Alpinistes de Staline

Récit de la vie des deux frères Abalakov, alpinistes russes sous Staline.
Pour ceux qui s'attendent à une description minutieuse des ascensions, ils seront déçus, elles sont certes décrites mais pas de manière trop détaillée, le sujet étant ici la vie de ces héros.
La montagne, les sommets enneigés donnent une impression de liberté, et pourtant, en URSS, sous Staline, elle n'a jamais été aussi politisée.
Cédric GRAS s'est plongé dans les archives des « purgés de la terreur stalinienne » et a pu accéder à l'instruction du procès de Vitali Abalakov et aux différents articles concernant les ascensions. La montée des sommets est aussi difficile que la descente aux enfers rapide. Des alpinistes dévoués se retrouvent à s'accuser eux-mêmes de méfaits qu'ils n'ont jamais commis dans l'espoir de sauver leur peau.
Récit intéressant, effarant et révoltant des purges staliennes dans le milieu de l'alpinisme.

L'alpinisme et le communisme stalinien semblent avoir été fait pour se retrouver : grandeur et prestige des ascensions, valeur de communauté et d'équipe (contrairement au style alpin solitaire), exploit fondé sur la force brute, …

Dans ce roman-historique Cedric Gras retrace l'histoire des alpinistes les plus renommés de l'URSS Vitali et Evgueni Abalakov, les Stakhanovistes de l'alpinisme qui ont littéralement régné sur les sommets du Caucase et d'Asie Centrale pendant 50 ans. Outre les divers exploits sportifs et les ascensions plus difficiles les unes que les autres, ce livre nous raconte le parcours d'hommes (et quelques femmes) sous la dictature stalinienne, assez célèbres pour être surveillés et devoir être irréprochables envers le parti, mais pas assez pour être protégés du NKVD ou de l'administration.

Si je n'ai pas forcément accroché au style d'écriture, Cedric Grass parvient néanmoins à nous faire ressentir tantôt la chappe de plomb de la société communiste (et ses moments de joie également), tantot la morsure du blizzard des cimes.

Troublante cette narration presque documentaire qui inscrit dans une
trame historique glaçante l'ascension de ces cimes inconnues et de hautes altitudes par des frères tellement différents.

Mitigée. Et j'ai du mal à exprimer pourquoi. C'est un récit, et non un roman, sur l'histoire de deux frères soviétiques, champions d'alpinisme et à ce titre héros de l'URSS. le parcours de chacun d'eux est différent, l'un marqué par la Terreur, l'autre y échappant.
L'auteur ne démérite pas; son récit est précis, argumenté, documenté. Tous les éléments d'une épopée sont présents: réalité historique, actions étonnantes, culte du héros... Et pourtant je ne peux dire que j'ai été emportée par cette fabuleuse histoire.
C'est vrai que j'ai été déçue par la personnalité des deux frères, presque des héros malgré eux. Point d'envergure, de potentialité. Ils n'ont jamais pris position contre le régime, même si l'un des deux a pu faire faire les frais; et encore, il a été libéré grâce à son avocat! Une gageure sous Staline.
Et puis ils ne se sont vraiment battu non plus pour leur rêve, à savoir conquérir l'Everest. Ils sont sagement restés dans le Caucase, à crapahuter pour porter aux sommets un buste de Lénine ou Staline.
En fait, je pense que ce récit est trop technique pour moi. Les énumérations des sommets, le comptage des expéditions et la liste des partenaires de "jeux" m'ont plus assommé qu'intéressé.
Les deux frères ont peu ou pas écrit sur leur expédition. Leurs témoignages directs manquent au récit. L'auteur se référence à des lectures de journaux ou des procès-verbaux techniques. Il manque la dimension de l'intime pour rendre ce récit non pas seulement intéressant mais captivant.