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Citations sur La solitude Caravage (220)

Je regarde le tremblement nacré d'une femme, dont la larme si discrète, en écho à la perle jetée par terre, s'écoule sur la joue. Je pense alors que la nacre réfléchit encore plus que l'amour, et que le reflet qui se loge en toute larme est le premier miroir en lequel, malgré notre aveuglement, nous avons trouvé réfléchie la figure du monde et celle de nos corps stupéfaits. Oui, dans une larme qui coule, comme à la joue de Madeleine, je découvre le monde devenu perle.
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Ce rectangle luisant, est-ce que c'est l'absence? Est-ce que c'est Dieu? La peinture elle-même? Le lieu où resplendit ce point réservé n'est pas celui auquel peuvent accéder des yeux. La matière dans laquelle seule la peinture est capable d'entrer -- et de se voir -- se cambre alors dans un miroir convexe, et en se dérobant il arrive qu'elle donne à voir sa propre cachette avec plus rien dedans. A cette folie du réel, que peut-être seule la théologie pourrait situer, le Caravage est arrivé.
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Un miroir ne réfléchit peut-être rien, mais s'adresse à ce qui est invisible. Celui de Marthe et Madeleine ne renvoie qu'à ce qui échappe au visible, ce point que la peinture indique sans pouvoir le représenter et qui convie nos regards vers un effacement de tout espace, une résorption de toute forme, l'absorption même des possibilités du regard.
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Le Caravage est mort à 39 ans, il n'a jamais été vieux. Mais il est parvenu à voir ce qu'on voit dans le temps intérieur du grand âge : ce petit rectangle luisant, au fond de l'oeil, qui dissout les bordures, ce grand mur épais, qu'il a peint dans Les Funérailles de sainte Lucie, où les couleurs cessent de se différencier, cette pâleur qui récuse toute ressemblance, comme dans La Résurrection de Lazare, où l'on ne discerne plus que la fragile texture des choses finies, une peau, un cri étouffé, un battement de coeur, une bouche qui s'ouvre pour boire, sans aucun regard qui puisse s'en emparer.
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Avec le temps, le visible prend cet aspect de jour voilé, qui est aussi celui où la vie se recule. les formes reconnaissables s'estompent un peu, et si l'ombre les protège encore, bientôt elles seront nues, comme cette "voyageuse de nuit" dont parle Chateaubriand à propos de la vieillesse.
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Ce n'est pas exactement un miroir qui gît alors au fond de l'oeil des vieux maîtres, plutôt l'extrême pointe du reflet qui habite ce miroir.
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Il m'a toujours semblé que les grands peintres étaient ceux qui, à un moment de leur vie, quand les mots et les choses se sont usés au point de ne plus admettre que leur transparence, atteignent cette lueur vide, ce nid de flammes éteintes, ce petit pan de mur sans couleur.
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Lorsque nous fermons les yeux, une lumière favorable s'allume sous nos paupières; cette lumière ne vient de nulle part, sinon d'un espace qui lui est intérieur. Car si d'abord persiste à la surface de la rétine une lueur du réel, elle ne tarde pas à se troubler pour laisser place à cette image opaque qui brille depuis son évanouissement.
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Ces boucles -- ce papillon noir -- ne sont-elles pas une clef? Cette larme qui coule à l'oreille des femmes, n'est-ce pas la signature du Caravage, lui qui ne signe pas ses tableaux?
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Que faisait donc, en 1608, aux oreilles de Salomé, des boucles qui avaient orné celles de Judith dix ans plus tôt? Que la perle abandonnée par Madeleine passe à l'oreille de Judith, qui en fera ensuite cadeau à Salomé, cela m'émeut.
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