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Critique de Ericpct


Cet excellent livre offre une plaisante somme de savoirs sur la vie d'Agrippine la Jeune, et donc sur l'histoire de Rome à l'époque. Sa mère, Agrippine l'Ainée, a eu une existence tout aussi riche, mais hélas, la littérature continue de la bouder...
J'écris littérature à dessein, car Pierre Grimal expose sa grande érudition avec un remarquable talent de conteur. Certes, en termes de "Mémoires de", j'estime que rien ne pourra jamais rivaliser avec le sublime "Mémoires d'Hadrien" de la grande Marguerite Yourcenar, mais on tient ici le récit instructif et haletant d'un enchaînement d'événements qui montre combien le système politique mis en place par le divin Auguste condamne le dépositaire de la fonction suprême à la paranoïa et ses proches à l'angoisse permanente d'être suspectés de complots en tout genre.
Tout cela est donc par construction présenté ici par Agrippine, mère de Néron. On ne doit donc pas s'étonner de ne jamais penser à la mante religieuse ni à la veuve noire, même si on ne peut que constater la propension des époux successifs de la fille de Germanicus à vite poser les deux pieds sur la barque de Charon.
Le plus souvent ,Pierre Grimal narre les faits avec équilibre et objectivité. Je lui sais gré d'appeler toujours le successeur de Tibère Gaius, sans jamais lui infliger le sobriquet du temps de l'enfance que l'intéressé n'aurait pu tolérer d'être prononcé en sa présence une fois devenu Imperator! Pierre Grimal prend grand soin de se tenir à l'écart des excès et des élucubrations d'un Suétone, par exemple, et tout l'ensemble atteint ainsi un haut de gré de crédibilité. Néanmoins, j'ai du mal à le suivre lorsqu'il semble souscrire à la thèse selon laquelle Messaline aurait réussi à convaincre les matrones des familles les plus en vue à Rome de se prostituer au Palatin. La charge est exagérée, caricaturale. Certes,, Messaline avait certainement une libido débridée - affirmation toutefois gratuite de notre part, nous n'étions pas sur place pour tenir la lampe à huile que je sache - et elle n'était après tout qu'une gamine lorsqu'elle a épousé le vieux Claude. de là à en faire la mère maquerelle d'un lupanar impérial au coeur même du Palatin... Permettez-moi de rester sceptique.
Autre réserve: malgré son éblouissant talent, l'auteur ne rend pas l'arbre généalogique des Julio Claudiens accessible au néophyte. Arbre très touffu tant il y a de mariages et de remariages sur les cinq générations, du dieu Auguste à Néron, et le fait que les enfants portent très souvent le même nom que leurs parents accentue le fouillis. Mieux vaut s'aider d'un diagramme pour s'y retrouver et penser à numéroter les Drusus!
Enfin pour ce qui est de Néron, je ne peux m'empêcher de rappeler, en citant Margaret George qui a commis un excellent roman en deux tomes sur le dernier Julio Claudien qu'"il n'était pas un empereur qui se faisait artiste, mais un artiste que la volonté de sa mère avait fait empereur". "Qualis artifex pereo!"
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