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3,84

sur 2478 notes
Me voilà bien perplexe après cette lecture... Il me faut à présent tenter d'expliquer d'où vient ce sentiment de malaise qui m'a saisie après le premier tiers du livre et a rendu la fin de mon parcours assez pénible. Ce n'est pourtant pas la première fois que je saisis l'occasion offerte par un romancier d'explorer les versants les plus noirs de l'âme humaine en se glissant dans la peau et dans la tête des pires salauds que la terre ait portée. le principe ne me gêne pas a priori. Alors ?

On ne peut pas taxer non plus Olivier Guez de complaisance. En retraçant les trois décennies de la vie de Mengele en Amérique du sud, il ne cherche jamais à provoquer la sympathie ou même la pitié envers ce criminel qui d'abord se cache, aidé en cela par les gouvernements argentins, paraguayens puis brésiliens, puis se terre, hanté par la peur d'être déniché par les chasseurs de nazis qui ont déjà efficacement montré de quoi ils étaient capables en enlevant Eichmann pour le juger et l'exécuter en Israël. L'auteur met sa plume au service de la compréhension de la nébuleuse qui a permis au bourreau d'Auschwitz de mener impunément sa vie à son terme. Réseaux d'anciens nazis et de collaborateurs aidés par les entrepreneurs allemand, amnésie de la scène politique allemande et internationale, complicité des dictatures sud-américaines et même quelques bourdes ou mésententes des services secrets israéliens sont autant de mailles trop lâches d'un filet qui n'a jamais pu se refermer. En faisant cela, il n'épargne aucun des protagonistes de cette odieuse organisation. A commencer par le "héros" lui-même :

"Sa femme Irene l'avait remis sur pieds. Arrivée à Auschwitz pendant l'été, elle lui avait montré les premières photos de leur fils Rolf né quelques mois plus tôt et ils avaient passé des semaines idylliques. Malgré l'ampleur de sa tâche, l'arrivée de quatre cent quarante mille juifs hongrois, ils avaient connu une seconde lune de miel. Les chambres à gaz tournaient à plein régime ; Irene et Josef se baignaient dans la Sola. Les SS brûlaient des hommes, des femmes et des enfants vivants dans des fosses ; Irene et Josef ramassaient des myrtilles dont elle faisait des confitures. Les flammes jaillissaient des crématoires ; Irene suçait Josef et Josef prenait Irene. Plus de trois cent vingt mille juifs hongrois furent exterminés en moins de huit semaines".

Insoutenable. Tout comme la suite, la complaisance pendant toutes ces années. le romancier nous campe un Mengele aux abois, certes rongé par la peur mais toujours convaincu d'avoir oeuvré pour le bien du peuple allemand et sans l'once d'un remord. La force de son écriture fait mouche : on est choqué, voire dégoûté... et ?

Et alors je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir en tête pendant toute ma lecture le livre de Mémoires de Beate et Serge Klarsfeld qui ont consacré leur vie à la chasse aux criminels nazis et surtout à celle de leurs complices même implicites. Ceux qui préféraient "oublier" et passer à autre chose et qui sont la cause de beaucoup de temps perdu dans la traque. Et je ne peux pas m'empêcher de penser que ce roman n'apporte pas grand-chose en regard de ce fantastique travail. Et que peut-être, cette fois-ci la forme romanesque me gêne pour évoquer cette figure inqualifiable.

Je comprends que ce livre puisse fasciner, son écriture oeuvre dans ce sens. Mais je reste sur mon sentiment de malaise, plus encline à conseiller le livre des Klarsfeld à quiconque voudrait avoir une vision plus exhaustive des enjeux de ces traques pour l'avenir de l'humanité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Un roman intéressant sur la cavale de Josef Mengele – un médecin sadique d'Auschwitz qui a échappé à la Justice en se réfugiant en Amérique du Sud. le texte est écrit sous la forme d'une exo-fiction : on suit concrètement le bourreau dans sa nouvelle vie, entre 1949 et 1979. le roman est composé de deux parties : la période « Pacha » en Argentine, où les nazis se la coulent douce, et la période « Rat » où il est traqué au Brésil par les chasseurs de Nazis.

