et maussade. Durant tout le repas, il se mura dans le silence, ne répondant que par monosyllabes aux questions de Madeleine et d'Hippolyte. Enfin, au dessert, il laissa exploser sa colère. Il n'en pouvait plus de travailler avec des incapables ou des corrompus. Il vomissait la guerre entre services, les coups bas et les règlements de comptes politiques. Hippolyte tenta un commentaire. Mal lui en prit. L'inspecteur bondit de sa chaise tel un diable et monta s'enfermer dans sa chambre.
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- Ce cher monsieur Salvignac. Cela faisait un bail ! Presque un an, je crois. Comment vous portez-vous ?
- Fort bien, Monsieur le président du Conseil.
- Allez, allez. Pas de protocole entre nous. Laissez tomber les titres. Je vous rappelle que nous avons passé toute une soirée ensemble au bordel. Ça crée des liens.
Salvignac rougit à l'évocation de cette nuit où il avait tellement bu qu'il ne se souvenait de rien, ce qui lui avait valu de connaître quelques jours durant les geôles de la prison de la Santé et les dédales du palais de Justice.
- Oh ! A ce propos, poursuivit Clemenceau, je crois que je ne vous ai jamais vraiment remercié.
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Hippolyte Salvignac contemplait les berges ombragées du fleuve qui défilaient sous ses yeux. En amont de Gaillon, les flots de la Seine avaient formé de vastes îles sablonneuses ceinturées d'aulnes et de saules, envahies par de hautes herbes ondulant sous la brise. Les occupants des lieux, aigrettes, canards, poules d'eau, s'envolaient à leur approche. Il se prenait à imaginer qu'il était un explorateur descendant quelque rivière au cœur d'un continent sauvage et inconnu. De temps à autre, la cheminée en briques rouges d'une usine ou le panache gris d'une péniche à vapeur le ramenait à la réalité : il canotait au cœur de la France de 1908. Et nombreux étaient ceux qui, comme lui, profitaient des agréments de l'endroit. Pêcheurs confortablement installés sur la rive ou calés au fond de leur barque, promeneurs solitaires, bandes de jeunes gens en goguette, flâneurs du dimanche et familles parties pique-niquer au bord de l'eau.
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Les véritables crimes sont sordides et la plupart des assassins sont bêtes à pleurer. Allez au tribunal, visitez les prisons, vous verrez, il n'y a pas une once de romanesque dans tout cela. Juste des vies brisées. Et c'est ce qui plaît au public. Il se délecte de ça. Cela le rassure sur sa propre existence qui n'a jamais été télescopée par un crime. Il se sait de l'autre côté de la barrière, du bon côté. Celui des vies tranquilles.
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De part et d'autre, des bordures d'iris, d'asters, de marguerites et de campanules formaient deux murets multicolores ondoyant sous la brise. On eût dit qu'un jardinier paresseux avait laissé faire la nature. Les fleurs semblaient pousser en touffes désordonnées, se mêlant les unes aux autres dans un foisonnement digne d'une jungle tropicale. A y regarder de plus près, il était évident qu'une telle composition de couleurs, qu'une telle construction de plans et de perspectives, qu'un tel ordonnancement savant des formes ne pouvaient qu'être le fruit d'un projet mûrement réfléchi
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Votre personnage de papier, il ne fait pas exploser des bombes, il ne manie ni la dynamite ni le browning. Mais il est telle l'eau tombant goutte à goutte sur un sol calcaire: il va s'insinuer dans les profondeurs, creuser d'immenses cavités, alimenter des rivières souterraines, développer tout un relief karstique invisible en surface, mais qui, à terme, sapera l'ordre social. Néanmoins, pour cela, il faudrait lui donner un peu plus de mordant, davantage d'acidité.
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Salvignac resta un moment plongé dans ses pensées. Il mesurait tout l'écart qu'il y avait entre la longue enquête à laquelle il avait été mêlé, avec ses mystères, ses rebondissements, et cette conclusion judiciaire. Il se demandait si, finalement, il avait toujours envie d'aider Clemenceau et sa police. Certes, il aimait dénouer les fils d'une intrigue, mais au regard des résultats la satisfaction était mince. Aucun des protagonistes de l'affaire des trafics d'oeuvres d'art dérobées dans les églises n'avait été condamné.
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La nature avait été façonnée au fil des siècles par les hommes. Le fleuve, large et majestueux, fendait de part en part de vertes prairies dominées par la masse plus sombre des bois qui couronnaient les plateaux environnants. Les maisons à pans de bois, les jardins fleuris, les troupeaux de vaches laitières, les hommes qui s'activaient aux travaux des champs, les embarcations de toutes tailles et de tous usages apportaient mille touches pittoresques au vaste panorama.
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Tout cela n'était qu'un théâtre d'ombres. On jetait en pâture au lectorat quelques demi-vérités et beaucoup de menteries, tandis que juges et policiers travaillaient en coulisse. Puis, un jour, après plusieurs mois d'enquêtes silencieuses, un magistrat décidait de traduire devant la cour d'assises un prévenu, à moins qu'il n'abandonne l'affaire. Si procès il y avait, le public était alors convié à une nouvelle représentation théâtrale, avec ses premiers rôles, ses figurants, ses personnages stéréotypés, son éternel décor et ses éventuels rebondissements. Quant à la vérité..
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