Le Prince foudroyé : La Vie de Nicolas de Stael

lettre de Romain Gary à Nicolas de Staël
"Cher Monsieur,je viens de voir,chez Rosenberg, vos toiles admirables et je tiens à vous dire le plaisir incessant que je prends à les regarder.Ce qu'une telle simplicité trompeuse peut cacher de finesse et de profondeur,sans parler d'années de travail,ce n'est pas à moi de vous le dire,mais c'est une peinture, en quelque sorte, illimitée, qui vous donne de l'imagination et vous force, vous, simple spectacteur, à avoir du génie. Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectacteur. Chaque toile ouvre des possibilités de rêve absolument étonnantes."

Être artiste, ce n'est pas compter, mais vivre comme l'arbre sans presser sa sève, attendre l'été, l'été vient mais il faut avoir de la patience (...). Personne ne doit m'apporter aide, conseil, stimulant. Tout doit se passer en moi. C'est avec le besoin intérieur, intime qu'il faut dessiner et ce n'est que comme cela que je ferai, si je puis, du bon dessin, de la bonne peinture.

Il écrit comme il dessine, avec cette sobriété d’expression qui dit tout.

Son unique obsession s'appelait la peinture. Elle était son souffle, sa vie, son sang.

Marc Chagall disait de lui : "Il était innocent, il avait une force cosmique".

Et Georges Braque, son ami : "Dans n'importe quelle voie où il s'engageait ou se serait engagé, on était sûr enfin de rencontrer un peintre. C'est le plus sûr garant".

Je peins comme je peux, et j’essaie chaque fois d’ajouter quelque chose en enlevant ce qui m’encombre

On ne peint jamais ce qu'on voit ou croit voir, on peint à mille vibrations le coup reçu, à recevoir, semblable, différent.

Lettre à sa mère :
Toute l’après-midi, j’ai effacé des dessins (…). Parfois la distance de mon travail à mes rêves me fait rire, Maman, rire de moi avec tristesse.

….Romain Gary, jeune diplomate membre de la délégation française aux nations unies arpente religieusement les différentes salles. Bouleversé par cette peinture, il se procure l’adresse de la rue à Gaudet et écrit à Staël ; …. Vous êtes le seul peintre moderne qui donne du génie au spectateur. Chaque toile ouvre des possibilités de rêve absolument étonnante.

Aller jusqu'au bout de soi...tour de passe-passe ,acrobate et compagnie,la mort.

L'individu que je suis est fait de toutes les impressions reçues du monde extérieur depuis et avant ma naissance (1951 réponse de NDS au questionnaire du musée d'Art moderne de New York