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sur 116 notes
Voilà un livre très atypique.

A la manière de Toy Story, les livres de cette librairie de quartier prennent vie lorsque le rideau de fer les enferme pour la nuit. C'est tout un monde secret qui s'anime alors et les livres, gonflés des ardeurs de leurs auteurs, laissent libre cours à leurs sentiments parmi lesquels domine pour l'heure la peur. La peur du retour, la peur du pilon, la peur de la mort... Comment échapper à ce sort affreux et pourtant si commun réservé à tous ces livres qu'on ne lit pas ?

Avec beaucoup d'humour et une analyse aussi fine que juste de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui le monde de l'édition, Bertrand Guillot brosse à la fois une petite histoire sympathique de lutte de survie pour ces livres délaissés des lecteurs et la photographie du lent processus de déclin qui semble avoir frappé la littérature et condamné le livre papier à sombrer dans les oubliettes.

J'ai davantage adhéré à cette seconde approche plutôt qu'à la première même si je reconnais que cette dernière est indispensable pour structurer le récit et nous évite ainsi, grâce à la plume pleine d'esprit de son auteur, un énième pensum sur l'avenir bouché de l'édition. Travaillant moi-même dans l'édition, je dois avouer que j'ai reconnu entre les lignes de "Sous les couvertures" mes propres questionnements et mes propres angoisses.

C'est un cercle vicieux qui semble ne pouvoir être rompu : on lit moins, on édite plus, on achète moins, on imprime plus, le libraire ne lit plus, il range des livres dans des cartons, le libraire brait, le lecteur se fait capricieux et avaricieux, le libraire voit le lecteur d'un mauvais oeil, le lecteur demande toujours plus, le libraire trouve des animations, organise des rencontres, tente de conseiller, le lecteur volage l'écoute et va acheter son livre sur A***tchoum ! ou l'obtient par troc - ou pire, n'achète pas, se contentant de lire ce qui dort dans son grenier-, on achète moins, on lit moins, on édite plus...

Cette spirale infernale, moi, je veux croire qu'on peut encore l'enrayer mais il est vain de taper sur les auteurs de best-sellers, moi non plus je ne les aime pas mais ils réalisent encore ce prodige de faire lire les gens, tant pis si c'est du pipi de chat, les gens lisent et peut-être qu'un jour ils réaliseront que ce qu'ils lisent est du pipi de chat et qu'ils verront alors qu'il existe autre chose, des tas de choses, des tas de livres, des tas d'auteurs. Ce n'est pas complètement la faute des éditeurs non plus, ils essaient de vivre, ils essaient de faire leur métier - qu'ils aiment en général. Non, le seul élément qui permettra d'inverser la machine est... le lecteur lui-même, le lecteur en chair et en os, le lecteur qui ne peut certes pas toujours se procurer pour 20€ les 150 dernières pages dont les radios, les télés et les blogs lui rebattent les oreilles, mais qui doit prendre ses responsabilités et prendre le temps d'éprouver le plaisir d'entrer dans une librairie, de promener ses mains sur les rayonnages, de lire les avis du libraire, de retourner les 4ème de couvertures pour voir ce que tous ces romans ont dans le ventre.

Le libraire, épuisé, est prêt à céder, à lâcher l'affaire, les librairies ferment les unes après les autres, les petites, les grandes, les moyennes. le libraire dépose les armes et aligne les meilleures ventes en vitrine quand il faudrait les placer au fond de la librairie pour obliger les lecteurs à traverser cet espace culturel bruissant du murmure des milliers de pages qui voudraient bien tenter de les séduire. Mais il paraît que le lecteur n'a plus ni le temps ni l'envie de faire des efforts depuis qu'il peut transporter une bibliothèque de mille titres dans sa poche et acheter en un clic le livre jusqu'ici introuvable. le libraire baisse les bras et on le comprend car il aura beau s'échiner et faire tout son possible, offrir des bonbons, placer une mer de balles dans un coin pour amuser les enfants, poser nu dans un calendrier, etc. si le lecteur ne joue pas le jeu, l'inéluctable arrivera. Oh, ça ne veut pas dire que la littérature mourra le jour où il n'y aura plus de libraires, ça ne veut pas dire non plus qu'on lira moins mais la littérature sera triste. C'est tellement dommage, c'est tellement joyeux la littérature !

J'ai lu "Sous les couvertures" avec le sourire pour le charme de son style, avec un serrement au coeur pour son réalisme et enfin avec un vif sentiment de culpabilité car, je le confesse, sur la centaine de livres que je lis chaque année, je dois bien en acheter... cinq.


Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Une librairie de quartier comme il en reste de moins en moins. Un samedi soir, au moment où les portes se ferment. le vieux libraire rentre chez lui et s'interroge sur l'avenir de son échoppe, sur les clients de plus en plus rares. Retranché sur des positions d'une autre époque, incapable de se remettre en cause, ne laissant aucune initiative à Sarah, son apprentie pourtant compétente et pleine de bonne volonté, il lui est difficile de faire face à une baisse d'activité qui l'étrangle un peu plus chaque jour.


Sur les rayonnages, le moral est aussi au plus bas. Les livres du « boudoir », ceux qui attendent depuis des mois de trouver un acquéreur, savent que le lundi suivant sera pour eux synonyme de retour chez l'éditeur avant la mise au pilon. Réunis en Grand Conseil, ils décident de mener une attaque frontale en direction de la table située près de la caisse, celle réservée aux best-sellers. L'objectif est d'arracher à ces parvenus leurs jaquettes attractives et leurs bandeaux accrocheurs pour s'en parer et ainsi attirer l'attention des clients. Un baroud d'honneur radical censé leur donner une dernière chance de sortir de la librairie par la grande porte…


Chic, un livre sur les livres ! Un livre drôle et léger, au propos bien plus lucide et grinçant qu'il n'y paraît. La situation du marché du livre et de tous ses acteurs est analysée avec une grande subtilité : la versatilité de lecteurs de plus en plus difficile à fidéliser, les boutiques en lignes, le numérique, le rôle des critiques, la surproduction, la loi du marché qui fait des romans de simples produits de consommation, l'impossibilité pour une très grande majorité d'auteurs d'espérer la moindre exposition dans les médias, etc. le fait de mettre en scène les livres se battant pour obtenir la meilleure place possible dans la librairie est une excellente idée à la base. Il y a des passages fort réussis, notamment celui ou les ouvrages « papier » échangent avec une liseuse. La scène est drôle et balaie l'air de rien les problématiques qu'implique ce nouvel outil.


Après, j'avoue que la bataille rangée entre les livres ne m'a pas emballé plus que ça. Trop longue, trop confuse, difficile à visualiser, je me suis un peu perdu en route. J'ai préféré les chapitres avec le libraire ou Sarah et j'aurais aimé passer davantage de temps avec eux et leurs questionnements. Mais au final l'impression générale reste très positive. Bertrand Guillot a l'intelligence d'offrir un chant d'amour aux livres sans militantisme enflammé ni étude sociologique barbante sur la lecture. Il pose des questions pertinentes telles que : "Et comment on pouvait encore être libraire, à l'heure où les mêmes clients qui vous reprochaient de ne pas avoir tout lu se tournaient vers des libraires en ligne qui précisément ne lisaient rien ?". Bref, il donne à réfléchir en toute simplicité, et force est de reconnaître qu'il fait mouche.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Je ne vous apprends rien en vous disant que les livres ont une vie. Voire même plusieurs vies pour les plus chanceux. Mais si je vous dis que le soir, dans cette librairie pas comme les autres, les livres s'animent et qu'à l'ombre des rayonnages se mènent d'âpres combats, là, je sens que je vous étonne déjà un peu plus…

C'est toute l'originalité de ce livre, donner vie et surtout parole à tous ces livres qui, de la table des best-sellers au "Boudoir" doivent lutter pour trouver acheteur et ne surtout pas finir au pilon comme des centaines de milliers d'autres.

Le vieux libraire est loin d'imaginer tout ce qui se passe quand il ferme les portes de sa boutique. Lui, le combat pour son métier, il n'y croit plus vraiment. Il sent bien qu'il n'est plus vraiment à la page, même s'il refuse de l'admettre. Tout le contraire de Sarah, sa jeune employée, qui déborde d'idées et d'entrain pour donner un nouvel élan à sa vieille librairie qui en aurait grand besoin. Mais pour le moment, ce n'est pas elle qui décide…

Avec Sous les couvertures, Bertrand Guillot nous offre une réflexion pertinente et pleine d'humour sur le monde des livres. Toutefois, si j'ai beaucoup apprécié les chapitres consacrés au libraire et Sarah, je dois bien admettre que ceux consacrés à la lutte entre les livres m'ont amusé au départ pour finalement me perdre un peu en chemin…

N'en reste pas moins un livre singulier sur l'univers des livres qui est vraiment à découvrir !

