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Citations sur Le pain des rêves (13)

5. « Que les voiles de l'oubli tombent sur ces misères comme le rideau, enfin, tomba vers les sept heures du soir, la dernière chanson chantée... Moi aussi, j'ai chanté la mienne... Allons dormir. Laissons les gens regagner leurs demeures – et la troupe des joyeux vivants aller célébrer à l'hôtel son premier triomphe. Laissons Gisèle, encore toute secouée de son rire, regagner sa petite boutique enchantée, où bientôt le Musicien viendra la voir. Laissons l'enfance. Désormais, je suis un homme ! Bientôt, j'entrerai au lycée, n'oublie pas cela, ami lecteur. Ai-je gagné ton amitié? » (p. 476)
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4. « Dirais-je que je me plaisais là ? Assurément oui. Certes, le Moco n'était pas un compagnon fort distrayant, mais il se laissait très bien oublier. Qu'il nourrît à l'égard de quiconque des sentiments d'amour ou de haine, cela ne se voyait jamais. Il n'était pas encombrant. Et l'eût-on mille fois dérangé, qu'il se fût borné à changer mille fois de place, à s'asseoir successivement dans mille fauteuils à mesure qu'on l'eût délogé. Mais de protestation jamais. Au fond, le Moco était un doux. » (p. 389)
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3. « Quelle folie que de vouloir épiloguer sur l'amour et en dissocier les éléments ! Ce sont des choses qui me font le mieux souvenir de ce que j'ai aimé, des objets, où mon cœur s'est mêlé secrètement, où mon amour s'est gardé, quand même je ne le savais plus. Il y a de la part des objets une sollicitude toute fraternelle pour l'homme négligent... » (p. 166)
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2. « Nous les ramassions, nous les ramenions en triomphe.
Ma mère les prenait, les mettait en tas, commençait à les compter, toujours en criant à la merveille. Mais le grand-père restait muet.
Il y avait dans son air quelque chose de si malheureux et de si triste, de si anxieux, que nous cessâmes nos cris, sauf ma mère, qui tendait ses deux mains et disait :
- Encore ! Encore !
Il ne répondit pas.
On aura beau dire : l'homme est désespérément rusé. Plus j'y pense et plus j'admire ce détour génial par où mon grand-père, acculé à livrer son trésor, trouva le moyen d'échapper à la honte du vaincu qui rend les armes, et transforma sa défaite en féerie. Moi, une cassette ? Moi, un trésor ? Vous n'y pensez pas ! C'est quelque lutin caché dans les poutres qui fait pleuvoir sur vous cette rosée...
Et cependant, il nous surveillait du coin de l’œil.
- C'est tout ? demanda ma mère, en le regardant avec malice.
Il ne répondit point encore.
Alors elle entreprit le compte de ce qui devenait sa fortune. Et quand elle eut deux fois compté le petit tas d'argent et de billon, nous sûmes que la cassette du grand-père formait une somme toute ronde : cent francs.
- Cent francs !
- Cent francs ! reprîmes-nous, tous ensemble.
- C'est bien le compte, père ?
- Non, dit-il, tu ajouteras encore ceci...
Il posa sa main sur la table, bien à plat, et la laissa ainsi un instant. Puis, il l'ôta, découvrit un louis d'or tout brillant, qui, je ne sais pourquoi, m'apparut comme un Enfant Jésus dans sa crèche. » (pp. 118-119)
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1. « À la stupéfaction du quartier, le marteau de Pinçon qu'on croyait enterré avec lui, se réveilla, ce matin-là, et battit comme il avait toujours fait depuis des années, clamant à tous les échos sa joyeuse résurrection. Plus d'un en demeura bouche béante et l'oreille aux aguets. Et certains pensèrent qu'ils devaient rêver encore. Mais le marteau roulait sur la pierre à battre avec tant de vigueur, il répandait partout, avec tant d'empressement, son heureuse nouvelle, que le doute ne fut guère longtemps possible. Et quand le jour parut tout à fait – car ceci se passait en hiver et la Pinçon s'était levée avant l'aube – on vit on vit la Pinçon installée sous sa fenêtre, sur le tabouret de son homme, râpant le cuir, le taillant, battant, clouant la semelle comme si, de sa vie, elle n'eût jamais rien fait d'autre. Et le chardonneret, dans sa cage, chantait. » (p. 16)
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Le grand-père se grattait la tête, il faisait claquer sa langue et tout en s'efforçant de garder un visage de contrariété, malgré le sourire qui perçait sous la vieille inscription des peines, comme un mot tout neuf perdu dans un grimoire, il donnait à entendre par tous ses gestes qu'il n'y avait qu'à un fils qu'on pût ainsi obéir.
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Tous les enfants ont eu leurs songes bercés des plus beaux contes de fées. Comme les fées ne coûtent rien, qu'elles sont à tout le monde et partout, comme Dieu, on peut bien croire que, même au fond de la plus grande pauvreté, elles ne nous trahissaient pas.
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Un lierre romantique enveloppait la tour, mangeait les lucarnes rondes où jamais n'apparaissait la moindre lueur, sauf, parfois, sous le soleil couchant, quand un morceau de vitre, préservé par miracle, fulminait son éclat d'incendie.
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Quelqu’un heurtait une chaise, et dans l’instant, la lampe s’allumait. Je comprenais que ma mère s’était levée sans rien dire, qu’elle avait trouvé et remis au grand-père les allumettes, puis, s’était recouchée bien vite. Car il ne lui était pas permis d’allumer elle-même la lampe. Seul, mon grand-père avait ce droit. C’était sa lampe, elle était sacrée. La lampe de ses veillées, et des veillées de son père avant lui. Tout autant que de l’horloge il en prenait un soin pieux, mais comme si, plus encore que de la tenir en bon état, il avait dû la défendre contre les autres, c'est-à-dire contre nous-mêmes.
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Je doute qu’aucun amour vaille celui des pauvres. Le nôtre était un amour religieux. Nous savions(...) que cet amour-là n’était possible qu’à l’intérieur d’une certaine catégorie, qu’il n’était propre qu’à de certains êtres, vivant dans des conditions définies : les nôtres. Et qu’au-delà de nos frontières, il perdait non seulement sa vertu, mais devenait incompréhensible et honni.

(...) Oui, nous savions, et peut-être même était-ce ce que nous savions le mieux, que cet amour tirait sa plus grande force du fait qu’ailleurs nous n’étions pas aimés.
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