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EAN : 9791021001343
224 pages
Tallandier (28/08/2014)
4.5/5   6 notes
Résumé :
L’injustice a un nom : Alfred Dreyfus. Pour en prendre la mesure, il faut revivre l’ascension de ce jeune juif alsacien, entré à Polytechnique, cavalier d’exception promu capitaine dans l’armée française. Remarqué par le chef des armées pour la qualité de sa mémoire et son sens de l’analyse, il était promis aux plus hautes fonctions au ministère de la Guerre. A-t-il été victime d’une rivalité, de l’antisémitisme ou encore d’un traquenard sur fond d’espionnite ? Il e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alfred est le fils d'une famille comprenant sept enfants dont il est le petit dernier. Sa mère tombe malade après l'accouchement et c'est sa soeur Henriette qui s'occupera de lui.

Le père est patron d'une filature à Mulhouse. le père force également ses fils Mathieu et Alfred de parler le français. La famille sinon parle l'alsacien, l'allemand ou un dialecte judéo-allemand. La famille est juive. Il fut un temps où les juifs étaient interdits de séjour dans les villes d'Alsace. La révolution a mis un terme à ces iniquités.

Dreyfus est nommé capitaine au 21e régiment d'artillerie et travaille au ministère de l'armée. Il épouse Lucie Hadamard.

Le capitaine Dreyfus est invité à se présenter, en tenue bourgeoise au cabinet de M. le chef d'état-major de l'armée. Il ne reviendra pas de cette convocation. Il sera arrêté et accusé de haute trahison et d'espionnage au profit d'une puissance étrangère. Sa femme ne sera pas prévenue. Il se dit innocent et proteste énergiquement mais peu importe l'ordre d'arrestation a été signé la vieille par le ministre de la Guerre, le général Auguste Mercier. le ministre donne l'ordre de placer le capitaine Dreyfus « au secret le plus absolu ». Il n'aura pas le droit de communiquer avec l'extérieur, pas le droit d'écrire, pas le droit de recevoir de visite ou de ce courrier. Tout est fait pour le diminuer, le déstabiliser, le préparer physiquement et psychologiquement à entrer dans la voie des aveux. Il passe au conseil de guerre. le vecteur de l'accusation est une lettre prétendument écrite de sa main que l'on appellera bordereau et qui divulgue certains secrets d'armée. Dreyfus en toute sincérité nie être l'auteur du bordereau.

Qui en est l'auteur ? Personne au ministère de l'armée ne s'en soucie. On sait que l'armée compte des gradés antisémites qui l'ont noté sévèrement au cours de son stage.

Dreyfus est condamné. le ministre de la Guerre dépose au parlement un projet de loi visant à établir la peine de mort pour le crime de trahison. L'opprobre est total. Pour tous sauf sa famille et son avocat Dreyfus est coupable. le suicide est une tentation, mais sa femme parvient à l'en dissuader.

Menottes aux poignets, fer aux chevilles, dans une cage, il est envoyé au bagne. Il est conduit sur l'île du Diable.
« Les îles du Salut portent mal leur nom. Les eaux qui les entourent sont infestée de requins, agitées par des courants puissants, hérissées de rochers saillants. On ne s'évade pas de ses prisons naturelles. On y cuit, on y transpire et on y meure en quelques années. La malaria, la dysenterie, les innombrables maladies tropicales guettent les malheureux que le destin a jeté sur ces terres. Deux mille cinq cents forçats y sont morts en une année, sous le second Empire ;
Victor Hugo, évoquant le bagne de Guyane a parlé de « guillotine sèche ». C'est un mouroir où l'on envoie ceux que la loi n'a pas condamnés à mort ― avec l'espoir secret que les mauvais traitements et le climat se substituent à l'exécution. »

Sur cette île, ce qui sauve Dreyfus de la folie, c'est son aptitude à ne pas décrocher intellectuellement, à s'imposer une discipline d'apprentissage : anglais, lectures, mathématiques. Il profite, en fait, des périodes où on l'autorise à recevoir des livres. Pour surmonter les supplices qui lui sont imposés, il possède la certitude d'être aimé et soutenu par les siens à Paris.

Il écrit au président de la République, au président du Conseil, de l'Assemblée nationale, au ministre de la Guerre ou encore aux députés. On ne lui répond pas. Ses courriers sont interceptés, retenus, censurés, égarés. Il est moralement abattu, amaigri, miné par le paludisme.

Un fonctionnaire l'informe qu'il va recevoir une réponse définitive à ses demandes de révision adressées au chef de l'Etat. Un sentiment de renaissance l'envahit. Il reçoit enfin le réquisitoire du procureur de la Cour de cassation et apprend le nom du vrai coupable, le commandant Esterhazy, qu'il ne connait pas.

