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Critique de kielosa


Il y a quelques jours, il m'est arrivé de mentionner le nom du super espion, Markus Wolf, à l'occasion d'e la critique d'un ouvrage de Kat Kaufmann. Je savais que son père Friedrich était dramaturge et que son frère Konrad régisseur de cinéma, mais une Catherine Wolf m'était inconnue au bataillon. Comme le chef des renseignements extérieurs de la Stasi (la police politique de l'ex-allemagne de l'est), m'intrigue depuis des années, je n'ai pas pu résister à la tentation de me commander l'ouvrage de Gérard Guégan au titre racoleur de : "Markus Wolf avait une soeur, je l'ai aimée". Qu'un Français puisse avoir une liaison avec la soeur du maître de l'ombre tout-puissant de la RDA ( République démocratique allemande), faisait surgir une ribambelle de questions, telles :

Quand ? Où ? et Comment ?

En 1960, Gérard Guégan était ce qu'on appelle un "angry young man" , un jeune homme mécontent et attaquant l'ordre établi. Né à Marseille en 1940 et d'origine très modeste, il militait pour les jeunesses communistes et c'est ainsi, qu'avec quelques camarades il partit pour la RDA. Seulement Berlin était pour eux ville interdite et ils se retrouvaient à Dresde. Sa chance tourna, lorsqu'il rencontra une jeune journaliste de la radio locale, de qui il tomba amoureux. Comme le note l'auteur : "... je n'avais en ce temps-là d'autre détermination que de faire passer les parties de jambes en l'air avant la défense du Camp socialiste et des Démocraties populaires." Et c'est ce qui se passa avec cette Catherine, dont il ignorait tout. Grande était sa surprise lorsque celle-ci réussit à lui obtenir l'autorisation d'une visite à Berlin sur la base d'un simple petit coup de fil. Vous l'avez sûrement deviné que le destinataire de cet appel était son demi-frère, de 17 ans son aîné, prénommé Markus. Fanatique de cinéma, notre jeune français croyait rêver lorsque la gentille "fräulein" lui proposa de rencontrer son (autre) frère, le cinéaste Konrad Wolf (1925-1982), d'après qui l'académie du cinéma, où Kat Kaufmann fit ses études, fut nommée.

Cet intermezzo amoureux fut de courte durée, en fait le temps du bref séjour de notre auteur dans ce paradis communiste. Longtemps après, Gérard Guégan (père de 7 enfants, maintenant) a essayé de découvrir ce que sa dulcinée d'un printemps était devenue. Catherine Wolf, née à Toulon en mai 1940, d'un père juif en fuite pour les nazis, l'écrivain Friedrich Wolf (1888-1953), l'auteur du best-seller "Professeur Mamlock", et d'une amie, l'ex-communiste allemande Ruth Herremann, maria un Grec, Vangelis Gittis, avec qui elle a eu 2 enfants Markos et Andreas et parti avec lui à Cuba. Dans l'île de Fidel Castro ses problèmes se multiplièrent et sa santé mentale déclina, au point qu'elle dut être rapatriée à Berlin, où elle se jeta du huitième étage d'un bâtiment en 1989. Elle avait tout juste 50 ans.

Mais où est donc Markus Wolf ?

Entre-temps, j'attendais impatiemment l'arrivée sur scène de Markus Wolf, mais fus fort déçu : son nom apparaît pour la première fois à la page 42 et lui-même jamais ! J'aurais voulu connaître les impressions d'un Français du sphinx de la diplomatie parallèle, après les descriptions romanesques que le grand John le Carré en a fait par son personnage Karla, inspiré par ce Markus, dans 3 de ses livres : "La Taupe", "Comme un collégien" et "Les Gens de Smiley". Ainsi que Frederick Forsyth, qui, le fait bel et bien apparaître dans son oeuvre "Le manipulateur" de 1991.

Celles et ceux curieux d'apprendre plus sur cet homme, après tout fascinant, je recommande de Maurice Najman "L'oeil de Berlin: Entretiens avec le patron des services secrets est-allemands" de 1992 et surtout de Markus Wolf lui-même "L'homme sans visage" de 1998, publié 8 ans avant sa mort.

Je regrette de ne pas pouvoir en faire autant pour l'ouvrage de Gérard Guégan et cela pour 2 raisons : on n'apprend virtuellement rien sur le personnage-clé dont le nom est cependant en toutes lettres dans le titre et deuxièmement je n'aime guère le style de son écriture : sa façon de sauter du coq à l'âne, le mélange d'argot avec des tournures de phrases à la mode, ainsi que la multiplication interminable de noms d'auteurs, cinéastes, journalistes etc. Dans cet épos, Gérard Guégan est loin de la qualité de son essai "Fontenoy ne reviendra plus", qui lui a valu, en 2011, le Prix Renaudot.



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