Et on a peur, on a honte, on a mal : pourquoi la vie a-t-elle été si horrible, n'est-ce pas de ma faute, de notre faute ? Pourquoi sommes-nous en vie ?
Ce qu'il y a de plus magnifique au monde, c'est le cœur vivant de l'homme. Sa faculté d'aimer, de croire, de pardonner, de tout sacrifier au nom de l'amour, est une chose magnifique. Mais les cœurs vivants dorment d'un sommeil éternel dans la terre des cimetières.
L'âme d'un homme qui est mort, son amour et son malheur, on ne peut les voir ni les surprendre sur les pierres tombales, dans les inscriptions des monuments ou les fleurs poussant sur un tertre. Son mystère, la pierre, la musique, les pleurs et les prières sont impuissants à le rendre.
Devant le caractère sacré de ce mystère muet, tout est méprisable : tous les tambours et toutes les trompettes de cuivre de l'Etat, la sagesse de l'histoire, la pierre des monuments, le hurlement des mots et des prières pour les défunts. C'est cela, la mort.
(dans "Repos éternel)
[...] il n'y a pas que des orages dans l'existence.
Il semble parfois que les tracas ordinaires et quotidiens liés au travail, à l'amour, à l'amitié, soient aussi pénibles que les orages de la vie.
(dans "Repos éternel")
La Madone avec son enfant dans les bras, c'est ce qu'il y a d'humain dans l'homme, et c'est là son immortalité.
En regardant la Madone Sixtine, notre époque y discerne son propre destin. Chaque époque contemple cette femme avec son enfant dans les bras et, entre les hommes de générations différentes, de peuples, de races et de temps différents, surgit une fraternité tendre, émouvante et douloureuse. L'homme prend conscience de lui-même, de sa croix, il comprend soudain le lien merveilleux qui existe entre ce qui vit aujourd'hui et tout ce qui a été, tout ce qui sera.
Ce tableau nous dit combien la vie doit être précieuse et magnifique, et qu'il n'est pas de force au monde capable de l'obliger à se transformer en quelque chose qui, tout en ressemblant extérieurement à la vie, ne serait plus la vie.
La force de la vie, la force de ce qu'il y a d'humain en l'homme est immense, et la violence la plus puissante, la plus absolue, ne peut asservir cette force, elle peut seulement la tuer. C'est pour cela que les visages de la mère et du fils sont si sereins : ils sont invincibles. En ces temps de fer, la mort de la vie n'est pas sa défaite.
À propos du tableau La madone sixtine de Raphaël
Plus les profondeurs de la vie sont immuables, plus les changements à la surface de l'océan sont brutaux.
On constate que les tempêtes vont et viennent mais les profondeurs de la mer, elles, demeurent.
Repos éternel
Le monde entier, toute l'immensité de l'Univers, c'est l'esclavage résigné de la matière inanimée, seule la vie est le miracle de la liberté.