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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Evguenia est une bonne soviétique. Instruite à l'université soviétique, membre du parti, marié à un membre influent,. Historienne soviétique de formation, mère de famille soviétique etc...tout est soviétique et surtout est communiste pour Evguenia et son mari. Ce n'est pas subi, c'est voulu et assumé jusqu'au jour où ce parti, cette patrie et son Petit Père des peuples, Joseph Staline se retournent de façon radicale et violente contre Evguenia et son mari. En 1937, pendant les grandes purges staliniennes, après avoir reçu un blâme et être virée de l'université où elle enseignait, Evguenia est arrêtée au motif d'avoir eu comme collègue, un dissident, un réfractaire, un anti-parti, historien comme elle et pour ne pas avoir décelé une erreur dans les écrits de cet indésirable.
Motif fallacieux, faux, hallucinant, hallucinatoire mais hélas ! bien réel et bien écrit sur le papier conduisant Evguenia dans les eaux sombres voire les égouts, les latrines de l'Histoire soviétique. Arrêtée, emprisonnée, torturée, elle est jugée et condamnée à l'isolement, qu'elle subit pendant 2 ans puis est rejointe.Enfin envoyée à la Kolyma dans un wagon à bestiaux, 1 mois de voyage. La découverte, l'acclimation obligatoire et vitale au goulag soviétique commencent pour Evguenia : les privations extrêmes, les mauvais traitements, la perte de sa dignité, de son humanité, les codétenues, le manque de solidarité ou une solidarité plus précaire qu'un simple quignon de pain rassis pour tuer etc...etc...
Evguenia témoigne. Elle décrit et décrit sans cesse avec minutie, avec respect de la chronologie sa vie, les camps etc....Elle n'oublie rien, expose simplement mais avec beaucoup de réalisme qu'on peut avoir des images qui nous apparaît.
C'est fort et dur. C'est hélas utile pour comprendre la mécanique de répression ultra mise en place et conduite par Staline.
Le seul regret que j'ai eu en lisant ce livre : Evguenia est une historienne de formation. J'attendais plus que de la description, des moments de réflexion sur ce système qu'elle a aimé, servi et qui l'a broyé ou du moins mutilée d'une grande partie de sa vie. Comme l'a fait A. Soljenitsyne dans ses livres.
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Evguénia Guinzbourg est une communiste convaincue, mariée à un cacique du parti lorsque surviennent les grandes purges de la fin des années 1930. Elle va connaître les accusations sans fondement, les procès ubuesques, la prison et l'isolement, les transports en wagons à bestiaux à travers la Sibérie, et enfin les camps du goulag. Et encore, elle constate qu'elle a eu de la chance d'être jugée avant que la torture ne soit systématiquement employée pour soutirer des aveux aux accusés.

La vie dans les camps est souvent courte, car les conditions sont effroyables, comparables aux camps de concentration nazis en plus froid, car la température descend à -40 ou -50° dans la région de la Kolima. Certes il n'y a pas eu de camps d'extermination, le pouvoir se contentait de faire mourir les détenus à petit feu, et seuls ceux qui avaient un emploi privilégié avaient une chance de survivre. Une différence énorme quand même entre les camps nazis et les soviétiques : les Juifs et les résistants enfermés haïssaient le pouvoir nazi qui les avaient envoyé là. Au goulag, bien peu savent pourquoi ils ont été condamnés, l'auteure cite un dialogue de fou avec un gardien :
- Pourquoi ils m'ont condamné à 10 ans ?
- Je sais que tu n'es pas coupable. Si tu avais été coupable, ils t'auraient donné bien plus de dix ans."

Dans tout le récit, on voit la puissance de la propagande soviétique et le degré d'endoctrinement des Russes. Evguénia Guinzbourg elle-même n'a rien compris à L Histoire. On entend des condamnés qui admirent Staline et imaginent que "Staline ne sait absolument rien des illégalités commises en ce moment." C'est quand même lui qui ordonnait les purges et fixait les quotas d'accusés à envoyer au goulag. L'auteure elle, n'aime pas Staline, mais se demande "nous-mêmes, après tout ce qui nous était arrivé, aurions-nous voté pour un autre régime que le régime soviétique ?". Même en voyant l'horreur du système, elle soutient le régime, comme si les dizaines de millions de victimes n'étaient qu'une petite bavure. Et dans sa présentation, écrite dans les années 1960, l'auteure écrit :
"Dans notre parti, dans notre pays, règne de nouveau la grande vérité léniniste."
La vérité n'a jamais existé en URSS. Alexandre Soljenitsyne ou encore Andreï Sakharov ont subi la répression bien après la mort de Staline, et il faut savoir que les premiers camps de concentration soviétiques ont été créés avant 1920, sous le règne de Lénine. La propagande communiste a toujours affirmé que Lénine était un pur, et que le mal était venu de Staline, ce qui lui permet de ne pas remettre en question le système. On met tout sur le dos d'une personne, et on se dédouane de toutes les horreurs, c'est tellement facile.

La réalité c'est que lorsque le communisme se veut "la dictature du prolétariat" seule le premier mot est juste. Et comme dans toutes les dictatures, le système a besoin d'ennemis pour motiver le peuple et justifier la violence. Elle est intrinsèque au système, et tous les régimes communistes ont favorisé la répression. La Chine maoïste avec la révolution culturelle, la Corée du Nord, le Vietnam dont les habitants préféraient devenir boat-people, affronter les pirates et les tempêtes que de subir les "camps de réhabilitation par le travail", le comble de l'horreur étant atteint par les Khmers Rouges qui ont déporté la totalité de leur population.

C'est choquant de constater que Evguénia Guinzbourg et ses compagnes n'ont rien compris de tout ça et continuent de croire à un idéal communiste après en avoir subi les conséquences pendant des années.
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