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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis la première surprise d'avoir été « autant » captivée par ce roman. Il ne fait absolument pas partie de mon genre de prédilection, on en est loin d'ailleurs. C'est pourquoi je ne m'attendais pas à passer un aussi bon moment dans un univers qui interpelle quand on débute notre lecture. Et je pense que ce commencement fait en quelque sorte la force du roman, car de cette façon on est curieux de savoir de quoi il en retourne.

J'ai trouvé les événements et le décor très bien décrits. le tout nous plonge dans une aventure dont on ne veut pas forcément sortir. L'écriture relativement fluide de l'auteure a surement dû aider.

Je ne peux pas dire que je me suis vraiment attachée au personnage principal ou aux autres personnages qui se trouvent dans cette histoire, mais je dois dire que j'ai pris plaisir à les rencontrer et à voir ce qu'ils pouvaient apporter de plus.

J'ai particulièrement aimé la manière dont se développent les choses, dont la découverte de soi. On pourrait presque voir les aventures/évènements comme un rite initiatique. Un rite qui va amener tout le monde à se découvrir, à se poser des questions … On entre dans la tête du protagoniste, et cela nous fait découvrir une tout autre réalité. Il y a un travail en profondeur. On peut aussi y ressentir la passion de l'auteure.

En somme, ce n'est pas un roman banal, bien au contraire. Il faut être prêt à s'aventurer dans les profondeurs de l'âme avant de se lancer dans cette lecture. Je pense que tout le monde aura un regard final différent face à cet écrit et ce n'est pas plus mal. Un voyage initiatique n'est jamais le même pour tout le monde.
Lien : https://alloverthebooks.word..
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Borderline...

Sur l'arête de la vie..

L'état limite..

Quelque part entre émotions explosées et vide incommensurable.

Quelque part entre archisensibilié , impulsivité, instabilité à la frontière de la névrose.

Un monde sans nuances où se balancent certaines consciences.

Un monde intérieur et extérieur où une certaine vision de la réalité et de la vérité est décuplée d'intensité

La recoloration d'un monde sourd, endormi à travers les tourments d'humains au vernis fragile.

Cet essentiel de la vie: la conscience.

Cette conscience je l'ai empoigné , aseptisée et transfusée aux normes asphyxiées de cette société viclarde et décharnée.

Comme le lierre noir , elle s'était cramponnée et avait fait de moi une terre bâclée , un portrait pillé , un pantin disloqué et matrixé.

J'étais tout juste assez douée pour dire Amen à cette conformité gerbante.

-Regarde moi bien , lui dis- je

Tu te sens libre parce que tu n'est pas enfermée?

Parce que tu n'est l'esclave de rien...excepté de tes tyrans quotidiens?

Tu t'es déjà éclaté contre ce monde?

Tu as déjà ressenti ce besoin viscéral d'avoir mal pour te prouver que tu es en vie?

Parce que tout ce que tu crois vivre c'est d'une tiédeur écoeurante , d'une lenteur larvaire.

Il faut te disperser dans l'angoisse, la solitude , le face à face , t'extraire de ce monde pour mieux le voir, mieux l'aimer.

Cesser de te traîner comme un corbillard dans l'éclat funeste de tes illusions.

Eventrer ces chimères qui creusent chaque jour un peu plus le lit obscur de ton tombeau.

Oui, nul besoin d'être mort pour être cloué au sol, tu le fais si bien quand tu es incapable de descendre en profondeur.

Quand tu vivotes et gigotes niaisement comme un poisson hors de son bocal.

Quand tu hypothèque ta conscience pour des nécessités triviales.

Et toi qui me lis, tu es qui?

Un rescapé de la vie ou un rescapé de la mort?

T'acquittes tu honnêtement des responsabilités de ta conscience?

