AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 71 notes
5
3 avis
4
11 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Je connaissais très mal l'âge du bronze sur les contours orientaux et égyptiens de la Méditerranée. C'est cette méconnaissance, couplée aux bons échos entendus sur Eric H. Cline, qui m'ont donné envie de lire cet essai. Lecture globalement satisfaisante et instructive. Les propos sont sourcés, les hypothèses largement argumentées, on sent l'auteur de bonne foi. Seul bémol : un recours trop récurrent aux parallèles entre le monde moderne et celui ancien qui est décrit.

Cet ouvrage, présenté un peu à la façon d'une enquête (livre découpé en « actes », vocabulaire tel que « intrigue », « dénouement »...), cherche à comprendre comment plusieurs civilisations, alors prospères et souvent vieilles de très nombreux siècles, se sont toutes effondrées quasiment en même temps.

Les causes, on le devine très vite, sont multiples : catastrophes naturelles, piraterie ou attaques des mystérieux « peuples de la mer », fragilité due à l'interdépendance des sociétés autour de la mer... Dès lors le gros du propos de Cline est de nous montrer à quel point les différents empires de l'époque sont interconnectés via des échanges commerciaux, des mariages entre élites et aussi des guerres. D'où l'idée d'un premier âge global.

C'est donc très intéressant, très documenté, avec un soucis régulier de nous expliquer qu'on sait telle information parce qu'on a fait telle découverte archéologique, et qu'à ce sujet telle ou telle théorie ont été formulées. Bref, un vrai effort de transparence que je trouve toujours très intéressant ! L'honnêteté des chercheurs, c'est ce qui me fait vraiment aimer l'histoire, peut-être davantage que la sociologie, discipline de laquelle je suis pourtant issue.

Le défaut par contre, c'est donc de faire des parallèles entre ce monde disparu et le notre. Il est vrai que c'est tentant, mais parfois Cline frise l'anachronisme – comme quand il parle d' « internationalisation » à une époque où le concept même de nation n'a guère de sens.

J'ai mis 4/5
Commenter  J’apprécie          30
Comment vivaient tous ces pays autour de la Méditerranée (Grèce, Egypte, Syrie...) avant 1177 avant Jésus-Christ ? L'auteur nous raconte les échanges commerciaux, les guerres, les relations entre rois... Il nous explique comment les trouvailles des archéologues ont amené à ces révélations. Ce serait les aléas climatiques qui auraient causé leur perte.
Le livre n'est pas chronologique mais les divers événements sont répertoriés par thèmes.
Intéressant même si parfois j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver...
Commenter  J’apprécie          30
"L'économie de la Grèce est en plein désastre. Des révoltes intérieures secouent la Libye, la Syrie et l'Egypte, alors que des combattants venus de l'étranger mettent de l'huile sur le feu. La Turquie craint de se retrouver impliquée, comme Israël. La Jordanie ploie sous les réfugiés. L'Iran se montre belliqueux et menaçant, tandis que l'Irak est en crise. Est-on en 2013 après Jésus-Christ ? Bien sûr. Mais on aurait pu dire la même chose de 1177 av. J.-C., il y a plus de trois mille ans, quand les civilisations méditerranéennes de l'âge du bronze s'effondrèrent les unes après les autres, changeant à jamais le cours et le futur du monde occidental."

Eric H. Cline présente de façon vivante et accessible ce "moment clé de l'histoire". Entre le 15° et le 13° siècles av JC, la Méditerranée orientale est une région prospère. le commerce est actif entre les différents Etats qui la bordent et jusqu'en Mésopotamie. Les princes nouent des alliances et échangent des courriers, des ambassades, des objets précieux dont les archéologues ont retrouvé les traces. On nous parle d'un style particulier qui "combine des éléments issus des cultures mycénienne, cananéenne et égyptienne, donnant ainsi naissance à des objets hybrides très particuliers, caractéristiques de cet âge cosmopolite".

Tout cela prend fin au début du 12° siècle, autour de 1177 av JC. L'archéologie montre des traces de cités détruites par la guerre -on trouve des pointes de flèches dans les décombres- ou par des tremblements de terre -on retrouve des squelettes écrasés sous des murs effondrés. L'âge du bronze cède la place à l'âge du fer. Pourquoi les civilisations ne se sont-elles pas remises de ces destructions ? Les chercheurs ne sont pas d'accord à ce sujet. L'auteur présente les différentes hypothèses et leur évolution à travers le temps.