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Tout d'abord je tiens a remercier Price Minister pour l'envoi de ce roman dans le cadre de match de la rentrée littéraire 2014.
"Sous les couvertures" est un roman qui m'avait tapé dans l' oeil et j'étais très curieuse de le découvrir. Et malgré quelques longueurs, je ressors conquise de cette lecture.

J'ai beaucoup aimé le style et l'écriture de l'auteur. Et de plus, il propose une belle réflexion sur le monde littéraire actuel. Un triste constat malheureusement : des livres non lu finissent au pilon, les librairies de moins en moins fréquentées, de moins en moins de lecteurs, de plus en plus de lisseuses et e-books........

Mais bien sur mon coup de coeur est pour le scénario. Donner vie au roman, les faire parler, voler, etc.... Forcement en tant que lectrice, j'adore cette idée.

Une belle surprise que je vous recommande.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Merci à la masse critique de Babelio pour ce livre.
Avant de lire ce livre, j'ai lu une interview de l'auteur qui se demandait s'il avait bien su parlé du métier de libraire, et je pense qu'il en a cerné bien des aspects avec talents. Que se passerait-il si dans une petite librairie de quartier les livres du fonds décider un coup d'état pour qu'eux aussi se fasse une place au soleil sur la table la plus en vue de la boutique ? Révolte sanglante et masturbation intellectuelle au rendez-vous... de l'encre va couler !
Après avoir lu le chapitre sur le pilon j'ai du faire des retours dans mon rayon et à chaque livre mis dans le bac j'ai eu un petit pincement. Jusqu'à ce qu'une cliente m'interpelle sur une drôle d'étiquette collée sur un de nos livre, une étiquette d'une autre librairie. Preuve que tous les livres ne vont pas au pilon certains ont une deuxième vie (du coup j'ai fait un véritable carnage dans les retours... sans rancune !)

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Mon deuxième livre commandé, c'est pour dire combien je le voulais ce roman dont la couverture est sublime. J'avais hâte de découvrir ce que disent les livres dans notre dos, une fois les lumières des librairies éteintes. Un monde se réveille, étrange, fantastique, à coup de mots les romans se livrent une bataille déchainée pour la place d'honneur ou encore mieux pour se retrouver dans le sac de l'une de nous.
Ce roman est magique et chaque phrase me laisse sans voix. Prise sous le charme de la plume de Bertrand Guillot, je savoure ce moment d'intimité avec les livres car comme le dit si bien H. Miller « A quoi servent les livres s'ils ne ramènent pas vers la vie, s'ils ne parviennent pas à y faire boire avec plus d'avidité ? »
Chaque mot supplie les gens de sauver les livres, de continuer à lire, de leur épargner la fin redoutée par tous au fond d'un monstre, le pilon qui fini par dévorer les invendus : les laissés-pour-compte.
Lecteurs et lectrices, ouvrez vos coeurs à leur appel et donnez-leur la chance de vivre et revivre.
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« Allez vous faire pilonner ! »

N'avez-vous jamais envisagé ce que font les livres une fois que le rideau de la librairie est tombé ?

N'avez-vous jamais imaginé une guerre entre nouveautés : best-sellers vs oubliés ?

N'avez-vous jamais pris en compte le traumatisme d'un pauvre roman cruellement renvoyé à l'éditeur, sans avoir eu sa chance ?

N'avez-vous jamais rêvé d'une guerre des livres ?

Si vous ne l'avez pas fait, Bernard Guillot l'a écrit à votre place …

Un samedi soir, les romans du fond de la librairie vont jouer leur dernier atout avant d'être remis en carton … Pour eux, une seule solution possible : prendre les meilleures places sur les tables, près de la caisse, là où le lecteur les verra le mieux. Et pour cela, leur meilleure arme : les mots.

Cependant tous les livres ne sont pas des apprentis révolutionnaires : ils tiennent de leurs auteurs, et certains sont mous, poltrons, tandis que d'autres sont des meneurs. Les premiers romans sont ainsi ceux qui espèrent le plus, tandis que les classiques sont les blasés de l'histoire, sachant qu'ils auront toujours une petite place au fond de la librairie. Mais pour s'en sortir et prendre la place des best-sellers, il va falloir unir leurs forces … Et puis les révolutions sont toujours l'occasion de règlement de comptes … avec la liseuse du libraire par exemple !

C'est d'ailleurs cet épisode qui donne le ton du roman : un peu ironique, beaucoup cynique, passionnément drôle. Voici donc un dialogue entre livres papier et tablette …

« Tu ne peux pas te déplacer, banane.

