Vingt et un tableaux (et quelques craies)

Il faudrait expliquer à nos politiciens, une bonne fois, que les théories pédagogiques ont de multiples fonctions, toutes aussi importantes et légitimes les unes que les autres. Elles donnent à réfléchir et elles proposent des trucs, bravo. Elles rassurent les professeurs et leur permettent de se sentir moins seuls. Bravo encore une fois. Elles donnent la chance à leurs auteurs de gonfler leur ego, d'augmenter leur salaire et d'accumuler des points Air Miles, trois fois bravo. Mais elles ne devraient jamais inspirer des réformes : ELLES NE SONT PAS FAITES POUR ÇA !

Il me vient l'envie de lui parler, ce jour-là, mais je n'y arrive pas : ce petit bout de femme marche beaucoup trop vite, et je pense trop lentement.

Jamais je n'ai senti chez eux la moindre trace de mépris envers mon ignorance. J'ajouterais même que leur gentillesse est directement proportionnelle à leur compétence.

Attends, laisse-moi deviner : ton grand-père est mort? Autrefois, on n'avait droit qu'à un décès de grand-père par année, deux à l'extrême limite, ensuite c'était fini. Mais aujourd'hui, avec les familles reconstituées, il peut facilement vous mourir un grand-père par semaine...

Je ne connais pas de professeurs qui soient morts d'avoir trop répété, mais j'en connais plusieurs qui se sont brûlés en voulant à tout prix éviter les répétitions.

Les articles écrits par des professeurs de carrière sont, de loin, les plus intéressants. On se réjouit d'abord que l'auteur ait enfin trouvé une méthode qui corresponde à sa personnalité, et on se penche ensuite sur les trucs qu'il propose. Il en va de ces théories comme des livres de psychologie populaire qu'on lit pour s'aider à supporter ses malheurs, ou simplement pour se détendre. Qu'on les utilise ou non n'a aucune espèce d'importance : cela fournit une occasion de réfléchir à son métier, et le prétexte en vaut bien un autre.