Ce qui m'a passionné dans ce livre, ce sont les ambiguïtés de l'après-guerre en ce qui concerne la réintégration des anciens nazis. L'arrière-plan du roman est l'influence des systèmes de pensées sur le destin des hommes, il y a des passages brillants sur ce thème. Certaines pages sur Auschwitz sont assez glaçantes. Mais de manière générale, l'idée de suivre l'après-bourreau, plutôt que l'avant et le pendant, m'a beaucoup plu.

L'écriture est plutôt rythmée, sans excès de style. le roman se lit très vite, j'ai eu du mal à le lâcher. Je l'ai trouvé passionnant !
Lien : Https://evanhirtum.wordpress..
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Un récit remarquable basé, on le devine, sur de longues heures de travaux de recherche dans les archives et les témoignages divers. L'après-Auschwitz a été en effet, pour l'un de ses plus célèbres bourreaux, la mise en place d'un large jeu de piste entre l'Europe et l'Amérique du Sud.
On apprend ainsi dans ce roman d'Olivier Guez de quelle manière et dans quel but Perón a récupéré les anciens dignitaires nazis dans son pays. Ahurissant...
L'auteur ne nous le rend pas sympathique, ce Mengele, cet "Ange de la Mort", que tout le monde connaît parce qu'une dose maximale de cruauté coule dans ses veines, et c'est tant mieux. On a même l'impression qu'il prend plaisir à le décrire en bête traquée puis en vieillard malade...

J'ai apprécié la lecture de cet essai romancé même si je regrette justement que le document prenne le pas sur le récit par moments.

Je terminerai ma critique par ces mots que je trouve très justes de la part de l'auteur: "Toutes les deux ou trois générations, quand la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal. [...] Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes".
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Ce récit est identifié comme roman mais c'est, malgré quelques ajouts, un vrai récit historique qui se dévoile sous nos yeux. Olivier Guez s'est attaché à raconter la vie de Josef Mengele après la guerre et sa fuite en Argentine, où il s'invente une nouvelle vie sous le nom d'Helmut Gregor. Il espère vivre tranquillement en profitant de l'argent de la prospère entreprise agricole familiale. Incroyablement bien documenté, il trace à grands traits le rôle de Mengele pendant la guerre puis entre dans l'Histoire de l'Argentine des années 50, décrit la vie des Argentins, l'arrivée au pouvoir des Peron et leur rôle dans l'accueil des ex nazis. Une belle époque où Mengele rencontrera le boucher de Riga, Roschmann, le maitre d'oeuvre de la solution finale, Eichmann, l'as de l'aviation Rudel et tant d'autres. Ces hommes vivent dans la nostalgie d'une époque et d'un pouvoir qu'ils s'appliquent à faire revivre depuis leur exil. Une décennie qui permit à nombre de tortionnaires de se refaire une identité et d'échapper à la justice en changement simplement de nom. Jusqu'à ce que toutes les horreurs de la guerre ne soient reconnues et leurs auteurs recherchés dans les années 60, par le Mossad et Simon Wiesenthal.

Dans ce récit qui se lit comme une enquête, Olivier Guez nous emmène de Günzburg ville natale de Mengele à Serra Negra au Brésil, en passant par Buenos Aires, Bariloche et le Paraguay. Il nous décrit la beauté des paysages, la douceur de la vie en exil -malgré la crainte d'être découverts, les nazis vivent confortablement- et l'indécence de cette vie dorée après les horreurs commises en temps de guerre.
Ensuite viendront la fuite, l'errance, les planques successives et finalement la mort.

Olivier Guez, journaliste au journal le Point, tente, après dix ans de recherches, de reconstituer le parcours de Mengele, ce savant fou, sans aucune empathie, qui a torturé des milliers de personnes sous prétexte de recherches scientifiques les plus folles. Il nous dépeint un homme traqué, ne comprenant pas l'acharnement et la détestation que l'on a de lui et de « son oeuvre ». Il assiste à sa chute sans jamais juger et nous la raconte de manière captivante.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre captivant. Il aurait pu être un coup de coeur si l'écriture m'avait séduite.
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Incroyable et terrifiante histoire que celle de la vie d'après-guerre de Mengele : plus de 30 ans de fuite en Amérique du Sud avant sa mort sur une plage brésilienne.

C'est le portrait d'un homme sans remords, fidèle aux idées nazies jusqu'au bout, et qui ressasse sa gloire et sa puissance passées. C'est aussi le portrait d'un homme pathétique et minable, dans la plainte permanente et qui vit comme une injustice son sort de fuyard.

