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Citations sur Les Renards pâles (69)

Je l'ai dit : l'absence, chez moi, est une seconde nature. J'ai passer ma vie à m'absenter. Au cœur de l'absence rayonne une vérité que la vie quotidienne récuse, parce qu'elle est cruelle. Mais qu'on le veuille ou non, cette vérité nous tient en joue : à chaque instant, nous sommes la cible. Je me suis toujours astreint à loger dans le vide, parce que alors on est tout près de cet effroi ; et que cette proximité, en un sens, me protège.
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Votre monde se croit "global" parce qu'il aurait ouvert les frontières et facilité la libre circulation des personnes. En réalité, il ne fait que sacrifier ce qui n'est pas compatible avec ses intérêts. (p. 117)
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(...) un homme était écrasé dans la benne, un sans-abri qui s'était endormi dans l'un des conteneurs ; ils sont de plus en plus à y trouver refuge, a dit l'un des éboueurs : la plupart du temps on jette un coup d'oeil avant, mais parfois ils sont couverts par les sacs, surtout l'hiver, et là l'équipe du matin n'avait pas eu le temps de faire la vérification, a-t-il dit, ils avaient guidé comme d'habitude le déplacement du conteneur jusqu'au-dessus de la benne, et, lorsque celle-ci s'est ouverte, ils ont vu, parmi les ordures, le corps d'un homme tomber, et il y a eu un hurlement, mais c'était déjà fini, a-t-il dit, parce que les bennes de ce genre-là réduisent tout en pièces.
(p. 64)
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C'était un dimanche, vers 20 heures. Je m'en souviens très bien parce que, ce jour-là, on m'avait mis à la porte. Depuis quelques mois, je n'arrivais plus à payer le loyer ; la propriétaire de la chambre m'avait rappelé à l'ordre, et puis ce matin-là elle a frappé à ma porte ; comme je n'ouvrais pas, elle s'est mise à hurler que j'avais la journée pour quitter son meublé. Je me suis rendormi, avec une légèreté qui aujourd'hui me paraît extravagante. À l'époque, j'accordais peu d'importance à ce qu'on nomme les relations humaines ; peut-être n'avais-je pas besoin de faire croire aux autres que j'étais vivant.
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Est-ce que quelqu'un se souvient qu'ici, aux Tourelles, dans ce quartier désert du XXe arrondissement, il y a eu un camp d'internement où la République française, à partir de 1941, a entassé ce qu'elle nomme les "indésirables" : républicains espagnols, combattants des Brigades internationales interdits dans leur pays, réfugiés d'Europe centrale fuyant le nazisme, résistants communistes et gaullistes, femmes juives déportées vers Auschwitz ?
Lorsqu'on marche dans Paris, on s'imagine qu'on se promène, mais on piétine surtout les morts.
(p. 50)
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Méfiez-vous : les solitaires ont peut-être du charme, mais aussi une dureté qui vous éloigne. (p. 30)
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Je n'avais parlé à personne depuis un mois ; il y avait très longtemps que le soir je ne sortais plus. Mon corps s'était vidé lentement de toute parole ; en se concentrant sur un monde de nuances, il avait perdu l'habitude des autres.
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Nous serions, parait-il, hors la loi, parce que nos actions débordent vos limites, et que notre survie contrevient à vos intérêts ; mais lorsque la loi n'est pas juste, la justice doit ignorer la loi. Sans doute est-il impossible à vos yeux que des sans-papiers fédèrent leurs énergies : dans votre conception du monde, les sans-papiers doivent être des victimes : il est même utile qu'ils le demeurent. Mais nous ne sommes pas seulement des sans-papiers.

(...) Le désoeuvrement est-il une menace pour la vie sociale ? Peut-être avez-vous raison de le croire : quelqu'un qui passe son temps à vivre hors de l'utilité ne peut en un sens qu'être en grève ; et la grève, c'est bien connu, affecte ce qui l'approche, elle absorbe ce qui voudrait l'intimider, elle la bonne volonté.
(..) Le besoin d'avoir à votre disposition des gens assez démunis pour accepter les corvées vous juge. En nous réservant vos restes, vous nous assimilez à des déchets. Nous sommes la part négligée, celle dont on se débarrasse. Souvenez-nous de la parole des Ecritures : "Nous sommes jusqu'à ce jour la balayures du monde, le rebut de tous les hommes." Voilà en quoi se change la personne ne veut : un danger.

(...) Que vous le vouliez ou non, l'avez-vous oublié, refoulé, votre République est une divinité comme une autre. Laïque, peut-être - Mais quelle différence ? Les formes du culte importent peu ; ce qui compte c'est l'urgence qu'on met à recourir aux soins d'un dieu, c'est le secours qu'il prodigue à nos vies.

(...) Une guerre civile divise la France, comme tous les pays qui suspendent le droit de certaines personnes en criminalisant leur simple existence.
(...) elle est dissimulée pour des raisons politiques : ainsi reste -t-elle secrète.
(...) mais il arrive qu'elle dégénère en spectacle, et les médias, en présentant les sans-papiers comme des délinquants qui enfreinent une loi, maquillent alors cette guerre contre l'insécurité.

Les Renards pâles évoluent dans un contre monde.

Nous existons par éclipses. nous sommes le peuple sans traces - celui quipour clamer son identité a effacé ce qui la fonde.
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La brutalité des policiers, les hurlements des femmes, les pleurs des enfants, les protestations des manifestants qui s'interposent donnent à chaque scène de rafle une dimension de guerre. Et c'est bien de guerre qu'il s'agit : une guerre civile divise la France, comme tous les pays qui suspendent le droit de certaines personnes en criminalisant leur simple existence. Elle oppose les étrangers "indésirables" comme vous dites, et les forces de police. Le plus souvent, elle est dissimulée pour des raisons politiques : ainsi reste-t-elle en partie secrète; mais il arrive, pour les mêmes raisons, qu'on 'exhibe : elle dégénère en spectacle, et les médias, en présentant les sans-papiers comme des délinquants qui enfreignent une loi, maquillent alors cette guerre en lutte contre l'insécurité.
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Il y a ceux qui se tuent au travail, et les autres qui se tuent pour en trouver un - existe-t-il une autre voie?
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