AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Une découverte au gré des flâneries à l'une des mes Librairies de prédilection, Tschann; Un très beau livre, tant au niveau de la maquette, la sobriété élégante de la couverture, la mise en page, l'iconographie [peintures, dessins de l'auteur, de son frère disparu, photographies anciennes, oeuvres d'autres artistes, etc], et bien sûr son contenu...

Une sorte de météore, autobiographie éclatée, qui recrée un puzzle, réunissant les êtres tant aimés, disparus...

Un seul reproche et regret que je me formule à moi-même: avoir lu ce texte à un rythme trop rapide ... la densité ainsi que la richesse du style méritent une lecture plus lente, en savourant la musique particulière de ce récit autobiographique !

"Je m'attendais au pire depuis toujours. Dès ma naissance, le plomb fondu de l'angoisse s'infiltra dans mes veines à l'ombre d'adultes miséreux, désemparés par l'exil, père et mère que torturaient alors la perte et le trouble. Mais il ne s'agit guère ici d'un récit d'enfance, cette fable
narcissique plus ou moins doloriste en forme de roman familial. Il ne s'agit pas non plus de Dieu, ce mot de rien pour rire de tout, ni des inepties des vendangeurs de l'âme.
"Mais la vérité n'est pas dans l'espace, elle est le moment de conscience, elle est solitaire", disait René Daumal. " (p. 42)

Complexe de résumer ce récit... tant s'entrecroisent la douleur , des expériences violentes de deuil, mais aussi la création qu'elle soit picturale ou littéraire, qui à défaut de sublimer permet de "rester debout" , en dépit de l'insupportable ! ...de transcender et de perpétuer le souvenir des
disparus...Trop de proches et amis, suicidés... qui laissent une béance gigantesque...

Peindre et écrire pour Hubert Haddad, hors la passion ultime de la création, se révèle comme une sorte de "catharsis", et chemin ultime de "ressusciter" , de garder "vivants", les êtres aimés ...

Hubert Haddad relate ses deuils, ses parents, le suicide d'un grand frère, la rupture d'anévrisme du cadet, la maladie et disparition prématurée d'une femme aimée, avec le partage des années flamboyantes de la jeunesse, Chantal, auteure d'une unique oeuvre "Mai en automne" [" Chantal a rédigé d'un seul tenant ce premier et unique roman, alors qu'elle vivait plus ou moins seule..." p. 77- "Elle m'entretenait alors du dernier livre vécu plus que lu, de ses complicités amoureuses avec tel auteur ou tel personnage, de son rêve d'écrire un jour" p. 79].

L'écrivain-poète-essayiste et peintre nous relate également le tout premier choc poétique, littéraire qui fut comme un déclic : "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire...

Beaucoup d'émotion à cette lecture... qui me fera appréhender avec un regard plus approfondi,et différent, les autres écrits de cet écrivain, dont j'ai encore en attente dans ma PAL, " le Peintre d'éventail" et "Les haïkus du peintre d'éventail", pour n'en citer que deux.

Hormis les découvertes des dessins, peintures d'Hubert Haddad, j'ai eu la surprise de voir pour la première fois une toile très peu connue de J.F. Millet [ artiste que j'affectionne particulièrement], "La Chasse aux oiseaux de nuit", ainsi qu'un portrait très troublant de René Daumal, par son ami, Joseph Sima....sans omettre la découverte totale du poète et ami de l'écrivain, Elie Delamare-Deboutteville...

Thèmes abordés, universels, existentiels, intrinsèques à tout "Homme", qui plus est, à tout "Artiste": la Vie, La Mort...Les pouvoir de la Création et de l'amour...pour poursuivre son chemin, et effleurer le "Mystère du Vivant " !

L'élément le plus bouleversant de ce récit, pour ma part, est la disparition des êtres qui construisent et constituent nos existences, au plus intime...

"On peut trahir de trop aimer. La solitude concentrée du survivant sera nourrie mot après mot des paroles manquantes, celles qu'on n'a pas su entendre." (p. 147)



_______________________________________________________________________________
Voir en complément, les liens suivants:

http://www.babelio.com/livres/Creusot-Mai-en-automne/372820

http://www.babelio.com/livres/Delamare-Deboutteville-Le-Reve-nest-pas-ce-qui-manque/902577/critiques/1207633

Commenter  J’apprécie          327



Ont apprécié cette critique (29)voir plus




{* *}