En narrant avec précision son parcours, l'auteur retrace le contexte géopolitique de ces années : la fin de la guerre, l'Argentine accueillante pour les nazis, la guerre froide, Israël qui recherche le criminel puis n'en fait plus une priorité…

Ce que j'ai trouvé de plus inconcevable, c'est l'aide dont Mengele a pu bénéficier dans sa fuite. Je n'avais jamais eu conscience de ce réseau de solidarité basé sur une continuité de l'idéologie nazie, ancrée et assumée. Que ces fidèles, impressionnés par ses "exploits", le soutiennent moralement et financièrement, le protègent en prenant des risques pour lui, et ce malgré son comportement égocentrique et détestable à leur égard, cela me dépasse.

Le livre est richement documenté et l'auteur a su retranscrire toutes ces années avec fluidité et sans lourdeur en dépit du sujet difficile. Surtout, il a trouvé le style parfait pour raconter cette histoire : simple, sobre et efficace, avec une sorte de neutralité qui permet au lecteur de multiples émotions autour de ce personnage et des événements. Car ce livre poignant et terrible fait mal au coeur. Il appelle à la vigilance et met en alerte sur un passé qui n'est pas vraiment passé.
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Ce livre retrace les 30 ans de la cavale de Josef Mengele, un docteur SS du camp d'Auschwitz. Surnommé "ange de la mort", il était chargé de sélectionner les prisonniers aptes au travail et ceux qui seraient envoyés dans les chambres à gaz. Passionné de génétique et obnubilé par les théories racistes, il sélectionnait certains prisonniers pour son "zoo humain", un laboratoire dans lequel il se lançait dans d'abominables expérimentations, en particulier sur les jumeaux et les individus ayant des difformités physiques.

Mais l'auteur ne fait qu'évoquer ces faits et se concentre sur la cavale de Mengele débutée en 1949.
Une fuite romanesque et aux nombreux rebondissements, et pourtant je me suis souvent ennuyée. Aussi bien dans la première partie présentant les dix premières années de la cavale de Mengele quand, soutenu financièrement par sa famille il ne manque ni d'argent, ni de femmes ni d'amis que dans la deuxième partie lorsque la vie de Mengele bascule après l'enlèvement du criminel de guerre Eichmann en 1960.

Ce roman de non-fiction est très bien documenté mais sa mise en forme m'a rendue sa lecture laborieuse. Les personnages et leurs pseudonymes s'accumulent et le récit m'a semblé très long (alors que le livre comporte peu de pages).
L'auteur veut nous laisser juge de la logique de chacun des personnages et nous ouvrir les yeux sans ambiguïté: le mal existe et il est protégé. Mais au vu de l'histoire de cet homme mauvais qui a rencontré un système où ses actes ignobles étaient légaux, je m'attendais à un récit plus exaltant, angoissant, révoltant. Il m'a manqué de la fougue, du sentiment, de la rage pour décrire cet homme en proie à la solitude et à la paranoïa et sa fin miserable dans une favela de Sao Paulo à la fin des années 70.
Au final, j'ai eu l'impression de lire un long, un très long article, certes bien documenté, mais manquant de saveur et d'âme.
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Un récit qui fait froid dans le dos tellement il nous plonge avec réalisme dans la fuite de cet homme qui a commis les pires atrocités sans jamais éprouvé aucun remords. Une écriture limpide, réaliste sans jamais tombé dans la simple liste des horreurs commises. On connaît déjà l'histoire mais on se prend à espérer que cet homme sera tout de même jugé par ses victimes, ce qui n'est malheureusement pas arrivé.
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Si le personnage n'était pas aussi répugnant, " La disparition de Joseph Mengele " aurait pu devenir un road-movie passionnant. Heureusement l'écriture précise et réfléchie de Olivier Guez ne masque pas sa répugnance pour l'horrible docteur, et évite très habilement d'en faire un héros.
L'auteur a choisi une forme romanesque qui lui donnait sans doute plus de liberté, mais c'est bien un reportage au long cours qu'il nous propose. Si on en croit Olivier Guez, Mengele a échappé aux juges mais pas à son destin, et c'est quelque part réjouissant d'assister à sa longue déchéance.
Un récit intéressant à découvrir.

