Après deux heures de délibération, durant lesquelles le jury ne cesse d'entendre sous leurs fenêtres : « À mort ! À mort ! À mort ! », La décision est rendu. Le jury, en répondant oui à toutes les questions et en refusant les circonstances atténuantes, condamne l'accusé à la peine de mort. Le verdict est accueilli sans un mot dans la cour d'assises. Seul Christian Ranucci si murmure plusieurs fois : "ils sont fous, ils sont fous, ils sont fous !"
L'avocat finit en citant Victor Hugo : "Le sang se lave avec les larmes, non avec le sang."
Tout le problème avec la peine de mort, c'est qu'elle est une peine absolue et définitive administrée dans un monde où tout est relatif et en mouvement.
Le soir même, le journal de 20 heures consacre un large sujet à l'exécution de Christian Ranucci, mais la grande nouvelle du jour est la possible victoire de Guy Drut aux jeux Olympiques de Montréal. En fin de soirée, heure française, le champion décroche la médaille d'or du 110 mètres haies en treize secondes et trente centièmes. La France monte sur la plus haute marche du podium pour la première fois.
L'or efface le sang.
Je n'ai pas d'avenir depuis l'âge de six ans, je suis transparent.
L'affaire Ranucci n'est pas une erreur judiciaire mais c'est une erreur de justice.
L'époque est moins portée à la psychologie qu'aujourd'hui. On n'envisage pas alors que les évènements tragiques puissent causer des traumatismes sérieux et durables sur ceux qui en sont témoins. Le petit Jean n'est pas considéré comme une victime. Au contraire, son père le considère coupable d'avoir laissé partir sa sœur.
L'époque est moins portée à la psychologie qu'aujourd'hui. On n'envisage pas alors que les évènements tragiques puissent causer des traumatismes sérieux et durables sur ceux qui en sont témoins. Le petit Jean n'est pas considéré come une victime. Au contraire, son père le considère coupable d'avoir laissé partir sa sœur.
Ce regard réprobateur est bien lourd pour le garçon. Personne ne prend la mesure du poids écrasant qui pèse désormais sur le petit Jean. Personne pour l'accompagner dans cette épreuve terrible qui ne fait que commencer. L'enfant s'enferme dans son malheur. Personne pour lui donner la clé. Personne pour le réconforter. Il dira plus tard, drôlement, que depuis qu'il a six ans, il n'a plus d'avenir.
Jean-Baptiste Rambla apparaît prisonnier de ce 3 juin 1974, qu'il semble condamné à vivre et revivre tel le héros tragique d'un jour sans fin.
Deux journalistes, Alex Panzani du quotidien La Marseillaise et Pierre Bernard du Provençal, sont venus faire le tour des bureaux de l’Evêché, à l’affut d’une bonne histoire. En ce lundi de Pentecôte il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent. L’info du week-end a été essentiellement consacrée aux accidents de la route. Près de Salon-de-Provence un automobiliste a fait demi-tour sur l’autoroute : 3 morts, 6 blessés. En tout on compte 94 morts, 1 123 blessés dont 389 grièvement. La Pentecôte est meurtrière.
Sujet plus léger : l’apparition du monokini sur les plages. Certaines femmes le pratiquent même à la piscine où un coin leur est réservé afin de ne pas choquer les enfants. Les adeptes se multiplient et revendiquent fièrement cet acte de liberté : « Pour éviter les marques de maillots et aussi parce que nous nous sentons plus à l’aise. Nous avons fait sauter notre carcan ! » A Saint-Tropez, terre d’insolence, c’est carrément le string qui sera à la mode cet été. Voilà le genre d’informations que les journaux développent quand ils n’ont rien à raconter.