"Qui éveilles la vie chez les autres contribue à donner un sens à la vie"

Anselm Grun

"Ce que tu nies te soumet, ce que tu acceptes te transforme"

Carl Gustav Jung

L'HISTOIRE

D'abord, il y a ce jaguar à moitié crevé, il le suit plus fidèle , plus coriace que ces satanés être humains.

Lui, c'est Travis , un mec déchiré, commotionné par une réalité hallucinogène.

Avec sa trouille de vivre sans être à la hauteur de ses rêves .

Il raconte son histoire de fou, ce gamin mal aimé , rejeté , humilié .

Cet adolescent qui résiste, qui bosse dur pour rapetisser l'écart entre la réalité qu'on lui impose et la réalité de sa conscience.

Ce mec qui s'expose au sublime avec ses comportements dangereux , qui se trouve, se perd , se retrouve à travers ses souvenirs qu'il revit en accéléré .

Cette errance , c'est son identité profonde , il construit et déconstruit , il fabrique un monde dans sa tête totalement décroché de la réalité , il signe alors son pacte avec la folie.

Très subjectif la folie n'est ce pas?

Chaque fois qu'il est ramené à sa conscience, il se transforme.

Groggy dans un hôtel miteux en pleine hallucination , son retour au monde se ponctue de flashbacks , d'introspection, de rêves ..

L'itinéraire d'un marginal en mal de vivre qui tentera grâce au chamanisme cette pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de retrouver un sens à sa vie.

Vous découvrirez Tyler sa soeur jumelle, son double , son alter ego , leurs descentes aux enfers .

Il vous parlera de Wish son chaman..

Vous reconstituerez peu à peu dans cette ambiance psychédélique le puzzle de sa vie.

LE PERSONNAGE

Je dis le personnage car il est le pilier central de l'histoire.

Travis est un véritable éléctrochoc.

Il vous ressucite et vous réanime de ses réflexions désintéressées.

Il est brut, il se livre à âme perdue dans des détails les plus sordides

Il est pur et nous épure de toutes les souillures de ce monde pollué de faux semblants.

Il nous charge à bloc, il rayonne , il est une rature embellie , il nous fait prendre conscience de la difficulté d'être..

Il nous saisit le coeur , sa psychologie est à saisir à vif..

LE RECIT

La narration est à la première personne et c'est celle que je préfère, celle qui crée la proximité avec le lecteur.

L'immersion est totale.

On explique moins , on accepte davantage et on s'identifie.

Un choix intuitif qui correspond à la vision du récit.

On est dans l'action directe et c'est ainsi très addictif.

Il faut juste un moment afin de pouvoir situer l'histoire et la chronologie des événements.

Malgré cet emploi , l'auteur n'a pas omis de travailler ses descriptifs ce qui n'est pas toujours le cas dans ce style de récit.

LE STYLE DE L'AUTEUR

Certains auteurs sont les seuls à pouvoir dire ce qu'ils ont à dire.

C'est le cas pour Zoé Habbabou

Son style c'est sa sensibilité personnelle.

Elle est juste avec elle même.

Un style qui est le jaillissement de son intérieur.

Difficilement classable , à prendre où à laisser, à aimer où à détester!

Le vocabulaire est cru , en cohésion avec le ton de l'histoire.

Les mots sont puissants invitant aux plus belles comme aux plus infectes images.

Elle est excessive et souvent choquante.

Elle jure comme un bonhomme et la minute d'après elle se révèle en subtilité.

Tout est retranscrit honnêtement , je dirais que c'est son label

PASSAGE

"Et elle demandait :

Comment est ce possible?

D'avoir besoin de choses qui n'existent pas !

Rêver de sensations qu'on ne connaitra jamais?

Avoir le souvenir de trucs qu'on a jamais vécus?

On a fait des milliers de kilomètres à la poursuite de cette chose , la pourchassant comme des bêtes affamées.

Son odeur était là , les traces étaient fraîches , la piste était infime , ténue mais indéniablement on était sur la bonne route.

