AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Une acquisition impromptue en fouinant… au hasard…et j'en suis ravie !

Ce 6 Mai 2021, paraîssait le cinquième roman de Caroline Grimm [ "Ma double vie avec Chagall" aux éditions Héloïse d'Ormesson.]

Un roman bien documenté ,nous relatant la vie de Marc Chagall à travers la voix de sa femme adorée, Bella…Sa première femme, muse, compagne, complice, amie, son « éternelle fiancée ». le récit , en très grande partie, se fait à la seconde personne.. Bella tutoyant et s'adressant à Chagall, tout en racontant son parcours, les difficultés, les angoisses de l'artiste tentant de vivre de son art, la montée de l'antisémitisme, les manques d'argent et de reconnaissance…

. Une plume alerte pour nous faire partager la genèse, la joie, les sources d'inspiration des oeuvres de Chagall. de Vitebsk à Paris en passant par Berlin, Moscou et New York. Cet art unique, flamboyant auquel Chagall consacre toute sa vie et ses forces…face à toutes les adversités, les persécutions antisémites, l'exil, le manque à tous les deux de leur terre russe, natale…Chagall , sa vie , c'est sa peinture et Bella, son amour fou, son modèle, son inspiration, son « ange-gardien » constant !

Une lecture très agréable qui m'a fait reparcourir la vie et le parcours artistique de Chagall… Appris de nouveaux éléments sur ce peintre singulier, dont sa grande amitié avec Cendrars…que j'ignorais.
« C'est ton nouvel ami Blaise Cendrars (...)
Votre amitié est foudroyante, riche et ensoleillée. Tu aimes son esprit ardent, plus sensible qu'aucun autre à ta peinture, à ton ivresse créatrice. Ses poèmes font miroir à tes tableaux. Il est toujours juste. le français est sa langue maternelle, bien qu'avec toi il parle couramment le russe, ce qui te réchauffe l'âme et rend vos conversations passionnantes. Cendrars est le seul autorisé à débarquer de nuit dans ton atelier. (...)
L'amitié de Cendrars, les poèmes qu'il te dédie, son soutien en plein cubisme, sont une chance et un soulagement. (p. 42)”

Mais aussi les nombreuses rencontres essentielles, positives qui sauveront plusieurs fois Chagall et les siens : Vollard, qui le soutint financièrement, l'encouragea dans son oeuvre, Paulhan [ qui lui permit , aux pires moments , en France, d'émigrer en Amérique ], le fils du peintre, Pierre Matisse, galériste célèbre, qui, après l'avoir exposé sans succès à Paris, une première fois, le fit à plusieurs reprises, aux Etats-Unis, et fut pour lui un marchand loyal et très bienveillant…

Quelques rappels bienvenus comme cette commande du plafond de l'Opéra Garnier [ en 1964 ]…, par le plus célèbre des ministres de la Culture, André Malraux [ce qui ne faisait pas l'unanimité , loin s'en faut !! ]
« Aux yeux de ce ministre audacieux [Malraux ], courageux, tu représentes la modernité malgré ton grand âge. Il ne pouvait te faire de plus beau cadeau pour ton anniversaire. Nous sommes le 7 juillet 1964, aujourd'hui tu as soixante-dix-sept ans. (...)
Dans le Tout-Paris, on critique déjà Malraux pour son mépris des dorures et des moulures du Second empire et son choix d'un peintre aux couleurs criardes. Tu veux leur prouver qu'ils ont tort. Une fois le plafond amovible installé, le public comprendra, plus personne ne voudra le démonter, ils auront sous les yeux ta déclaration d'amour à la France. Tu ne vises qu'à mettre en valeur ce chef-d'oeuvre, ce merveilleux écrin pour la musique et la danse qu'est l'opéra Garnier. (p.11)”

Sinon , J'ai appris combien le célèbre marchand d'art, Ambroise Vollard aida Chagall, lui proposa , en dehors des expositions de ses toiles, d'illustrer La Bible, Les Fables de la Fontaine [ là aussi, encore et encore des hauts cris… contre le choix d'un artiste juif !!! ] , ainsi que « Les âmes mortes » de l'écrivain russe , Gogol

Il est aussi beaucoup question des amis , Bella s'ingéniait à recevoir, à créer une maison, un lieu chaleureux, ouvert , autour de son artiste de mari, trop souvent dans le doute et les angoisses: Cendrars, le couple Delaunay, les Maritain, etc.

Bella , mit en sourdine, ses propres talents et sa propre vie pour l'oeuvre de son époux… Caroline Grimm nous fait bien percevoir le poids énorme qui pesait sur les épaules de « l'éternelle fiancée »… qui mourut prématurément, usée moralement.

Elle se battit d'arrache-pied, en se lançant dans la traduction de l'autobiographie de Chagall, et écrivit, à son tour ses propres souvenirs, « Lumières allumées » [que je serai très curieuse de lire].
Il ne faudrait pas omettre, parallèlement , d'autres sujets tragiques évoqués dans ce roman :La grande Histoire et ses épisodes barbares, à répétition… les pogroms, les persécutions perdurantes contre les Juifs, à travers le monde… lors des 1ere et seconde guerres mondiales !

Je découvrais pour la toute première fois la plume de Caroline Grimm, et je suis très heureuse de ce moment ,en sa compagnie , celle de Bella Chagall, ainsi que de l'artiste, Chagall et de leur fille unique, Ida…
Choix narratif intéressant, rendant l'ensemble plus vivant, aussi coloré que les toiles de Chagall. Un ouvrage réussi dont j'ai très envie de parler aux amis et autour de moi….

[acquis le 12 mai 2021- Librairie Caractères / Issy-les-M ]
Commenter  J’apprécie          6210



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}