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EAN : 9782715244061
192 pages
Le Mercure de France (01/09/2016)
3.64/5   7 notes
Résumé :
C’était un 17 septembre, à Paris. Hubert Haddad avait 20 ans. Debout sur le rebord de sa fenêtre, au 4e immeuble de la rue Pastourelle, complètement nu, il allait se jeter dans le vide. Un jeune homme est entré par hasard juste à ce moment-là, un ami. Il est allé vers lui et, à la manière d’un ange, il a su trouver des mots simples pour le calmer et le faire revenir de son geste qui lui aurait été fatal.

C’est à partir de ce jour-là, où il croyait ch... >Voir plus
Que lire après Les coïncidences exagéréesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une découverte au gré des flâneries à l'une des mes Librairies de prédilection, Tschann; Un très beau livre, tant au niveau de la maquette, la sobriété élégante de la couverture, la mise en page, l'iconographie [peintures, dessins de l'auteur, de son frère disparu, photographies anciennes, oeuvres d'autres artistes, etc], et bien sûr son contenu...

Une sorte de météore, autobiographie éclatée, qui recrée un puzzle, réunissant les êtres tant aimés, disparus...

Un seul reproche et regret que je me formule à moi-même: avoir lu ce texte à un rythme trop rapide ... la densité ainsi que la richesse du style méritent une lecture plus lente, en savourant la musique particulière de ce récit autobiographique !

"Je m'attendais au pire depuis toujours. Dès ma naissance, le plomb fondu de l'angoisse s'infiltra dans mes veines à l'ombre d'adultes miséreux, désemparés par l'exil, père et mère que torturaient alors la perte et le trouble. Mais il ne s'agit guère ici d'un récit d'enfance, cette fable
narcissique plus ou moins doloriste en forme de roman familial. Il ne s'agit pas non plus de Dieu, ce mot de rien pour rire de tout, ni des inepties des vendangeurs de l'âme.
"Mais la vérité n'est pas dans l'espace, elle est le moment de conscience, elle est solitaire", disait René Daumal. " (p. 42)

Complexe de résumer ce récit... tant s'entrecroisent la douleur , des expériences violentes de deuil, mais aussi la création qu'elle soit picturale ou littéraire, qui à défaut de sublimer permet de "rester debout" , en dépit de l'insupportable ! ...de transcender et de perpétuer le souvenir des
disparus...Trop de proches et amis, suicidés... qui laissent une béance gigantesque...

Peindre et écrire pour Hubert Haddad, hors la passion ultime de la création, se révèle comme une sorte de "catharsis", et chemin ultime de "ressusciter" , de garder "vivants", les êtres aimés ...

Hubert Haddad relate ses deuils, ses parents, le suicide d'un grand frère, la rupture d'anévrisme du cadet, la maladie et disparition prématurée d'une femme aimée, avec le partage des années flamboyantes de la jeunesse, Chantal, auteure d'une unique oeuvre "Mai en automne" [" Chantal a rédigé d'un seul tenant ce premier et unique roman, alors qu'elle vivait plus ou moins seule..." p. 77- "Elle m'entretenait alors du dernier livre vécu plus que lu, de ses complicités amoureuses avec tel auteur ou tel personnage, de son rêve d'écrire un jour" p. 79].

L'écrivain-poète-essayiste et peintre nous relate également le tout premier choc poétique, littéraire qui fut comme un déclic : "Les Fleurs du Mal" de Baudelaire...

Beaucoup d'émotion à cette lecture... qui me fera appréhender avec un regard plus approfondi,et différent, les autres écrits de cet écrivain, dont j'ai encore en attente dans ma PAL, " le Peintre d'éventail" et "Les haïkus du peintre d'éventail", pour n'en citer que deux.

Hormis les découvertes des dessins, peintures d'Hubert Haddad, j'ai eu la surprise de voir pour la première fois une toile très peu connue de J.F. Millet [ artiste que j'affectionne particulièrement], "La Chasse aux oiseaux de nuit", ainsi qu'un portrait très troublant de René Daumal, par son ami, Joseph Sima....sans omettre la découverte totale du poète et ami de l'écrivain, Elie Delamare-Deboutteville...

Thèmes abordés, universels, existentiels, intrinsèques à tout "Homme", qui plus est, à tout "Artiste": la Vie, La Mort...Les pouvoir de la Création et de l'amour...pour poursuivre son chemin, et effleurer le "Mystère du Vivant " !

L'élément le plus bouleversant de ce récit, pour ma part, est la disparition des êtres qui construisent et constituent nos existences, au plus intime...

"On peut trahir de trop aimer. La solitude concentrée du survivant sera nourrie mot après mot des paroles manquantes, celles qu'on n'a pas su entendre." (p. 147)



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Voir en complément, les liens suivants:

http://www.babelio.com/livres/Creusot-Mai-en-automne/372820

http://www.babelio.com/livres/Delamare-Deboutteville-Le-Reve-nest-pas-ce-qui-manque/902577/critiques/1207633

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Magnifique récit autobiographique, illustré, alliant culture, art graphique et poésie...
Hubert Haddad conte son histoire de manière simple, non pas de façon chronologique mais par petites touches de faits et gestes qui ont marqué sa vie d'artiste...

