Citations sur La Cité perdue de Z : Une expédition légendaire au coeur de.. (23)
Décidément, dans la forêt vierge amazonienne, s’émerveille l’explorateur, « l’animal se dresse face à l’homme plus que partout au monde »
- Ouais, j'ai déjà entendu parler de ce Fawcett, me dit un guide brésilien qui proposait des excursions dans la jungle. C'est pas le gars qui a disparu en cherchant l'El Dorado ou un truc comme ça ?
Je lui répondis que j'avais besoin de quelqu'un qui m'aiderait à remonter la piste de Fawcett et...celle de Z. A quoi il rétorqua qu'il était muito ocupado, manière polie de me signifier : "Ça va pas la tête ?"
(En parlant de Z, la cité disparue)
Autrefois, ses confrères doutaient de Z essentiellement pour des motifs biologiques, les Indiens étant, selon eux, physiquement incapables de créer une civilisation supérieure. Aujourd'hui, la nouvelle génération en doute pour des motifs environnementaux : l'Amazonie est trop inhospitalière pour que des tribus primitives aient pu y fonder aucune société avancée. Le déterminisme biologique a laissé la place au déterminisme environnemental.
Mais ils ont beau couper, tailler, trancher dans la jungle du matin au soir, ils parcourent généralement pas plus de huit cents mètres par jour. Leurs jambes s'enfoncent dans la boue. Leurs chaussures se décomposent. Leur vue se brouille à cause des minuscules abeilles à sueur qui leur envahissent les yeux - les Brésiliens les appellent "lèche-œil".
Finalement qu'est-ce qu'un explorateur, sinon un agent infiltré, quelqu'un qui pénètre d'autres territoires que le sien pour en revenir avec des secrets ? Au XIXème siècle, l'État britannique recrute de plus en plus souvent ses espions chez les explorateurs et les cartographes, ce qui permet d'introduire des hommes à l'étranger en se ménageant un démenti plausible, mais aussi d'utiliser des hommes qualifiés pour collecter les données géographiques et politiques qu'il convoite.
L'essor que connaît la science au XIXème siècle produit des conséquences paradoxales : en minant la foi chrétienne et une lecture littérale de la Bible, elle crée un vide immense dans l'explication des mystères de l'univers, lesquels ne se traduisent plus désormais qu'en termes de microbes, d'évolution et de capitalisme cupide. George Bernard Shaw affirme que, jamais encore, "les séances de spiritisme, matérialisation, voyance, chiromancie, boules de cristal et autres" ne firent autant d'adeptes.
Comme beaucoup d'explorateurs victoriens, Fawcett est un professionnel amateur : géographe et archéologue autoproclamé, il est également un artiste talentueux (ses dessins furent exposés à la Royal Academy), doublė d'un architecte naval (il a fait breveter la "courbe ichtyoïde", qui augmente de plusieurs nœuds la vitesse d'un bateau). Cet intérêt pour la mer ne l'empêche pas d'écrire à Nina - son épouse, son soutien le plus sûr et son porte-parole lors de ses absences - qu'il trouve la traversée à bord du SS Vauban plutôt fastidieuse" : il n'a qu'une envie, se retrouver dans la jungle.
Fawcett ne pourra jamais franchir le dernier pas, celui qui aurait fait de lui un anthropologue moderne, c'est-à-dire admettre l'idée que des civilisations complexes aient pu voir le jour indépendamment les unes des autres. [...] Il a beau se rebeller contre les mœurs victoriennes, se faire bouddhiste et vivre comme un guerrier indien, jamais il ne saura transcender sa culture. Il esquivera toutes les maladies de la jungle, mais ne pourra pas se débarrasser du mal si pernicieux de la race.
Après avoir comparé deux crânes indiens avec des crânes européens, un phrénologue déclare que les premiers portent la marque de la "détermination" et de la "dissimulation" et que leur forme explique "l'équanimité dont ils font preuve sous la torture".
Au milieu du XIVè siècle, Juan Ginès de Sepulvéda, chapelain de saint empereur romain germanique, affirma que les Indiens étaient des "demi-hommes" et qu'ils convenait de les traiter en esclaves naturels. "Les Espagnols sont parfaitement en droit de dominer ces barbares de Nouveau Monde, déclara t-il, ajoutant : Entre eux et les Espagnols, il existe autant de différences [...] qu'entre les singes et les hommes".