- Savez-vous ce que disait Confucius ? [...]
- Non.
- Lorsque tu entreprendras quelque chose, sache que tu auras contre toi, ceux qui voudraient faire la même chose, ceux qui voulaient faire la même chose... et l'immense majorité de ceux qui ne voulaient rien faire du tout.
A voix basse, ils (les livres) partageaient leurs rêves: certains se voyaient passer leur vie en noble compagnie sur les étagères bien rangées d'une bibliothèque; d'autres aspiraient à passer de main en main, voir le monde, traîner sur des bancs publics et finir la nuit dans un bar, avant d'être oubliés un jour sur la banquette d'un train en route vers d'autres aventures. (p.13)
- Et tu ne sais pas quelle fin il a choisie ??
-Non. qui s'en soucie ? La vie est dans le début des histoires, Junior. Les fins ne sont jamais que de la morale. (p.57)
La vie littéraire est, comme la vie, soumise aux lois de la sélection naturelle. On y est donc en état de guerre perpétuelle. Mais l'art est de vivre sur le champ de bataile sans se battre et sans être blessé. (p.66)
Les livres portaient les espoirs démesurés et les doutes abyssaux de leurs auteurs, ce qu'ils avaient vécu et ce qu'ils auraient aimé vivre, ainsi que d'infimes morceaux d'âme dont ils n'avaient pas conscience. (p.12)
Depuis que Mathilde tenait une chronique régulière au journal, elle ne mettait plus guère les pieds dans une librairie qu'à l'occasion de soirées dédicaces avec auteur, éditeur, cacahuètes et vin blanc. Et elle n'avait sans doute plus acheté de roman depuis des mois. Que pouvait bien devenir l'industrie du livre si les plus grands lecteurs ne concevaient plus les livres que gratuits ?
Sarah aimait prendre son temps pour lire. Elle aimait surtout qu'un bon roman lui prenne tout son temps.
Qu'est-ce que la littérature ? Nul ne le savait au juste, peu se souciaient vraiment de la réponse, mais tous avaient sur la question un avis tranché.
Chaque soir, il les regardait, muets et immobiles. Et chaque soir, au moment de baisser son rideau, il ne pouvait s’empêcher de songer que peu-être, en son absence, les romans se mettaient à plaisanter entre eux. C'était un pressentiment de vieux gamin, un songe de vrai libraire. Sa façon d'aimer les livres.
- [...] Ce n'est pas au livre d'aller vers le lecteur ; c'est un chemin sur lequel tu ne peux que te perdre. Tu parles de mépris, mais n'est-ce pas mépriser le lecteur que de vouloir s'abaisser à son niveau au lieu de l'inviter à s'élever l'esprit ? Le livre ne doit pas suivre les pentes funestes de la télévision.