Citations sur Louis Guichard. Bleu marine, avec quarante images des.. (4)
Vous avez connu les navires à voiles sur lesquels les commandants étaient maîtres à leur bord, après Dieu qui distribue les vents.
Vous avez connu le temps des croisières interminables dans des régions du globe à peu près inexplorées.
Mais aujourd'hui, nous ne faisons plus de voyages de découvertes, puisqu'il n'y a plus rien à découvrir.
Nos croisières sont limitées dans le temps, parce que le ravitaillement en charbon nous oblige à de fréquentes escales, et dans l'espace, parce que la terre se rapetisse à mesure qu'augmente la vitesse de nos croisières.
Le vent n'a plus d'influence sur notre route, et nous ne sommes plus maîtres à bord, qu'après Dieu toujours, et la T.S.F. ensuite, qui substitue à notre volonté, celle d'un commandant en chef, qui peut dicter ses ordres à l'autre bout du monde.
Demain nous n'observerons plus les étoiles, parce que des radiogonomètres nous renseigneront à chaque instant sur notre position....
Brest, dans le crachin, ne sent pas davantage la pluie qui tombe qu'un scaphandrier dans l'eau.
Mais, si vous voulez bien embarquer sur la Cordelière, comme je vous y invite - et l'amour bleu de mer y lèvera sur vos pas - vous verrez que ces soucis n'altèrent pas l'humeur de vos hôtes.
Je vous préviens seulement que le bleu marine n'est pas une couleur fixe, puisque ce sont les marins qui la font : ce que je vous présente, en douze contes, c'est le bleu marine qui se porte ces années-ci, - avec le sourire malgré tout.
- Des contes ! Croyez-vous que la réalité, non transposée, ne m'intéresserait pas davantage, et ne craignez-vous pas qu'au bout de quelques pages je vous répète après Molière :
Que je préfèrerais le plus simple entretien
A tous les contes bleus de ces diseurs de rien.
- Eh ! Madame, lisez plus avant ! Vous pourrez débarquer au premier soupir d'ennui, et laisser ce livre aux marins, à ceux qui s'apprêtent à le devenir, à ceux qui regrettent de ne pas l'avoir été....
Ce quart de l'aube m'apparaît à la fois familier et sensible à côté de son prédécesseur, trop facilement romantique, et de son successeur si banal - familier par notre tenue et nos causeries que nul exercice n'interrompt, sensible par sa variété.
Son obscurité elle-même, si longue soit-elle, est sans lien avec le reste de la nuit. Ce n'est plus qu'une éclipse dont à la seconde près, nous calculons la fin....