Citations sur Tatoué·e (12)
C’est un peu comme une chasse au trésor, j’ai l’impression d’être un archéologue à la recherche d’un immense savoir perdu. Je lis les tranches, les titres défilent. Il y a de tout. Beaucoup de romances, quand même. Des polars aussi. Des recueils de poésie. De la philosophie. De la politique. Ces derniers ne m’intéressent pas du tout. Alice n’en finit pas de m’étonner. Cette fille est comme une grande et belle poupée russe : chaque fois qu’on pense la connaitre, la comprendre, on découvre une nouvelle poupée, une nouvelle facette. Et je ne sais pas combien se cachent en elle.
J’y vois plein de choses. C’est un peu tiré d’univers steampunk qui m’ont toujours fascinée. Je suis persuadée que dans quelques décennies les hommes auront tellement tout ravagé qu’ils déclencheront une catastrophe planétaire. Alors, la nature reprendra ses droits, ensevelissant les ruines de nos sociétés. D’où ce mélange un peu étrange, mais que j’aime beaucoup.
Il y a, probablement une part d’exotisme dans cette fille qui m’attire. C’est drôle, de dire ça dans un pays où c’est plutôt moi, l’exotique. Mais elle semble tout droit sortie d’un conte, d’un imaginaire nordique ou de je ne sais quelle île septentrionale. Pour un géorgien, c’est la princesse de ses rêves.
Je refuse de vivre ça à nouveau. L’amour, les sentiments, ça se construit. Ce qu’on peut avoir immédiatement, c’est juste du plaisir. Un peu de passion, peut-être.
Elle est splendide. Elle me fait penser à une fée, je n’arrive plus à distinguer les voiles de sa chevelure flamboyante. Elle a une grâce hors du commun. Même en jogging, elle m’hypnotise.
Aujourd’hui, je fais attention à ne pas jouer avec les sentiments des autres. Il est hors de question de m’amuser sans prendre conscience des conséquences possibles. Je ne referai pas les erreurs du passé. Quant à Alice, je ne fais pas partie de son éventail d’options. Elle ne me voit que comme un collègue, un ami peut-être, à terme. Mais je ne pourrais, malheureusement, pas rêver de plus. Du coup, j’essaie de fermer mes sentiments. Ne pas donner trop d’importance aux clins d’œil de Jean, ne pas espérer quoi que ce soit des sourires d’Alice.
Ça ne change rien à notre amitié. Enfin, je crois. Ce n’est pas comme s’il me draguait. J’ai un doute sur la manière de réagir. Je ne dois pas faire comme si c’était important, mais en même temps je ne dois pas mépriser l’information. En gros, je suis dans la merde. Et vu la tronche hilare qu’il tire, ça doit se voir.
Elle me fait un peu peur. On dirait une sorte de châtelaine. Une noble dame qui regarde de haut le souillon que je suis. Elle a de grands yeux noirs relevés par un subtil maquillage aux teintes prune. Elle est très belle, majestueuse, de petites lèvres fines, des joues légèrement creusées qui rehaussent ses pommettes, un corps tout en longueur amouraché de deux belles fesses rondes. Une sorte de pin-up qui se serait trompée d’époque.
Je me suis levé tôt le lendemain pour me préparer un bon café. Depuis que j’en ai goûté un vrai, il y a presque cinq ans de cela, lorsque je fus accueilli par un lointain cousin, je ne peux plus m’en passer. Je n’en avais pas de si bons en Géorgie. Et même si les Parisiens s’enorgueillissent de faire le meilleur, j’ai bien envie un jour de faire un tour en Italie pour vérifier. Ou mieux, en Amérique du Sud. Si je suis encore obligé de bouger, c’est là que j’irai.
Si je ne les ai jamais vus en pleine action, je ne rate rien de leurs ébats : les murs ne sont pas très épais. Elle me fait un sourire aguicheur et se lève sur la pointe des pieds pour frôler mon oreille de ses lèvres gourmandes.