Ce que j'ai apprécié dans cette lecture :

- le parallèle amusant avec notre époque,

- de découvrir cette lointaine antiquité que je connais fort peu,

- la présentation de l'historiographie de cette période. Eric H. Cline montre comment la connaissance historique se construit à partir des interprétations divergentes des sources, comment une intuition peut permettre d'explorer de nouvelles pistes.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          20
A la sortie d'une exposition du Louvre sur les Hittites, j'ai acheté ce livre, attiré par le titre accrocheur. Les civilisations passées m'intéressent, mais je ne connaissais rien des peuples méditerranéens du 13ème siècle avant JC.
J'ai trouvé ce livre très intéressant et accessible pour au moins 3 raisons :
1) en 200 pages, l'auteur résume simplement 200 ans de découvertes archéologiques et 50 années de débats entre spécialistes sur l'apogée et l'effondrement (en un siècle et non une année) des civilisations de l'Est de la méditerranée.
2) même si le titre, la 4ème de couverture et certaines annonces de l'introduction laissent penser que nous aurons des réponses définitives, le développement est plus nuancé. L'auteur souligne toujours les incertitudes des découvertes archéologiques et des hypothèses des chercheurs.
3) Il mentionne systématiquement la source ou la découverte archéologique qui fonde son propos d'historien. Même si ça peut conduire à des détours, on en apprend plus sur la méthode scientifique des archéologues.
Finalement, l'épilogue est plus ouvert que conclusif. Les chercheurs sont convaincus qu'il y a eu une période charnière autour de 1177 avant JC, mais ils ne s'accordent pas sur les causes de l'effondrement.
Commenter  J’apprécie          20
L'auteur fait ici le point sur la question de la fin de l'âge du bronze en Méditerranée orientale au regard des dernières découvertes archéologiques. Au final, un livre très intéressant, accessible à tous. La mise au point sur certains mythes est très éclairante , en particulier sur la guerre de Troie...
Commenter  J’apprécie          20
J'espère que le titre racoleur est de la responsabilité de l'éditeur et non de l'auteur qui est beaucoup trop sérieux pour un titre pareil.
Il s'agit de l'effondrement de la civilisation de l'âge du bronze en méditerranée orientale au xii° siècle BC et de l'entrée subséquente dans les "siècles obscurs". Pendant très longtemps, on l'a, par facilité, attribué aux invasion des "peuples de la mer", facteur exogène trop pratique pour s'en priver. L'auteur, dans le fil de la recherche contemporaine, en fait justice: des invasions ont eu lieu mais pas ce n'était pas un rouleau compresseur et d'autres facteurs sont à rechercher, sans que, passés au crible, aucun ne paraisse vraiment satisfaisant à l'auteur qui ne peut alors que faire l'hypothèse d'une combinaison de facteurs dans un "perfect storm".
Tout cela est très intéressant, de même que l'examen historique des générations de preuves qui ont alimenté le débat. L'auteur procède à l'étude "micro" des preuves dans l'état présent des connaissances et de la technologie.
Cela rend d'autant plus regrettable un cadre "macro" que, par simplification?, pour capter le lecteur?, pour satisfaire l'éditeur?, l'auteur rapproche exagérément de la mondialisation présente. Que Mycènes, l'Egypte, l' "empire" Hittite soient quelque peu connectés (à l'échelle des technologies de transport et de communication du temps) n'en fait pas un système mondialisé.
Commenter  J’apprécie          20
Une économie globalisée avec de prospères cités marchandes, des empires florissants et des civilisations - mycénienne, hittite, égyptienne, assyrienne, babylonienne, cananéenne, etc. - qui se côtoient, commercent, s'enrichissent - ou se font la guerre - mais dans une interconnexion croissante. «L'âge du bronze récent», comme l'appellent les historiens, cette longue période allant de 1700 à 1100 avant J.-C. fut en Méditerranée orientale un véritable âge d'or de l'histoire mondiale. Toutes ces civilisations se sont effondrées au même moment, entre le XIIe et le XIe siècle avant J.-C., et les historiens comme les archéologues ont multiplié les hypothèses.

«Il n'existe dans l'histoire que quelques cas de tels systèmes mondiaux globalisés», note l'historien et anthropologue américain Eric H. Cline, soulignant que «la magnitude de la catastrophe fut gigantesque et que le monde ne connaîtra pas de pertes d'une telle ampleur avant la chute de l'empire romain 1 500 ans plus tard». Certes, ce monde de l'âge du bronze récent tout comme l'empire romain n'a pas disparu en un jour et le processus a pris quelques décennies. Cline n'en a pas moins choisi l'année 1177 avant J.-C., huitième année du règne de Ramsès III, «comme la plus représentative de cette période d'effondrement». Date aussi symbolique que l'est celle de 476 pour la chute de l'empire romain d'Occident.