Finalement la Cour casse et annule le jugement rendu contre Alfred Dreyfus. Après plus de quatre années de séquestration sur l'île du Diable, Dreyfus retourne en France à l'âge de trente-neuf ans. Alfred aura été défendus par son frère Mathieu et le romancier Emile Zola.

Aux chambres de la Cour suprême, le juge affirme que le bordereau n'est pas l'oeuvre des Dreyfus.

Dreyfus demande à rentrer en possession de son journal du bagne, de ses cahiers et lettres de sa femme. Il pourra ainsi commencer la rédaction de ses souvenirs.

Après sa première condamnation, Dreyfus affirmait : « Mon seul crime est d'être né juif ! » Dans la vie publique, il veut oublier cet héritage. Il se défini comme français, républicain et laïc.

Depuis longtemps, j'avais trois livres sur l'affaire Dreyfus dans mon pense-bête de bibliothèque virtuelle. Je devais en choisir un. Ce fût chose faite, il y a une semaine. Quel étaient ces trois livres ? Je suis bien incapable de vous le dire car, j'en ai supprimé deux du pense-bête une fois le choix accompli. La tragédie du Capitaine Dreyfus à été édité chez Tallandier où j'ai déjà vu de bonnes biographies.

Il se fait que mes deux dernières lectures sont : « Moi Jeanne d'Arc » et « La tragédie du capitaine Dreyfus ». Jeanne d'Arc et Dreyfus sont des innocents condamnés. En cause un pouvoir religieux à Rouen allié des anglais et s'opposant aux voix du Ciel selon les dire de Jeanne d'Arc et un pouvoir nationaliste antisémite dans la condamnation de Dreyfus.

En lisant Jean Moulin et Hannah Arendt, j'ai définitivement compris les ravages du pouvoir et le totalitarisme à bannir. Malheureusement, le simple citoyen, l'individu est limité en moyens d'actions. Je suis moi-même victime de fausse accusation ….

Retenons que Dreyfus a été soutenu par sa famille et dans cette affaire s'est fait des amis les dreyfusards. Il a cependant connu de grands moments de solitudes.

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Bien que j'aie lu quelques articles ou livres sur l'Affaire et sur Alfred Dreyfus, j'ignorais une bonne partie de sa vie et sa personnalité. le livre de Laurent Greilsamer a comblé cette lacune tout en rétablissant certaines vérités.

La famille Dreyfus est alsacienne. Elle vit à Mulhouse. Après Sedan, l'occupation et l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, elle s'installe à Carpentras où vivent déjà sa soeur Henriette et son mari. Une autre branche est déjà à Belfort. Un seul Dreyfus restera en Alsace pour gérer les affaires. Alfred, intelligent et discipliner, fait de bonnes études et choisis, une carrière dans l'armée. Il se marie. Il a deux enfants.

Le 13 octobre 1894 sa vie bascule. Accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, il est mis au secret, jugé, condamné sur un dossier truqué (et tenu secret), dégradé, envoyé à l'île du Diable...

13 gardes se relaient toutes les deux heures pour le surveiller. Nul ne lui parle. Il serait intéressant de savoir combien à coûter cette incarcération scandaleuse à l'administration pénitentiaire.

Alors qu'en France, l'Affaire devient nationale, puis internationale, journalistique puis politique, lui est tenu dans l'ignorance de tout, dans les pires conditions possibles afin qu'il meurt. Mais il tient cinq ans. Même les lettres de sa femme lui parviennent recopiées.

En juin 1899, il est ramené en France. Là il découvre l'ampleur de l'Affaire. Il est rejugé dans les mêmes conditions et condamné une nouvelle fois, puis gracié.

Parce qu'il accepte la grâce, une partie de ses soutiens se fâche. Mais le 15 juin 1906, s'ouvre un nouveau procès. le dossier secret est ouvert. Il contient des faux et des documents trafiqués. Dreyfus est réhabilité, réintégré dans l'armée, fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.

Mais l'extrême-droite, les royalistes... continuent leur campagne, anti-dreyfusarde. le jour de l'entrée au Panthéon de Zola, on lui tire dessus deux fois... il est blessé. L'assassin sera acquitté ! Comme celui de Jaurès, huit ans plus tard !

Alfred Dreyfus sera volontaire pendant la guerre de 14, et fera le chemin des Dames ! Il mourra en 1935.