Seulement on arrivait toujours trop tard . La chose avait toujours de l'avance sur nous.

Elle nous a fait courir comme des perdus , nous a traînés à travers les ronces , essoufflés , la langue pendante.

Mais elle demeure toujours insaisissable .

Elle nous narguait de loin , nous faisait signe et attendait tranquillement qu'on approche pour déguerpir au moment où on allait l'atteindre."

Vous pensiez que rien n'était noir?

Lisez "Borderline" ce roman aux sombres résonnances et tentez donc de tisser les liens de la haine et de l'amour dans cette sphère mortifère...
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Comme son nom l'indique, Borderline nous plonge dans la personnalité atypique et très tourmentée de Travis. Ne vous attendez pas ici à une structure classique et linéaire : le narrateur est plongé dans une grande détresse mentale et le texte suit les cahots de son esprit, avec des flashbacks, un récit éclaté de son passé, des pensées qui se mélangent. Malgré cette plongée dans des méandres labyrinthiques, Zoë Hababou parvient à ne pas perdre le lecteur, à conserver son attention et à lui faire entrevoir le parcours de Travis par touches très parlantes. Pas d'inquiétudes à avoir donc : il n'y a qu'à se laisser porter pour voir le récit se déployer peu à peu.

Outre cette construction singulière, adaptée et parfaitement maîtrisée, Borderline aborde de nombreux sujets qui interrogeront tous les lecteurs : comment se construire face à la violence ordinaire du monde, comment trouver sa place dans une société qui ne nous convient pas, comment se rebeller et faire face aux conséquences de cette rébellion, mais aussi comment surmonter un deuil, s'accepter, se dépasser, aller chercher au fond de soi sa propre vérité… Pour répondre à toutes ces questions, Travis nous parle non seulement de son passé, mais aussi de l'expérience qu'il est en train de vivre dans une jungle mystérieuse où il a fait la rencontre d'un chaman qui l'initie aux secrets de l'ayahuasca (pour ceux qui ne connaissent pas, l'ayahuasca est une plante hallucinogène utilisée pour entrer en transe par certains chamans d'Amérique Latine).

J'ai beaucoup aimé les quelques descriptions autour de la jungle, de l'ayahuasca, du chamanisme et de ces régions d'Amérique Latine que Travis traverse dans son errance, mais c'est aussi là que le roman pêche pour moi : il manque un ancrage dans le réel. J'ignore si c'est parce que Travis est dans une grande confusion et si ce sera davantage développé par la suite, mais dans ce premier tome, Zoë Hababou a fait le choix de ne citer aucun nom de pays, de ville, ni même de région. Tout, ou presque, reste suggéré et je trouve que c'est dommage, parce que ça donne l'impression que le roman est détaché de la réalité, alors qu'il aurait parfaitement pu y trouver sa place avec davantage de précisions. Mais c'est mon opinion et tout le monde ne le ressentira sans doute pas de la même manière. ^^

Les questions que soulèvent le livre et l'écho qu'elles peuvent trouver en chacun de nous restent toutefois très intéressants et nous poussent à nous pencher sur nos propres choix et notre propre place dans la société. Certes nous ne sommes pas tous des écorchés vifs comme Travis, mais nous sommes tous confrontés à des choses qui nous déplaisent et ce personnage nous incite à nous interroger sur la manière dont nous nous positionnons par rapport à ça. Sommes-nous réellement libres ? Qu'est-ce que la liberté ? Que sommes-nous prêts à faire pour l'obtenir ?

Enfin, dernier point positif et non des moindres : Borderline est très bien écrit. le style de Zoë Hababou est agréable à lire et elle a su donner une voix singulière à son narrateur. Les pages se tournent toutes seules et j'ai vraiment passé un bon moment de lecture.
(retrouvez la chronique complète sur mon blog)
Lien : https://anaiscros.fr/lecture..
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