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EAN : 9782070345779
204 pages
Gallimard (16/05/2007)
4.25/5   52 notes
Résumé :
Guillevic est né à Carnac (Morbihan) le 5 août 1907.
Son père, alors marin, se fit gendarme et l'emmena à Jeumont (Nord) en 1909, à Saint-Jean-Brévelay (Morbihan) en 1912, à Ferrette (Haut-Rhin) en 1919. N'a pas appris le breton, qu'on lui interdisait de parler, mais l'alsacien et l'allemand. A fréquenté, de 1920 à 1925, le collège d'Altkirch (Haut-Rhin) ; a fait la classe de Mathématiques élémentaires. Entre au concours de 1926 dans l'administration de l'Enr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Il est un âge où l'on commence à apprivoiser l'idée de la mort. La maladie, la fatigue et parfois la terrible solitude nous alourdissent. Pourtant, vieillir n'implique pas forcément de renoncer à la vie. Tout au contraire, cela peut être le temps d'en connaitre enfin le secret, d'en apprécier pleinement les fruits et de compter ses "Possibles futurs".

Le dernier recueil de Guillevic, publié en 1996, soit un an avant sa mort, se découpe en plusieurs thèmes: le matin, le soir, l'oiseau... Des thèmes simples, tendant à l essentiel, que Guillevic décline en une poésie minimaliste, parfois proche de l'haïku.
Si le poète cessa de fréquenter les églises, il n'en garda pas moins une espérance et le désir d'un au-delà qui nous sauverait de tout et du rien qui habille parfois nos vies. le poète va maintenant à petits pas mais plus rien ne lui échappe, de la beauté d'une feuille à celle d'un battement d'aile. Lui, dont les années sont maintenant comptées, s'émerveille du simple fait d'exister.

"Le matin
T'est donné

Ne le prends pas
Comme un dû."

Pour dire son amour de la vie, Guillevic réduit sa parole, la condense, creusant toujours plus loin vers ce qui nous recentre. Ses poèmes atteignent ainsi à la beauté nue, débarrassée de tout lyrisme. Ils sont comme de petits galets polis par les flots, humbles et purs. Pourtant il n'y a aucune froideur dans cette poésie minérale, mais plutôt une infinie tendresse et de la gratitude pour ce qui est encore donné et qui bientôt ne sera plus.

"Arrête
Repose-toi.

Nourris-toi du ciel
Autant qu'il te le demande."

La poésie a le souffle court et le rythme d'une pulsation. le temps presse mais la vie appelle encore.
"Il nous faut regarder" chantait un autre poète. Regarder l'ici et maintenant et s'en gorger jusqu'à plus soif. Et puis, par ce regard rendus plus forts, affronter les "Possibles futurs".


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Une critique sur un recueil de poésie, bien sûr pourquoi pas. Mais nous savons tous qu'il est extrêmement difficile de dire un poète, de faire partager son univers sensible.
Rien ne remplace la découverte directe par chacun d'entre nous de ses assemblages intimes de mots, de vers, de sa musique personnelle qui nous touche, ou pas d'ailleurs.

Alors, pour innover un peu, je propose d'éprouver la poésie de Guillevic, de suivre mon chemin vers cette poésie concise, presque elliptique, qui s'adresse directement au vivant, au vécu de chacun, sans trop de détour ni métaphore, d'où sa force indéniable bien sûr qui me plait tant. La nature est très souvent mêlée à cette poésie, que je perçois comme foncièrement positive, tournée vers l'énergie, la vie, pour ce breton " Ivre seulement d'exister".

Imaginons !
Tu commences la lecture, lentement et de préférence à haute voix du poème ( ci-dessous par exemple, ou une des citations ).
Les vers s'enroulent autour d'un axe le plus souvent connu, vécu - le soir, le silence, elle, la nature...-, avec des mots simples qui t'entraînent rapidement au-delà de l'état d'équilibre des mots, des souvenirs personnels.
Sans t'y attendre, tu bascules le plus souvent étonné vers une autre possibilité, une proposition inattendue, un pas de côté.
Tu abordes les rivages poétiques de Guillevic qui affirme lui-même :
" J'ausculte un présent sans frontière."


"Ne me demande pas
D'où me vient le pouvoir
Que j'ai de te connaître,

Après tout,
Nous n'avons peut-être
Jamais vécu séparés."
( de Lyriques )

Tu sais
Ce qu'a toujours été
Pour moi une pâquerette.

Laisse-moi te dire que depuis
Que nous l'aimons ensemble

Elle est encore plus
L'oeil de la terre.
( de Lyriques )
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C'est un vieux poète toujours en quête de «Possibles futurs» qui écrit ces textes, entre 1982 et 1994, «un vieux poète, nous dit Guillevic, toujours en révolte contre les à quoi bon».
Pas le plus original ni le plus fort de ses recueils sans doute, mais c'est bien agréable à lire, bien agréable d'accompagner le poète dans sa quête du «secret qu'on appelle beauté». On est loin de tout hermétisme, et l'écriture dépouillée de Guillevic distille ici une douceur, un apaisement. La contemplation du monde fait voler les frontières intérieur / extérieur, nous révèle en fait à nous-mêmes.