- Certes. Mais je peux envoyer des ondes Bluetooth.

[…] Deux mondes irréconciliables et pourtant les textes étaient bien les mêmes. »

A la manière d'un conte pour enfants, mais que seul un adulte peut apprécier tant les références à la littérature sont nombreuses, Bernard Guillot a écrit un roman iconoclaste qui fait exploser les normes de la littérature traditionnelle. Ici les livres volent, se battent, se marchent dessus pour avoir un beau bandeau coloré « Prix Goncourt », etc. Bref, ils sont humains … Surtout quand ils évoquent « cette espérance qui [les] soulève, le désespoir qui s'ensuit lorsque la main agrippe un de [leurs] voisins, et le coeur qui bat quand c'est enfin [eux] qu'elle saisit… ».

On en vient à prendre parti, à encourager tel ou tel camp, et à souhaiter qu'ils réussissent, même si leur rêve ne doit durer qu'une journée, le temps que le libraire reprenne les choses en main. Mais là où l'auteur est bon, c'est qu'il nous fournit un récit parallèle où l'on voit évoluer le libraire, sa jeune aide qui rêve de revitaliser ce commerce, mais également les auteurs des romans frondeurs ! de quoi enrichir la réflexion sur le monde de la littérature, de l'édition et de la librairie.

Roman frais, intelligent, truffé de références – dont la plus énorme n'est pas La guerre des boutons de Louis Pergaud – , c'est aussi un magnifique hommage à la littérature, épinglant au passage les dérives de l'édition actuelle. « L'oeil rivé sur leur livre de comptes, ils publiant sans cesse, sur du papier médiocre, des livres voués à l'échec pour couvrir les frais des précédents. »

Au final, un roman qui ne pose qu'une seule question, la plus essentielle, celle que l'actualité littéraire élude gaiement, dans sa frénésie présente :

« – Au fait, qu'est-ce qu'un grand roman ?
[…]
– Disons un livre qui fasse date […].
– Un livre qui fasse autorité, tu veux dire ?
– Ah non ! L'autorité, ça n'a qu'un temps. Et puis, les livres qui font autorité sont des livres qu'on ne lit pas. »
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Que faut-il faire pour sauver une petite librairie de quartier ? Les livres qui ne sont pas mis en avant sont-ils tous destinés au pilon ? Existe-t-il vraiment deux camps opposés, les best-sellers et les autres ?
C'est en substance ce que l'auteur tente de découvrir, avec humour et légèreté. Il permet au lecteur de faire connaissance avec un libraire attachant, mais dépassé, il faut bien le dire, et un groupe de livres (et oui, la librairie s'anime dès la fermeture) qui ne demande qu'à se retrouver sur le présentoir des best-sellers pour avoir une chance d'être achetés et lus.

Les livres sont le reflet de leurs auteurs, ce qui donne des situations assez drôles, et mènent une sorte de révolution où Spartacus aura un rôle à jouer.
En parallèle, on suit de loin la vie du libraire et de son employée - plus jeune et qui a plein d'idées - et celle des trois principaux auteurs des livres rebelles. Ce sont sans nul doute les parties que j'ai préférées. Pour tout dire, j'aurai aimé en savoir plus sur le quotidien d'un jeune auteur qui ne bénéficie pas d'une com tonitruante, qui hante les salons de province où les lecteurs l'ignorent plus ou moins. J'aurai voulu également suivre le libraire un peu plus longtemps.
Même si les bonnes idées fourmillent, les passages liés à la révolte des livres m'ont semblé longuets et bavards.

On retrouve, finement analysés, les portraits des acteurs du monde du livre, le jeune auteur et le vieux libraire, l'académicien et la blogueuse, le business man du livre électronique, tous gentiment égratignés mais croqués avec une certaine affection.

A la fin évidemment, le happy end se dessine. Et cependant, le lecteur - moi en tout cas - est amené à s'interroger et à réfléchir. Suis-je responsable de cette situation puisque, lectrice, j'emprunte en biblio et j'achète d'occasion ? La vente de livres en ligne est-elle seule responsable de la fermeture de certaines librairies ? Les éditeurs font-ils réellement leur boulot ? Je n'en sais fichtre rien.
Et puis si les lecteurs préfèrent les best-sellers, même mal écrits, aux classiques, est-ce mal ? Et comment inverser la tendance.
Le vieux libraire lui-même reconnait que c'est Harry Potter (je ne dis pas qu'il est mal écrit) qui a amené un peu plus de lecteurs dans son antre...

