Et j'ai su qu'Elminster deviendrait, avec mon aide, le plus grand mage que le monde ait jamais connu.
Quelle est la valeur d'un trône ? Souvent, une vie, quand la maladie, la vieillesse ou un coup d'épée ont raison d'un roi pour en créer un autre. Parfois, ce même trône entraîne la ruine de tout un pays. Le plus souvent, il fait couler le sang de quelques ambitieux ; en ce cas, les Royaumes ont tout à y gagner.
Heaume roula des yeux au plafond.
—Ces nobles, ils mourraient sur un dernier subjonctif.
Leur mage attitré, le vieux Lhangaern, avait concocté une potion de Jouvence... Après l'avoir bue, avec un hurlement de souffrance, il était tombé instantanément en poussière.
—A l'exemple des orques, les hommes excellent dans quatre domaines : se reproduire comme des lapins, convoiter tout ce qui leur tombe sous les yeux, détruire ce qui les gêne et dominer le reste.
Elmara pâlit. Elle lui fit signe de continuer.
Elminster resta sur ses gardes. Certains bandits se débarrassaient parfois d'un complice encombrant en prétendant l'avoir confondu avec un ennemi. Des telles "erreurs" n'étaient pas rares...
Sache ceci, petit sorcier : il n'existe pas plus grand imbécile au monde qu'un thaumatruge. Plus il est puissant, plus il est idiot. pourquoi ? Parce que les magiciens que nous sommes vivent dans leurs rêves, et poursuivent des chimères... Ainsi, nous faisons notre propre malheur.
(page 181 -Fleuve Noir - 1997)
La mort était l'ultime égalisatrice. Sous son joug, pauvres et riches redevenaient égaux. La machinations, les vantardises et tout l'or du monde ne sauvaient personne, à la fin.
Qu'importaient les belles - et mensongères - épitaphes dédiées à ceux qui gisaient six pieds sous terre ?
(page 80 - Fleuve Noir - 1997)
C’était un jour d’été pluvieux et étouffant de l’Année de la Flamme Noire. À la tombée de la nuit, pour goûter enfin un peu de fraîcheur, les habitants de Hastarl s’allongeaient sur les toits de leurs demeures, plus ou moins dévêtus.
Cela profitait à une certaine catégorie de « commerçants », qui pouvaient ainsi joindre l’utile à l’agréable.
Un certain Farl, par exemple, lorgnait avec plaisir les beautés ainsi dévoilées aux regards.
— Quand tu auras fini de te rincer l’œil…, maugréa Elminster, son complice.
Sous les combles d’une petite tour, tous deux guettaient l’occasion d’agir.
Enfin des nuages masquèrent la lune. El se glissa par l’étroite fenêtre avec l’aisance d’une longue pratique.
Avec une force surprenante, Farl guida la descente de son complice, jusqu’à ce qu’un coup sec, sur la corde, l’avertisse qu’il était arrivé.
Elminster se balançait devant une autre fenêtre. Délicatement, à l’aide de bâtons enduits de colle, il l’entrouvrit… et tendit l’oreille.
Aucun bruit.
Retenant son souffle, il fit pénétrer ses outils de travail dans la chambre et explora à l’aveuglette.
Quand il retira les bâtons, une pierre précieuse était engluée au bout de l’un d’eux. El la glissa dans le sachet qu’il portait au cou… et il se remit à l’œuvre avec la virtuosité d’un professionnel.
Mais cette nuit, la difficulté défiait ses capacités. Au bout de la troisième tentative infructueuse, Farl vit son jeune complice essuyer ses paumes moites de sueur sur ses braies… Il savait ce qu’un tel geste signifiait : Eladar le Noir allait prendre des risques insensés.