Elle murmura quelques mots compatissants dépourvus de la moindre sincérité.
Jury tourna le dos au parapet, sortit un nouveau paquet de cigarettes et en arracha lentement le rabat. Wiggins, comme pour une communion de compagnonnage avec son supérieur, sortit une boîte neuve de pastilles contre la toux.
Partie IV, chapitre 14
Arnold était un pur terrier du Staffordshire, de la couleur d'un pudding du Yorkshire ou d'un beau xérès sec. L'assurance déroutante du regard de ses yeux noirs incitait à penser qu’il n'était nullement un chien mais quelqu'un qui interprétait ce rôle, revêtu d'un costume de chien à fermeture Éclair. C'était aussi un chien silencieux ; il n'aboyait qu’avec parcimonie. Comme s’il avait conclu qu'on n'arrive à rien dans la vie avec de simples coups de gueule. Les autres chiens du village le suivaient, mais respectueusement, à distance. Arnold était un chien estimé. Chaque fois qu’il s'en allait, flairant les trotoirs et les ruelles, il donnait toujours l'impression de suivre une piste importante.
Partie I, chapitre 3
- Voudrais-tu aller chercher ton père, s'il te plaît, tu serais un gentil petit gars.
Bertie fronça les sourcils.
- Mon p'pa, il est mort.
- Oh. Navré. Eh bien, puis-je dire un mot à ta mère, alors ?
Un bref silence.
- Maman n'est pas là. Il n'y a que moi et Arnold.
- Ma foi, peut-être que cet Arnold ne verrait pas d'inconvénient à me parler. Scotland Yard m'a demandé de passer, fut content d'ajouter Melrose.
- J'ose espérer que nous n'avons pas interrompu votre repas, dit Melrose, remarquant le sombre reste d'un sandwich ainsi qu'un verre encroûté de lait, tous deux ayant l'air de dater de plusieurs jours, posés au bord de la table.
"Un peu" fou ?
Quelle curieuse façon de s'exprimer.
Perdre l'esprit, c'est sûrement comme perdre sa virginité.
On perd un peu, on perd beaucoup.
Vous savez, j'ai parfois l'impression que les meurtres sont commis dans le passé, pour ainsi dire.
L'intention foncière était de tuer quelqu'un il y a longtemps - et il a fallut tout ce temps pour traîner ce sentiment...
comme un cadavre, réellement.
Jusqu'à ce qu'on réussisse finalement à passer à l'acte.
Et que l'on jette le cadavre dans le présent.