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Critique de Gustave


Commençons par un aveu. M'étant un peu éloigné de la lecture ces derniers temps (honte à moi...), lorsque j'y suis revenu, c'est avec l'intention de me distraire, m'autorisant à être infidèle aux classiques dont j'ai l'habitude.

Je suis à moitié japonais (voir ma critique de The Ring). Inutile dès lors de préciser la raison de mon intérêt pour ce roman.

Le roman comportait une intrigue véritable et se laissait lire aisément. Un écrivain remplissant le premier critère est toujours digne de recueillir un certain estime. L'écriture d'un roman sans intrigue, ou à l'intrigue sommaire est toujours l'exercice la plus périlleuse qui soit: les médiocres s'y révèlent toujours dans la plénitude de leur nullité. Il n'est que de songer à L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder ou à Christine Angot.

Ce que ce roman a d'agréable n'a su cependant m'enivrer au point d'en oublier les limites qu'il comportait. Un Mc Donald, pour agréable qu'il puisse être entre copains, demeure un McDo.

L'assortiment du couple, Olivier le flic français et Naoko la Japonaise, si peu crédible dans son rôle si ce n'est son nom, à tout du cliché du mâle Blanc (Un certain Zemmour appréciera...) protégeant la fragile Orientale.

L'on serait plus indulgent avec une telle entrée en matière si la suite du roman n'était un amoncellement accablant de clichés sur le Japon. Mais bon Dieu! Où est ce que M. Grangé est allé nous pêcher les personnages de Naoko et d'Ayumi! du moins l'auteur aura su nous gratifier de son imagination débordante, qui lui fait croire que toute Japonaise est une experte en kendô (je n'en ai jamais vu dans la partie japonaise de ma famille...). D'aucuns diront que le cliché dénote d'une anémie de l'imagination, anesthésiée par cette naphtaline qu'est la paresse et la facilité d'y céder au fil de la plume. Il me serait possible de constituer une anthologie du Japon fantasmatique rien que d'après ce livre.

Il n'est que de songer aux portraits des autres Japonais que Naoko...Le frère de celle-ci est réduit à un piteux rôle de polytoxicomane effeminé. Sans compter les pères, réduits à l'alternative entre tyran rétrograde et pervers, celui d'Ayumi réunissant en une combinaison hideuse les deux rôles. Et à Olivier d'endosser le rôle du gentil Français qui va sauver la pauvre Japonaise opprimée par ces affreux Japonais.

Je n'aurai donc de cesse de recommander ce roman aux jeunes hommes franco-français désireux de se refaire une virilité à vil prix, en se gavant voluptueusement du fantasme de devenir un jour le prince charmant de quelque jeune et jolie Japonaise.

Partiale, ma critique? Je l'assume. J'ose affirmer même que c'est à double titre, en tant que lecteur exigeant et en tant que demi-Japonais que je me considère légitime à faire preuve peut être même d'une certaine mauvaise foi.

M. Grangé a des talents évidents de conteur. Sans doute aurai je l'occasion de le revoir de nouveau. Je souhaite en revanche qu'une telle rencontre se fasse ailleurs qu'au Japon.

Petit addendum en cadeau (c'est Noël quand même!):
1/Si vous voulez des personnages qui ressemblent vraiment aux Japonais tels qu'ils sont aujourd'hui, lisez plutôt Murakami (Haruki ou Ryu, les deux sont valables en l'occurence).

2/Kawabata et Mishima, ça commence déjà à dater, leurs personnages ressemblent aux Japonais d'avant-guerre ou d'il y a 50 ans plus qu'autre chose (ce serait comme si un Japonais lisait les romans de Mauriac et en déduisait que les Français d'aujourd'hui leur ressemblent...)

3/Je vous rassure, les Japonais sont au moins aussi cons niveau clichés sur les Français que l'inverse...Jetez un coup d'oeil au manga Nodame Cantabile, vous en ressortirez...effondré, mais...effondré!
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