#LaDisparitionDeJosephMengele #OlivierGuez #LeLivreDePoche #lecture #livres #chroniques

Le quatrième de couverture :

1949 : Josef Mengele arrive en Argentine.

Caché derrière divers pseudonymes, l'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L'Argentine de Peron est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l'angoisse, ne connaîtra plus de répit… jusqu'à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.
Comment le médecin SS a-t-il pu passer entre les mailles du filet, trente ans durant ?...
Lien : http://lesbouquinsdesylvie.fr
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On ne dira jamais assez importance des machines outils agricoles parce que mine de rien grâce à celles de sa famille implantée en Allemagne, le criminel de guerre Joseph Mengele a pu poursuivre tranquillement sa vie en Amérique du Sud (espace bien connu des dictateurs en tous genres, quoi que le système se répand partout ...) après 1945
Le livre d'Olivier GUEZ est impressionnant et épouvantable : il décrit le quotidien d'un petit fonctionnaire sous le régime nazi (c'est bien difficile d'être un "médecin" tortionnaire et de devoir tout gérer par soi même sinon, c'est mal fait) et celui d'un homme en fuite, bien tranquille durant une longue période en Argentine (Merci PERON) avec tous ses petits copains nazis dont Eichmann avec soirées à thème "Reich" et discussions sur l'opportunité d'un retour au nazisme et la grande Allemagne. Il ne mourra que 30 ans après avoir fui l'Allemagne, malade et paranoïaque, mais trouvant toujours de "bonnes âmes" pour s'occuper de lui. Il aura le temps de divorcer de sa première épouse (qui lui préfère un marchand de chaussures) pour épouser la veuve de son frère, détesté car adoré par leur père, le puissant fondateur de la dynastie Mengele. Un bouquin magistral dans son effroyable ordinaire, loin des légendes urbaines de celui qui était surnommé "l'ange de la mort" d'Auschwitz.
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Josef Mengele représente une figure hors du commun dans l'histoire de la Shoah. D'abord pour ses responsabilités pendant la seconde guerre mondiale : fonctionnaire nazi fanatique et zélé, il fut nommé médecin en chef à Auschwitz de 1943 à 1945, une fonction qu'il occupa en véritable docteur Mabuse, envoyant à la mort des centaines de milliers de déportés. Ensuite par la manière dont il est parvenu à disparaître de la circulation après 1945. de ce point de vue, son itinéraire de fuyard est symptomatique des lacunes de la dénazification après la seconde guerre mondiale.
Olivier Guez raconte dans son roman historique, La disparition de Josef Mengele (éd. Grasset, Prix Renaudot 2017), le parcours clandestin de cette sinistre figure de la Shoah, des quartiers sinistres de Buenos Aires jusqu'à une ferme isolée de Nova Europa, en passant par le Paraguay de Stroessner ou l'Uruguay. C'est notamment là que Mengele épousa en 1958 en seconde noce Martha, sa propre belle-soeur.
En véritable détective, Olivier Guez nous prend par la main pour nous entraîner sur les pas du criminel de guerre, certes condamné par contumace, mais qui réussit grâce à ses nombreux soutiens en Amérique latine comme en Europe, à échapper à ses juges. En 1956, l'ancien médecin en chef et bourreau d'Auschwitz va même pouvoir revenir en Europe quelques mois pour voir ses proches, dont son fils.
Le lecteur découvre, effaré, une idéologie nazie bien vivace, que ce soit dans l'Argentine péroniste ou dans une RFA traumatisée mais peu encline à véritablement aider à la chasse aux criminels de guerre. En Amérique latine, les anciens fonctionnaires ou militaires du IIIe Reich peuvent trouver des soutiens ou, à tout le moins, de l'indifférence, sinon de l'indulgence.
À partir de 1960 et l'arrestation d'Eichmann, les choses se corsent cependant pour Mengele qui s'angoisse à l'idée de tomber entre les mains du Mossad. le nazi en fuite vit dans la peur et la paranoïa permanente, qui ne le quitteront qu'avec sa mort en 1979, au cours d'une noyade au Brésil, sur les côtes atlantiques.
Olivier Grez signe dans avec ce roman historique un récit plus vrai que nature des trente années d'une vie clandestine, au cours de laquelle jamais Mengele ne manifestera le début d'un remord.
Lien : http://www.bla-bla-blog.com/..
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