Le prénom de la narratrice est Annette, et non Monique, mais il y a sans doute une bonne dose d'autobiographie dans ce roman qui retrace un peu plus d'une année de sa vie de prof de français non loin de la retraite : ses relations avec des élèves sortant du lot, en haut ou en bas de l'échelle de notation ; les rapports avec ses propres enfants, jeunes adultes, et notamment la benjamine, hypersensible ; les discussions avec sa tante, mémoire de la famille, du moins avant qu'un AVC ne tourneboule quelque peu son cerveau ; son flirt inavoué avec un chef de choeur au prénom désuet mais joli, Odilon ; ses inquiétudes quant au devenir du vieux moulin familial, propriété de sa tante, où Annette vient se ressourcer, menacé par la construction de la LGV Paris-Bordeaux (la "pièce des Tombeaux" du titre est un champ où des fouilles archéologiques ont mis au jour des vestiges carolingiens, en particulier des squelettes d'hommes et de femmes manifestement assassinés). Tout en s'inscrivant totalement dans le présent, le roman ne cesse de se référer au passé, voire d'en imaginer des épisodes : chaque chapitre, intitulé du nom d'une des fêtes chrétiennes ou païennes rythmant l'année médiévale, débute par un tableau de la vie quotidienne d'Adalbaude, lointaine aïeule d'Annette – ou plutôt de sa tante ? – habitant au même endroit onze siècles auparavant, à l'époque carolingienne donc, et assistant avec effroi à l'arrivée des Vikings remontant le cours du fleuve Charente.
Usant d'une écriture nerveuse (un peu trop à mon goût), l'auteure fait montre d'une grande culture qu'elle restitue habilement, avec émotion et poésie, sauf hélas dans un domaine où elle est, de son propre aveu, "incorrigible" : la grammaire.
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