Greilsamer cherche à nous faire connaître l'homme, de sa naissance à sa mort, plutôt que l'Affaire. Alfred aime lire : Shakespeare, Fustel de Coulanges... Il est un excellent cavalier. Sa famille est soudée autour de lui. Lucie son épouse est exceptionnelle.

J'ai beaucoup aimé ce livre et je crois qu'il manquait. Divisé en 5 parties, elles-mêmes en paragraphes numérotés, la lecture en est facile. Tout le long on a l'impression qu'une machination, se monte contre lui : de la note défavorable à un examen, à la longue conversation avec de Boisdeffre, de la façon dont il est arrêté, isolé, puis des conditions d'internement, jusqu'à son retour où il se blesse en changeant de bateau, du refus de le réintégrer dans l'armée avec le grade qu'il mérite, jusqu'à la guerre de 14, où il sera sous les ordres d'un général anti-dreyfusard !!!!

« le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Charles Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale. Maurras commenta sa condamnation par : « C'est la revanche de Dreyfus ! »
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Dreyfus fait couler beaucoup d'encre depuis maintenant 120 ans et si nous avons l'impression de bien connaître l'affaire, nous en oublions l'homme, rarement pris en compte. Laurent Greisalmer est clair dans son avant-propos : cet ouvrage est consacré à la vie d'Alfred Dreyfus, l'homme qu'il était et la perception qu'il avait de sa situation.
le père d'Alfred, Raphaël Dreyfus, a permis l'ascension sociale de la famille grâce en s'intégrant dans le monde industriel alors en pleine expansion. Désormais citadins, ils sont installés à Mulhouse. Cependant, avec l'occupation allemande de 1870, une partie de la famille quitte l'Alsace pour le sud de la France où une soeur d'Alfred s'est établie. Ce dernier intègre Polytechnique puis l'armée. Il est très apprécié de ses supérieurs qui ne tarissent pas d'éloges sur son compte, seul son fort accent alsacien lui est gentiment reproché. Il gravit les échelons et passe de lieutenant à capitaine. Dans le même temps, jeune homme séducteur il apprécie la compagnie des femmes et épouse Lucie Hadamard en avril 1890. Deux enfants naissent de cette union. Alfred Dreyfus continu son ascension professionnelle en intégrant l'Ecole Supérieure de la guerre. Une vie sereine, pleine de promesse s'offre au jeune officier lorsque tout bascule. Soudain, il est accusé de trahison envers son pays, condamné, il est déporté en Guyane. Il n'a de cesse de vouloir prouver son innocence mais, enfermé, il ne saisira l'ampleur de l'affaire Dreyfus que lors de son retour en France. Toute sa vie, Alfred croit en la justice et a confiance en les institutions de son pays, il voue un culte à la République. Pourtant, il n'est plus considéré comme une personne mais comme une cause politique. Deux parties s'opposent et déchirent le pays alors soulevé par une vague antisémite. de grands noms défendent Dreyfus et à travers lui leur vision de la République : Zola, Jean Jaurès, Georges Clémenceau… Mais beaucoup ne voient pas la souffrance de l'homme qui se trouve au coeur de cette affaire, seul le côté politique compte.
Laurent Greisalmer remédie à cela avec son autobiographie La vraie vie du Capitaine Dreyfus. Cet ouvrage nous permet de découvrir un homme pris dans les passions de son temps, un personnage trop longtemps oublié. Ce travail bien documenté, est parsemé de nombreux extraits de la correspondance d'Alfred Dreyfus. Très agréable à lire, il manque cependant des notes renvoyant aux sources ou ouvrages utilisés. Par ailleurs, il aurait été agréable de voir en annexe une ou deux photos du capitaine Dreyfus, notamment de sa jeunesse puisque l'une d'elle est d'ailleurs évoquée dans le texte. C'est un livre qui se lit d'une traite même si les tenants et aboutissants de l'affaire Dreyfus sont connus, ce qui montre l'habilité de l'écrivain.