«Nous avons avons beaucoup à apprendre des vestiges de civilisations pareillement interconnectées qui se sont effondrées il y a trois mille ans», écrit Eric H. Cline. Sa recherche, qui s'appuie sur de nombreuses sources historiques et archéologiques, est fascinante d'abord de par son approche globale, étudiant ces civilisations de la Grèce, de l'Asie mineure ou du Nil dans leur interdépendance, qui fut l'une des principales causes de leur effondrement, après avoir été la source de leur richesse. Longtemps les historiens avaient privilégié l'hypothèse d'invasions dévastatrices de pillards et prédateurs encore aujourd'hui mal identifiés, des «peuples de la mer», explicitement évoqués comme tels dans les inscriptions égyptiennes. L'explication paraît néanmoins un peu courte pour un tel cataclysme. «Il est bien plus probable qu'une concaténation d'événements à la fois humains et naturels, notamment un changement climatique, la sécheresse, des catastrophes sismiques en série, des révoltes intérieures et un effondrement systémique, se sont cumulés», souligne l'historien qui reconstitue tous les éléments ayant conduit cet âge à sa perte.

La concomitance des catastrophes sur quelques décennies est impressionnante. Mais les guerres civiles ou les invasions, qui par le feu et les combats ont dévasté en quelques années Hattusa, la capitale hittite, la riche cité d'Ougarit ou la ville de Troie, semblent avoir été les contrecoups d'une catastrophe économique préalable avec un effet domino. «Etant donné le caractère globalisé de leur monde, l'effet de l'effondrement d'une seule société sur les routes commerciales et les économies, écrit Eric H. Cline, pouvait avoir des effets dévastateurs suffisants pour conduire à la disparition des autres.»
Commenter  J’apprécie          10
Contrairement aux apparences, le titre "1177 avant J.C., le jour ou la civilisation s'est effondrée" ne cache pas un récit catastrophe hollywoodesque mais c'est tout de meme un ouvrage passionnant pour qui souhaite comprendre comment se fabrique la grande histoire, celle des civilisations, au-dela de l'anecdotique, du spectaculaire et des biographies de personnages célebres. La date de 1177 n'en possede pas moins une signification précise que vous découvrirez en lisant le livre.

Dans la premiere partie, l'auteur nous montre comment les légendaires empires et petits royaumes mediterranéens de la fin de l'age du bronze il y a trois mille ans étaient déja interconnectés et donc "globalisés" commercialement, diplomatiquement ainsi qu'au niveau des techniques et des idées. Dans la deuxieme partie, il nous est proposé une fine analyse de la maniere dont cette interconnexion a pu entrainer l'affaiblissement, voire la disparition de ces États (qui n'étaient pas encore des États-nation mais des populations citadines et rurales regroupées autour de pouvoirs héréditaires centralisés dirigeant leurs territoires depuis leurs palais) en l'espace de quelques dizaines d'années seulement a partir du moment ou se sont conjuguées catastrophes naturelles (sécheresse et tremblements de terre), migrations de masse et guerres ayant entrainé nombre de gens a sillonner la Mediterranée orientale et les terres tout autour pour trouver de nouveaux foyers ou alors vivre en nomades prédateurs ("les Peuples de la Mer").

Pour résumer, chaque civilisation de cette vaste région interconnectée dépendait des autres pour son approvisionnement. Ainsi, pour la nourriture (role central, déja, du blé d'Égypte) ou les matières premières (notamment le cuivre, l'étain, le zinc ou le bois). Ce monde formait ainsi un système aux éléments interdépendants et maintenus en vie par un dense réseau de routes surtout marines mais aussi terrestres (l'étain, notamment, venait d'Afghanistan). Les effets des crises touchant l'un ou l'autre empire ou royaume se répercutait sur les autres en se cumulant, et quand finalement les routes commerciales sont devenues insécures a cause d'une piraterie généralisée ou la destruction de ports, c'est l'ensemble de ce monde global qui s'est peu a peu effondré.

On ne peut s'empecher avec l'auteur de faire le parallele avec notre civilisation globalisée du 21. siecle ou les interdépendances des États se conjuguent aux conflits militaires et économiques sur fond de crise climatique grave pour jeter des millions de migrants sur les routes de l'exil... La suite de l'ouvrage est prévue pour 2024.

Commenter  J’apprécie          00
Ce livre est vraiment éclairant sur une époque, que je dois avouer, je connaissais bien mal. C'est désormais plus clair, mais aussi plus complexe. Et c'est ce que j'en retiens, c'est que le monde était déjà bien complexe il y a de ça trois millénaires. Quoiqu'il en soit, même si les parallèles, qu'il effleure plus qu'il n'engage, peuvent prêter à discussion et méritent la discussion, il en prend toutes les précautions d'usage qui sont nécessaires. Donc pour moi c'est à la fois une recherche fouillée et étayée, et clairement dans un esprit scientifique respecté, car à tour moment il nous est rappelé la différence entre une hypothèse et un fait établi à travers un large consensus. Je salue cette rigueur.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (209) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}