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Citations sur Le pain des rêves (13)

Je doute qu’aucun amour vaille celui des pauvres. Le nôtre était un amour religieux. Nous savions(...) que cet amour-là n’était possible qu’à l’intérieur d’une certaine catégorie, qu’il n’était propre qu’à de certains êtres, vivant dans des conditions définies : les nôtres. Et qu’au-delà de nos frontières, il perdait non seulement sa vertu, mais devenait incompréhensible et honni.

(...) Oui, nous savions, et peut-être même était-ce ce que nous savions le mieux, que cet amour tirait sa plus grande force du fait qu’ailleurs nous n’étions pas aimés.
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Tous les enfants ont eu leurs songes bercés des plus beaux contes de fées. Comme les fées ne coûtent rien, qu'elles sont à tout le monde et partout, comme Dieu, on peut bien croire que, même au fond de la plus grande pauvreté, elles ne nous trahissaient pas.
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Un lierre romantique enveloppait la tour, mangeait les lucarnes rondes où jamais n'apparaissait la moindre lueur, sauf, parfois, sous le soleil couchant, quand un morceau de vitre, préservé par miracle, fulminait son éclat d'incendie.
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"- Ah! si j'étais le roi!
Ainsi pensais-je, en rentrant à notre écurie, après la classe...
Roi, le Bonheur était mon ministre!
La paix eût partout régné. Nul n'aurait plus tremblé pour sa paillasse ou pour sa marmite...
Au plan d'embellissement de la ville comme j'eusse travaillé! Mon règne, c'était une fête. Les riches n'étaient plus nos ennemis. J'avais converti leurs coeurs. Enfin! Enfin! Nous nous aimions! Ils ne parlaient plus de nous comme d'un opprobre, notre quartier n'était plus une verrue... Nous étions tous des hommes."
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Oui, à l'école parfois, il y avait de grandes heures ouvertes; parfois, car le temps venu, l'instituteur rengainait ses cartes. C'était comme si le ciel s'était couvert, comme si le conte avait menti. Tous ces beaux songes, pleins d'espérance qu'il avait fait éclore dans nos têtes, il fallait les effacer d'un coup, comme, d'autres fois, il effaçait avec son chiffon une phrase écrite à la craie au tableau.
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Un quartier d’artisans – mon grand-père était leur doyen – de plâtriers, de maçons, de terrassiers. Un quartier qu’en certaines occasions, on disait «historique» (...), mais qu’en toute autre occasion, on désignait comme une «verrue». Un jour ou l’autre, la verrue sauterait.(...)

Par là, me donnait-on à penser que mes pareils et moi nous formions sur la terre un objet de scandale, une malpropreté. N’était-il pas évident, lorsqu’« ils » parlaient de la « verrue », que c’était l’ensemble qu’ils voulaient dire, n’oubliant pas, dans l’habitation, l’habitant, mêlé avec sa vermine ? Telle est la première idée abstraite qui se soit formée en moi. C’est ainsi que commença ma vie spirituelle.
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5. « Que les voiles de l'oubli tombent sur ces misères comme le rideau, enfin, tomba vers les sept heures du soir, la dernière chanson chantée... Moi aussi, j'ai chanté la mienne... Allons dormir. Laissons les gens regagner leurs demeures – et la troupe des joyeux vivants aller célébrer à l'hôtel son premier triomphe. Laissons Gisèle, encore toute secouée de son rire, regagner sa petite boutique enchantée, où bientôt le Musicien viendra la voir. Laissons l'enfance. Désormais, je suis un homme ! Bientôt, j'entrerai au lycée, n'oublie pas cela, ami lecteur. Ai-je gagné ton amitié? » (p. 476)
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Quelqu’un heurtait une chaise, et dans l’instant, la lampe s’allumait. Je comprenais que ma mère s’était levée sans rien dire, qu’elle avait trouvé et remis au grand-père les allumettes, puis, s’était recouchée bien vite. Car il ne lui était pas permis d’allumer elle-même la lampe. Seul, mon grand-père avait ce droit. C’était sa lampe, elle était sacrée. La lampe de ses veillées, et des veillées de son père avant lui. Tout autant que de l’horloge il en prenait un soin pieux, mais comme si, plus encore que de la tenir en bon état, il avait dû la défendre contre les autres, c'est-à-dire contre nous-mêmes.
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Le grand-père se grattait la tête, il faisait claquer sa langue et tout en s'efforçant de garder un visage de contrariété, malgré le sourire qui perçait sous la vieille inscription des peines, comme un mot tout neuf perdu dans un grimoire, il donnait à entendre par tous ses gestes qu'il n'y avait qu'à un fils qu'on pût ainsi obéir.
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4. « Dirais-je que je me plaisais là ? Assurément oui. Certes, le Moco n'était pas un compagnon fort distrayant, mais il se laissait très bien oublier. Qu'il nourrît à l'égard de quiconque des sentiments d'amour ou de haine, cela ne se voyait jamais. Il n'était pas encombrant. Et l'eût-on mille fois dérangé, qu'il se fût borné à changer mille fois de place, à s'asseoir successivement dans mille fauteuils à mesure qu'on l'eût délogé. Mais de protestation jamais. Au fond, le Moco était un doux. » (p. 389)
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