Lien : http://deslettresauxlivres.b..
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On croit tout savoir de l'affaire Dreyfus. Tant de livres y ont été consacrés, dont certains excellents. Mais la vraie vie du capitaine Dreyfus était passée au second plan. le petit livre de Laurent Greilsamer vient combler une lacune, ou plutôt réparer une erreur, colportée par les plus beaux esprits (Clemenceau, Péguy...) : Dreyfus, en acceptant sa grâce n'a pas été à la hauteur de son « Affaire » !
Le simple récit de sa vie suffit à le rétablir à sa vraie place, celle d'un martyr de la justice militaire et de l'antisémitisme. Toujours digne, ferme sur ses principes, attaché aux valeurs de la République, loin de toute exploitation médiatique, héros involontaire d'un temps troublé par les démons qui finiront par emporter la démocratie.
Nul pathos dans le récit de cette vie qui devait être celle d'un militaire brillant et patriote. Mais ses origines et ses qualités seront paradoxalement retenues à charge, spécialement le fait qu'il parle parfaitement l'allemand de par ses origines alsaciennes et sa scolarité à Bâle, après la défaite de 1870.
Pétri de valeurs militaires, il ne met nulle véhémence dans l'affirmation de son innocence, voulant ignorer ses origines juives, ce qui le brouille avec son principal soutien, son ami Bernard Lazare. Les intellectuels, dont "l'Affaire" est l'acte de naissance, ont d'autres objectifs.
On tire beaucoup d'enseignements de cette vie d'Alfred Dreyfus.
Lors de son arrestation, le commandant du Paty du Clam lui propose tout simplement de se suicider et lui présente un revolver d'ordonnance. le ton est donné. L'armée préfère la justice expéditive.
La détention de Dreyfus à l'île du diable apparaît comme tentative d'assassinat minutieusement organisée. Il est mis aux fers, surveillé jour et nuit par 11 gardiens et 6 chiens. Les surveillants se plaignent, plus que lui, des conditions de sa détention, du climat, des insectes, des fièvres, qui devraient venir à bout de sa résistance. Des instructions sont d'ailleurs envoyées pour la conservation de son cadavre. Sa survie à la « guillotine sèche », comme on désigne la déportation en Guyane, tient du miracle.
Entre le 15 octobre 1894, date de son arrestation et la fin de l'année 1898, au secret, il ignore tout de son dossier et du développement de « l'affaire ». S'il accepte la grâce que lui offre le gouvernement le 19 septembre 1898, pressé par son frère Mathieu, c'est pour retrouver sa famille, ses enfants, sa santé : c'est tout simplement pour revenir à la vie.
Dans l'épreuve du bagne, c'est la lecture qui le sauve. Il apprend par coeur Shakespeare, trouve du réconfort dans la sagesse de Montaigne, dans les auteurs russes (Tolstoï, Dostoïevski). Il lit Fustel de Coulanges, Taine, Michelet. Il collectionne citations et maximes et couvre aussi ses carnets d'exercices mathématiques.

La sinistre comédie de la justice militaire donne dans cette affaire toute sa mesure : bordereau, dossier secret, persistance du Conseil de guerre de Rennes dans l'affirmation de la culpabilité alors même que la trahison d'Esthérazy a été établie. La cour de cassation résume ce parcours chaotique dans une inhabituelle, abrupte et mémorable formulation : "Attendu, en dernière analyse, que de l'accusation portée contre Dreyfus, rien ne reste debout " !.
Mais rien n'y fait. Une grande partie de l'opinion (L'action française, La libre parole, le gaulois) résiste à l'établissement de la vérité. le publiciste Pierre Gégori, qui s'inscrit dans dans cette mouvance, tente d'assassiner Dreyfus lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon le 5 juin 1908. Nouvel exploit de la justice -qui n'est plus militaire cette fois- : il est acquitté, comme le sera, dix ans plus tard, Raoul Villain, l'assassin de Jaurès !