« Quand devant toi

Tu as l'océan



Tu fréquentes les abords

De ton intérieur. »

C'est une poésie qui invite à regarder, le monde, l'aimée, le matin, l'oiseau, etc, d'un regard qui donne

« Assez de temps

Pour communier » ,
une poésie qui invite à ausculter «un présent sans frontière» pour y déceler de possibles futurs.
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" S'il n'y avait pas ce rêve, cette projection de l'avenir dans le présent, ce monde ne serait pas pour moi supportable", écrivait Guillevic dans " Vivre en poésie". le titre de ce dernier recueil publié par le poète, alors dans un grand âge, affaibli par une chute, fait écho à sa vision du temps.

le sentiment merveilleux d'être jaillit au coeur des poèmes, en cela ce recueil n'est pas à voir comme un chant du cygne déchirant, une plainte de celui qui sait qu'il va mourir.

" Sur cette plage,
Sur ce sable devant l'océan,

Plus profond
Que tout ce que tu reçois:

Cette chose
Dont tu ne sais rien,

Qui te maintient en cet état
D'équilibre, de bien-être

Où tu aimes
Te sentir vivre"

Chaque partie égrène comme un refrain un mot thématique: l'oiseau, le matin, le soir, les textes courts creusent le temps de vivre, d'observer, de goûter. J'ai particulièrement été sensible aux deux chapitres intitulés " Elle" et " Lyriques" qui exaltent avec une telle ferveur, par des mots pourtant sobres, l'amour porté à celle qu'il aime, proche comme lui de la nature, où ils fusionnent:

" Pour dire
La beauté du jour,

Il lui suffit d'apparaitre
Sur le pas de la porte"

Ces ultimes poèmes de Guillevic m'ont emplie de sérénité, l'enchantement d'exister au coeur de la nature est toujours là, le désir de participer au monde aussi. Quel bel élan , quelle source d'émotion! A lire, assurément.

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Dernier recueil publié du vivant de Guillevic, « Possibles futurs », malgré quelques fulgurances de très grande classe, peine quelque peu à éviter un sentiment de léger ressassement et d'usure partielle de certaines métaphores.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/31/note-de-lecture-possibles-futurs-guillevic/

Écrits entre 1982 et 1994, les poèmes de Guillevic qui composent « Possibles futurs », paru chez Gallimard en 1996, forment ensemble le dernier recueil publié du vivant de l'auteur, décédé en 1997.

Il est un peu triste d'y constater que, à quelques magnifiques exceptions près, la magie pourtant si coutumière de Guillevic n'opère plus vraiment ici pour moi. Ayant choisi plusieurs « objets » poétiques distincts pour lui servir d'interlocuteurs silencieux et de supports métaphoriques lancinants (« le matin », « L'oiseau », « le soir », « du silence », ou même « Elle »), la puissance de ces adresses scandées semble pâle comparée à celle de l'extraordinaire « Paroi » de 1970, resté difficile à égaler il est vrai dans le déploiement hypnotique de ses coups directs et de ses sous-entendus.

Dans sa belle préface de 2014 pour l'édition de poche, Michaël Brophy souligne à très juste titre, mais peut-être sans en tirer toutes les conséquences, la dynamique traversant le recueil qui, sourdement, orchestre un ultime affrontement feutré entre la persistance d'une promesse émancipatoire dont Guillevic demeure jusqu'au bout un croyant, fût-ce, comme il le dit lui-même, en « naïf », et d'un apaisement – aux légers accents de résignation, pourraient dire les esprits chagrins (dont je fais ici un peu partie) – dans la célébration du « simplement vivre » et de sa beauté, à la fois indéniable et toujours quelque peu paradoxale.

C'est ainsi sans doute dans les variantes mutantes et discrètes de ce conflit de facto, présent ici, que ce recueil, qui ne saurait en effet faire oublier « terraqué », « Sphère », « Exécutoire », « Carnac » ou « Paroi », trouve sa justesse et sa force secrète, in extremis.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (77) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce que l'océan
Dans ses profondeurs

Possède autant de silence
Que j'en ai en moi ?

Sinon, est-ce
Pour se libérer de son bruit

Qu'il vient sur nos côtes
Faire tout ce tapage

Ravager ce qu'il peut
Pour enfin s'affaler

Comme sur un lit
Fait de douceur ?


Du silence
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« Je ne vois pas l'oiseau
Fort de sa cage ouverte
Et psalmodiant :

Je reste ici.
A bas l'espace.