Un dernier regret, même si je sais que ce n'était pas le propos du roman, il aurait été peut-être judicieux de pointer aussi les libraires mal embouchés, pas toujours compétents ou peu serviables (il est des libraires qui préfèrent les livres aux clients, comme certains bibliothécaires :-) qui n'incitent pas non plus à la fidélisation, et le prix de plus en plus rédhibitoire du livre neuf en grand format. Pour les grands lecteurs, ce sont des obstacles non négligeables.

Quoi qu'il en soit, sous ses dehors loufoques, voilà un roman qui aura eu le mérite d'éclairer davantage le petit monde de la littérature, qui me parait chaque jour un peu plus indispensable...


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Tout fana des livres sait déjà que les livres bougent (en tout cas chez moi un roman de Wharton a récemment changé d'étagère, à mon insu; ou alors ma mémoire n'est plus ce qu'elle était). Alors pourquoi les romans du Boudoir de cette petite librairie, tenue par un libraire un peu poussif et une apprentie à fort potentiel, ne se rebelleraient-ils pas contre la mise en carton, direction le funeste sort du pilon? Sus aux livres du Salon, à la table des nouveautés! Grand a su les galvaniser.

"Qu'avons-nous fait de nos rêves? demanda-t-il sans attendre de réponse. Car c'est bien de cela que nous sommes faits, n'est-ce pas? Les rêves qui ont bâti nos histoires. Ceux de nos auteurs, quand ils divaguent en rêvant de louanges et de lauriers sur lesquels ils pourraient enfin s'offrir une sieste en attendant le livre suivant. Je le sais, car je suis du même papier que vous. Nous sommes peuplés de songes, mais depuis que nous sommes ici, nous ne rêvons plus. Voyons donc les choses en face, et prenons notre destin en main. Oui, mes amis, cessons de nous regarder le nombril, allons vers le lecteur et agissons!"

En parallèle à cette guerre dont les péripéties n'ayant rien à envier à l'épopée napoléonienne peuvent paraître un peu longuettes, en dépit d'une jolie maîtrise des images guerrières, l'on se délecte de bons débats sur la littérature (la bonne, la mauvaise, la grande, la petite), les liseuses, les librairies face aux librairies en ligne, les salons du livre, les critiques littéraires. Bonne idée que d'avoir aussi pris comme personnages les auteurs des livres lancés dans la bagarre!

Sous les couvertures (titre excellent, au fait) est à recommander aux lecteurs amoureux des livres et des librairies, mais sans passéisme aveuglant. Il évite subtilement tout manichéisme et offre tout de même une note d'espoir...
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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C'est le Grand Soir à la librairie ! le Grand Soir le vrai, pas celui de la fièvre du samedi soir avec paillettes et musique disco ! Pensez donc : lundi, les nouveautés de la rentrée littéraire vont débarquer en force et le libraire va être obligé de mettre les invendus en carton et de les réexpédier : direction vraisemblable (mais non certaine) le pilon.
Bertrand Guillot était dans cette librairie et nous raconte les états d'âmes de ces livres : Il y a d'abord Grand, le meneur de cette Révolution, L'Académicien un peu imbu de sa personne , Conteur le sage, Mauve le brave soldat, Machiavel et son Prince……
Dans cette librairie, les livres vont s'envoler, discuter et même parfois s'étriper … : faut-il se rebeller ou ne peut-on pas lutter contre l'évolution : les livres-papier sont voués à disparaître mais que faire ?


Entre des chapitres où les livres susnommés racontent leurs espoirs et désespoirs, des personnages en chair et en os, vivent, se rencontrent, débattent du poids d'un géant américain qui vend des livres comme de l'épicerie, des salons de livres où les auteurs attendent patiemment le Lecteur qui leur demandera un autographe.

L'auteur de Grand parle de sa façon d'écrire, Sarah la jeune libraire aimerait changer les méthodes de son patron, un peu dépassé par les nouvelles technologies, une jeune blogueuse critique littéraire est inondée de livres dans sa boîte aux lettres ;-)….

Je dois avouer avoir bien ri (notamment pendant l'épisode où les livres « raniment » la liseuse, après l'attaque des Best-sellers où les livres « s'habillent » avec des jaquettes « empruntées » aux fameux Best-sellers et pendant la leçon d'onanisme …..)
Un (petit) bémol à faire sur ce livre : tous les livres sont masculins (alors que l'auteur de Mauve est une femme). Certes, on dit UN livre mais quand même ….



Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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