Alfred Dreyfus a toujours été patriote et même nationaliste. A l'égard de l'Allemagne, ce républicain, laïc, réformiste, prône la fermeté « pour en finir avec ces querelles que l'Allemagne nous suscite constamment ».
Mobilisé à 55 ans, il n'a de cesse de rejoindre le front. En 1917 il est envoyé au Chemin des Dames, au cours de l'offensive Nivelle. Il se bat à Verdun. Lui, pourtant de santé fragile « s'accommode fort bien de ce régime de sauvages » comme il l'écrit à sa famille.
En 1918, il est promu lieutenant-colonel de réserve avant de revenir à l'anonymat auquel il a toujours aspiré.
Comme un signe de son destin, c'est un jour de fête nationale, le 14 juillet 1935, qu'il est enterré au cimetière Montparnasse .
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Un excellent livre pour découvrir facilement la vie brisée d'un homme qui aurait dû être reconnu comme un héros de la France au lieu d'un paria de la République. L'auteur nous fait pénétrer dans la vie intime du capitaine, homme intelligent, discipliné, consciencieux, patient, volontaire pour le chemin des Dames en 1914, inhumé un 14 juillet. C'est aussi la narration de l'acharnement raciste de l'extrême droite et malheureusement d'une trop grande partie des français, capables toujours du meilleur et du pire, mais pour Dreyfus c'était le pire. Une vie à connaître absolument et à ne pas oublier.
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critiques presse (1)
LeFigaro
25 septembre 2014
La Vraie Vie du capitaine Dreyfus dresse de l'enfermement en Guyane un portrait saisissant, avec comme - rare - échappatoire les lettres à sa femme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
(A l’île du Diable) Par formation, par instinct, il sait qu'il lui faut établir un emploi du temps, rythmer ses journées. La discipline est une vertu qui permet de se garder de la chute. Il l'a intégrée, dès l'adolescence lorsqu'il était interne au collège Sainte-Barbe... Il ne s'en écartera pas. Pour profiter des premières heures fraîches de la journée, il se lève avec le soleil. C'est le temps des corvées : fendre du bois pour pouvoir alimenter son feu et cuisiner, essayer de tenir son intérieur, son linge et lui-même le plus propre possible. Il bricole avec un vieux morceau de tôle une sorte de grill ; récupère des casseroles rouillées ; se sert de boites de conserve comme de gamelle. Il se retire ensuite dans sa case pour étudier l’anglais dans un livre qu'il a conservé depuis son départ. A midi, il sort pour consulter son cadran solaire de fortune. Son repas est frugal : il délaisse la plupart des provisions qui lui sont apportées de l'île Royale. Le lard est faisandé, le café trop vert. Il mange le pain, prend du bouillon, fait cuire une poignée de riz, se prépare du thé et croque de la cassonade. Les premières heures de l'après-midi sont réservées à sa correspondance et à son journal. Et avant que le soleil ne s'effondre sous la ligne d'horizon, il se promène sur les quelques centaines de mètres carrés qu'il est autorisé à fouler.

2127 – [p. 88/89]
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Depuis le début, il profite des périodes où on l'autorise à recevoir des livres pour se constituer une bibliothèque. Elle devient son asile. Shakespeare lui permet de se confronter au réel ; Montaigne, son autre dieu, lui montre la voie de la sagesse.
En trois ans, depuis ses premiers tâtonnements à la prison de la Santé, il est parvenu à savoir suffisamment d'anglais pour lire Shakespeare dans le texte. Il exerce sa mémoire en apprenant par cœur de longues tirades d'Hamlet, du Roi Lear. Sa lecture quotidienne des Essais de Montaigne est l'occasion d'une réflexion permanente : il rédige, lui aussi maximes et axiomes, parfois en latin, qu'il inscrit dans ses cahiers d'étude.

2147 – [p. 113]
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Dans la nuit il écrit à sa femme :
« Être innocent, avoir une vie sans tâche et se voir condamné pour le crime le plus monstrueux qu’un soldat puisse commettre, quoi de plus épouvantable !
C’est pour toi seule que j’ai résisté jusqu’au jourd’hui ; c’est pour toi seule que j’ai supporté le long martyre. Mes forces me permettront-elles d’aller jusqu’au bout ? Il n’y a que toi qui puisse me donner du courage.
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Leur bibliothèque (à Lucie et lui), en expansion permanente, contient les grands classiques de la littérature. Son inclination le porte vers Shakespeare, les romanciers russes, Balzac. Curieusement, il ne supporte pas Baudelaire. La philosophie est aussi très présente, de Platon à Schopenhauer. L’histoire règne cependant en majesté avec de nombreux volumes sur l’histoire militaire, les guerres napoléoniennes, les histoires de France de Michelet, Fustel de Coulanges, Henri Martin.

2105 - [p. 33]
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Il n’a plus la force d’écrire. Il ne reçoit plus de courrier Tout autour de sa case, un couloir d’une largeur d’un mètre cinquante a été dessiné : il observe de sa lucarne un groupe de bagnards affairé à dresser avec de fûts de bois d’une hauteur de deux mètres cinquante une enceinte autour de sa cellule. Plus de lumière, plus de vue. Le nombre de surveillants affectés à sa garde passe de sept à onze, sans compter les six chiens de garde. Il est privé de liberté, privé de lumière, privé de mouvement, et affamé.
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Vidéo de Laurent Greilsamer
les matins - Départementales 2015 : les nouvelles cartes du FN .Hervé le Bras Démographe, Directeur d'études à l'INED, enseignant à l?EHESS Spécialiste en histoire sociale et démographie « La question de l?immigration, c?est terminé. le FN est porté par les inégalités sociales » entretien avec par Eric Fottorino et Laurent Greilsamer va paraître dans le nouveau numéro du journal « le un » Nonna Mayer Politologue Directrice de recherche au CNRS, professeur à Sciences-Po Son article « Quand les femmes s?y mettent » va paraître dans le nouveau numéro du journal « le un ».
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