Citations sur Paroi (13)
C'est vrai :
Il faut un mur
Pour les lamentations.
J'ai quand même
Comme un souvenir
De ces passages,
De ces traversées,
Quelque chose de moins fort
Qu'une caresse.
Le sentiment
D'avoir parfois été touché
Ou presque.
Ainsi donc, nous sommes
Dans les marges des villes,
Des chemins, des prés.
Dans les marges de l'air aussi.
Dans les marges de tout espace.
Dans les marges de la parole,
De notre parole.
Dans les marges des regards
Venus sur nous, partis de nous.
Nous irons, nous ferons
Que la paroi recule. Nous occuperons.
Nous aurons plus de vue.
De notre pouvoir nous serons les maîtres
Sur une aire plus large.
De ce qui nous est encore inconnu,
Tout ne le sera plus.
Pas étranger
Tout ce qui l'est encore.
C'est moins de peur
Que nous tremblerons.
*
Mais plus grande sera notre aire de clarté,
Plus grande aussi sera la zone de ténèbres
Que nous irons toucher tout autour d'elle.
Plus nous découvrirons de territoire,
Plus nous aurons à en découvrir.
Et nous aurons à découvrir toujours,
À connaître plus vrai
Ce que nous connaissons.
La paroi, c'est heureux,
N'est pas sonore,
N'empêche pas le silence,
Et même,
Quand il est très épais,
On dirait que c'est
Parce qu'elle est là
À le contenir,
À ne pas le laisser
S'égailler dans l'espace,
Que c'est pour cela
Qu'il y a comme un corps.
Souvenir pourtant
De moments heureux avec la paroi,
Du fait sans doute
Qu'elle est frontière du silence,
Recto qu'il nous accorde,
Qu'il nous oppose,
Qu'il franchit parfois
Pour nous épouser.
Obliquement la lune
De là-haut conjuguait
On ne sait pas trop quoi
D'inutilement froid
Qui devait correspondre
À du passé de la paroi.
*
Mais conjuguant ou pas,
Elle était là,
Conjugalement lune.
La mer
En savait quelque chose,
Elle qui a paroi
Sur plusieurs côtés.
[..]
Rien autant que la lune
Ne nous a fait prier,
Ne nous a fait douter
De ce qu'on tient serré
Dans des mains
Pourtant saines.
On vous cherche, contours,
Dans une immensité,
Peut-être pas la bonne.
On vous devine, on croit sentir
Que l'on approche.
L'empan
Paraît donné.
La direction,
C'est tout autour, partout.
Vous, encore et toujours,
C'est ailleurs et plus loin.
L'horizon
Accuse les torts
Et donne peu les avantages
De la paroi.
Puisqu'on ne peut s'y adosser,
Qu'il fuit toujours
Sans jamais proférer
Même les mots reçus,
Qu'il paraît nous épier,
Nous regarder sans voir,
Qu'on ne peut lui crier de près
Qu'il est supplice.
C'est significatif
De ton insignifiance,
Après tout, que même
Quand j'avais le plus
Besoin de parler,
Ce n'est pas à toi
Que je m'adressais.