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Citations sur La vraie vie du capitaine Dreyfus (22)

Depuis le début, il profite des périodes où on l'autorise à recevoir des livres pour se constituer une bibliothèque. Elle devient son asile. Shakespeare lui permet de se confronter au réel ; Montaigne, son autre dieu, lui montre la voie de la sagesse.
En trois ans, depuis ses premiers tâtonnements à la prison de la Santé, il est parvenu à savoir suffisamment d'anglais pour lire Shakespeare dans le texte. Il exerce sa mémoire en apprenant par cœur de longues tirades d'Hamlet, du Roi Lear. Sa lecture quotidienne des Essais de Montaigne est l'occasion d'une réflexion permanente : il rédige, lui aussi maximes et axiomes, parfois en latin, qu'il inscrit dans ses cahiers d'étude.

2147 – [p. 113]
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Le 4 janvier, un soldat de la garde républicaine se rend au greffe et demande l'uniforme du capitaine. Il entaille profondément les coutures des boutons pour qu'ils ne tiennent plus qu'à un fil. Il découd aussi patiemment les galons rouges du pantalon, ce signe distinctif des anciens élèves de l'École Polytechnique. Ce n'est pas fini. Il tire l'épée de son fourreau, s'en empare pour entailler profondément la lame avec une scie à métaux. Une dégradation militaire, cela se prépare.

(p.69)

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Son positivisme demeure le plus fort. C'est lui qui le sauve, jour après jours. Il note : « La France a porté le rationalisme, l’intellectualisme à sa plus haute puissance en le dégageant de l'intérêt politique ou religieux et en lui donnant une portée philosophique. » Sa croyance en la raison lui permet de croire que l'erreur sera découverte. Que tôt ou tard, l'empire de la logique l'emportera. Dans ses lettres à son frère Mathieu, il congédie la religion. Prières et résignations, écrit-il, sont « le lot des âmes faibles ». Conclusion : « Les âmes fortes ont pour soutien leur conscience, leur devoir, qui les font agir et marcher au but qu'elles se proposent avec une volonté et une activité que rien n'arrête, que rien en fait plier […] »

2137 – [p. 100]
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Son journal lui permet de réfléchir, de revenir sur l'unique élément sur lequel a reposé sa condamnation : le bordereau soi-disant rédigé de sa main, retrouvé dans une ambassade étrangère. Il note le 22 septembre 1895 : « Condamné sur une preuve d'écriture, voilà bientôt un an que je demande justice, et cette justice, que je réclame, ce n'est pas une discussion sur l'écriture, mais la recherche, la découverte du misérable qui a écrit cette lettre infâme. Le gouvernement a tous les moyens pour cela. Nous ne sommes pas en face d'un crime banal, dont on ne connaisse ni tenants ni aboutissants. Les aboutissants sont connus, donc la lumière peut être faite, quand on voudra bien la faire. »

2131 – [p. 95/96]
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(A l’île du Diable) Par formation, par instinct, il sait qu'il lui faut établir un emploi du temps, rythmer ses journées. La discipline est une vertu qui permet de se garder de la chute. Il l'a intégrée, dès l'adolescence lorsqu'il était interne au collège Sainte-Barbe... Il ne s'en écartera pas. Pour profiter des premières heures fraîches de la journée, il se lève avec le soleil. C'est le temps des corvées : fendre du bois pour pouvoir alimenter son feu et cuisiner, essayer de tenir son intérieur, son linge et lui-même le plus propre possible. Il bricole avec un vieux morceau de tôle une sorte de grill ; récupère des casseroles rouillées ; se sert de boites de conserve comme de gamelle. Il se retire ensuite dans sa case pour étudier l’anglais dans un livre qu'il a conservé depuis son départ. A midi, il sort pour consulter son cadran solaire de fortune. Son repas est frugal : il délaisse la plupart des provisions qui lui sont apportées de l'île Royale. Le lard est faisandé, le café trop vert. Il mange le pain, prend du bouillon, fait cuire une poignée de riz, se prépare du thé et croque de la cassonade. Les premières heures de l'après-midi sont réservées à sa correspondance et à son journal. Et avant que le soleil ne s'effondre sous la ligne d'horizon, il se promène sur les quelques centaines de mètres carrés qu'il est autorisé à fouler.

2127 – [p. 88/89]
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Les îles du Salut portent mal leur nom. Les eaux qui les entourent sont infestées de requins, agitées de courants puissants, hérissées de rochers saillants. On ne s'évade pas de ces prisons naturelles. On y cuit, on y transpire et on y meurt en quelques années. La malaria, la dysenterie, les innombrables maladies tropicales guettent les malheureux que le destin a jetés sur ces terres. Deux mille cinq cents forçats y sont morts en une seule année, sous le second Empire.
Victor Hugo, en évoquant le bagne de Guyane, a parlé de « guillotine sèche ».

2120 - [p. 85]
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Cela fait plus de eux semaines que le secret tient. Un secret de plomb. Un secret asphyxiant auquel seul Dreyfus et sa famille sont tenus.
Dans l'enceinte de la prison du Cherche-Midi, le détenu 164 resté placé au secret absolu, aveugle et sourd, ligoté, condamné à subir. Son ordre d'arrestation avait été signé avant même qu'il ne s’explique. L’enquête préliminaire a été bouclée sans qu'aucun témoin, à charge ou à décharge, n'ait été entendu par le commandant du Paty de Clam.

2113 - [p. 53]
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Leur bibliothèque (à Lucie et lui), en expansion permanente, contient les grands classiques de la littérature. Son inclination le porte vers Shakespeare, les romanciers russes, Balzac. Curieusement, il ne supporte pas Baudelaire. La philosophie est aussi très présente, de Platon à Schopenhauer. L’histoire règne cependant en majesté avec de nombreux volumes sur l’histoire militaire, les guerres napoléoniennes, les histoires de France de Michelet, Fustel de Coulanges, Henri Martin.

2105 - [p. 33]
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... durant cette année 1892, la France est démangée par un violent prurit antisémite. Edouard Drumont, journaliste, essayiste, auteur du best-seller La France juive, surfe sur le scandale de Panama et en profite pour lancer un journal polémique : Le Libre Parole. Il déclanche une campagne de presse haineuse, à laquelle le quotidien La Croix s'associe, contre le nombre trop élevé d'officiers juifs dans l'armée française : environ 300 sur 28 000.
En juin, un jeune militaire, juif, alsacien, polytechnicien, le capitaine Armand Mayer, trouve la mort au cours d'un duel avec le marquis de Morès, antisémite notoire qui l'a provoqué.
Le capitaine Mayer n'est-il pas le double du capitaine Dreyfus ?

2104 - [p. 30]
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Après plus de quatre années d'épreuves physiques et morales, il mesure le poids des passions humaines qui se sont affrontées à travers son cas.
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