Un livre à recommander !!!
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Ce livre est étrange et fascinant. C'est une ébauche d'autobiographie, constitué comme un puzzle. Au gré de l'inspiration de l'auteur, on découvre les étapes principales de sa vie: sa famille d'origine tunisienne, les nombreux deuils auquel il a été confronté, ses rencontres (notamment avec une âme-soeur: Chantal), ses recherches littéraires, enfin cet épisode qui lui semble être le centre de gravité de toute sa vie: sa tentative de suicide, inopinément empêchée par son ami Elie. Voici comment il l'évoque, dans son style très particulier: « Par une coïncidence qu'un démiurge prodigue au petit bonheur - ou par quelle intuition d'aigle planant ! - Elie poussa ma porte sans y avoir été invité ce soir-là, l'allure d'un héros revenu du chaos primitif. J'étais dévêtu, les bras blessés, en proue des débris d'une tempête, guitare, tableaux, miroirs, et prêt à emprunter, comme on se jette au feu, la rampe d'air de la fenêtre ».

Hubert Haddad écrit merveilleusement bien - d'ailleurs il a été un pionnier des ateliers d'écriture en France. Je trouve qu'il écrit de la prose comme un poète, avec des images et une alchimie de mots étonnantes. Bien souvent je suis loin de tout comprendre, mais je suis sous le charme. Dans son livre, il fait allusion à des références qui m'échappent (car il a une culture très large), mais ça ne fait rien... Le volume est valorisé par une iconographie de bon goût: peintures, dessins, photos.
Bien sûr, cette écriture si travaillée pourra rebuter certains lecteurs, qui auront envie d'abandonner aussitôt ce livre. Pour ma part, j'ai trouvé le texte parfois difficile; sa richesse m'a conduit à le lire par petits morceaux, pour mieux l'apprécier.
L'auteur me fait un peu penser à Georges Pérec: un homme qui assumait son ascendance juive, qui brillait par une intelligence particulièrement vive, dont la culture était immense, qui avait le génie d'un écrivain novateur, et dont les livres étaient parfois déroutants. Hubert Haddad, qui a un esprit poétique, n'écrit absolument pas comme Pérec; mais ils ont le même type d'originalité. Mais je crains que jamais ils ne "feront un tabac" au niveau du nombre de livres vendus…
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
L’essentiel de la mémoire tient dans les perceptions obscures. Il faudrait sans cesse recommencer la vérité - mais où est-elle passée ? C’était hier et c’est demain. Elle échappe, elle ne peut davantage accrocher le souvenir que la pure émotion vécue, évanescente.
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La vie est tissée de coïncidences. Nous ne retenons que les séries qui font loi. C’est que toute vérité ultime échappe fatalement. On ne connaît bien que ses errances.
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Écrire, c’est clairement investir un espace intérieur et lui donner une autonomie de mots comme si vous retourniez le gant de la subjectivité.
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Le suicide d'un proche est à jamais inassimilable. (...)Une lente anesthésie de l'attention qui prépare la mise à distance, l'assimilation hébétée de l'absence. (p. 103)
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Je m'attendais au pire depuis toujours. Dès ma naissance, le plomb fondu de l'angoisse s'infiltra dans mes veines à l'ombre d'adultes miséreux, désemparés par l'exil, père et mère que torturaient alors la perte et le trouble. Mais il ne s'agit guère ici d'un récit d'enfance, cette fable narcissique plus ou moins doloriste en forme de roman familial. Il ne s'agit pas non plus de Dieu, ce mot de rien pour rire de tout, ni des inepties des vendangeurs de l'âme.
"Mais la vérité n'est pas dans l'espace, elle est le moment de conscience, elle est solitaire", disait René Daumal. " (p. 42)
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Videos de Hubert Haddad (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Haddad
Avec Katerina Apostolopoulou, Caroline Boidé, Bruno Doucey, Mohammed El Amraoui, Hubert Haddad, Marie Pavlenko & Murielle Szac Accompagnés par le musicien Issa Hassan
Prenez le mot Grâce. Soupesez-le pour en estimer la richesse de sens. Puis déployez-le, en éventail, de manière à faire apparaître ses innombrables significations. Qu'y a-t-il au-delà de ce don accordé, de cette faveur ou non divine ? Un état, un moment, l'extase. Une supplique, une embellie, d'autres extases encore. Sans oublier ces vies que l'on épargne, ce coup souvent fatal, ces inquiétudes et cet accueil, le consentement ou le refus. Les uns disent « Grâce à Dieu », tandis que d'autres ne croient qu'en la chaleur d'une main dans la leur. Mais de textes en textes, de mots d'amour en chants des morts, de cimes en abîmes, les 118 poètes de cette anthologie entonnent sans relâche la grande partition de la vie. Et s'ils viennent de tous les horizons – si elles viennent, car plus de la moitié sont des femmes –, c'est pour dire d'une voix multiple et une : Gracias a la vida !
À lire – Grâce… Livre des heures poétiques, Anthologie établie par Thierry Renard & Bruno Doucey, éd. Bruno Doucey, 2024.
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