Je ne vois pas l'oiseau
Qui n'aurait pas confiance
Dans la teneur de l'air.

*

Je ne vois pas l'oiseau

Qui ne volerait pas

Kien que pour son plaisir.





Je ne vois pas l'oiseau
Qui monterait sans fin
Jusqu'à n'en plus pouvoir.

*

Je ne vois pas l'oiseau

Qui franchirait

Les défenses du vent.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Qui viendrait vers moi
Pour chercher refuge.

*

Je ne vois pas l'oiseau

Qui refuserait de s'effaroucher.



Je ne vois pas l'oiseau
Qui serait mon frère.

Non plus celui

Qui ne le serait pas.



Je ne vois pas l'oiseau
Qui ne me donne envie
De voler mieux que lui.





Je ne vois pas l'oiseau

Qui me forcerait

A penser rien qu'à lui.



Je ne vois pas l'oiseau
Qui s'acharnerait
D'abord sur lui-même.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Démolissant son nid
Avee jubilation.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Qui creuserait la glace
Avec ses pattes

Pour épargner son bec.



Je ne vois pas l'oiseau
Demeurant au désert

Rien que pour être seul.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Renonçant à siffler
Dans le labyrinthe.

Je ne vois pas l'oiseau
Venir m'interroger
Sur son identité.

Je ne vois pas l'oiseau
Qui maudirait les sources.



Je ne vois pas l'oiseau
Voulant s'opposer
Au cours du ruisseau.

Je ne vois pas l'oiseau
Qui ne puisse trouver
Son nid dans la foret.

*

Je ne vois pas l'oiseau
En train de recracher
Un morceau de lombric.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Refusant de chanter
Pour ne pas
Déranger la haie.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Chercher l'aventure
Pour se désennuyer.

*

Je ne vois pas l'oiseau
En vouloir au chêne
De perdre ses feuilles.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Qui ne sache alterner
Le silence et le chant.



Je ne vois pas l'oiseau
Pour qui le jour, la nuit
Seraient la même chose.

Je ne vois pas l'oiseau
Qui ne rythmerait pas
L'avancée du soir.

Je ne vois pas l'oiseau
Que ça fatiguerait

D'assister chaque soir
Au baiser du soleil.

Je ne vois pas l'oiseau
En appeler au ciel
De s'être ensanglanté.



Je ne vois pas l'oiseau
Qui s'acharnerait À griffer la nuit.





Je ne vois pas l'oiseau
Désirant se fracasser
Contre un mur de nuit.



Je ne vois pas l'oiseau
Qui jouerait au nuage,

Mais je vois le nuage
Qui jouerait à l'oiseau.



Je ne vois pas l'oiseau

Faire sa cour à la rose,

Mais je les vois tous deux
Faire ensemble la cour
Au soleil qui s'ébroue.

*

Je ne vois pas l'oiseau
Et je ne l'entends pas
Frôler l'éternité.


Guillevic, Possibles futurs, De l’oiseau.
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Je ne sais pas pourquoi
Lorsque tu es absente
Je vois de l'arbre.

J'ai comme un besoin
De toucher les fortes branches,
Les plus basses

Et de regarder le ciel
À travers les feuilles,

À travers ton image
Qui flotte dans tout l'arbre.


LYRIQUES
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Sur cette plage,
Sur ce sable devant l’océan,

Plus profond
Que tout ce que tu reçois :

Cette chose
Dont tu ne sais rien,

Qui te maintient en cet état
D’équilibre, de bien-être

Où tu aimes
Te sentir vivre.


De Hôtes de la lumière
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Existe-t-il
Des êtres qu'anime la passion
De contempler l'azur,

De s'y plonger,
De s'y incorporer,
De s'en abreuver,

Pour, après un bon moment,
S'en aller
Sûrs d'eux-mêmes.

Et de leur avenir
Couleur d'azur ?

Hôtes de la lumière
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Vidéo de Eugène Guillevic
VICTOR POUCHET - LA GRANDE AVENTURE - 18 questions sur la vie et la poésie
« le fil c'est peut-être une histoire très simple : tragi-comédie en cinq actes et deux personnages. L'un régulièrement menace de partir. L'autre se contente d'écrire des poèmes, dans l'espoir absurde de l'en empêcher. » Dans le roman-poème La Grande aventure, Victor Pouchet déroule une histoire à la fois bouleversante et légère en vers : une rencontre, des micro-aventures qui prennent des proportions de l'univers, des angoisses cosmiques, chansons tristes et verres de vin. Cette conférence-performance est l'occasion de traverser le livre et l'aventure de son écriture à travers une série de questionnements poétiques (ou presque) qui concerneront entre autres choses l'hypnose, Georges Perros, les récits épiques, Eugène Guillevic, les imprimantes laser avec option wifi, le doute et les chips au vinaigre.
À lire – Victor Pouchet, La grande aventure, Grasset, 2021.
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