Le succès du malheur

La plupart de mes secrets se trouvent compromis. Malgré tout, je lui parle souvent des choses qui me tracassent : un examen raté, une dispute avec mes copines, un nouvel amour fané… Et, chaque fois, il m’écoute sans me juger. Nous sommes extrêmement proches. M’ouvrir à mes parents, peu présents à cause de leurs boulots respectifs, m’a toujours semblé bizarre ; tout le contraire d’Adam qui, au fil des années, a fini par jouer le rôle d’un père adoptif.

Ce soir, je refuse catégoriquement de penser à cette espèce de… de… Vraiment, il n’existe aucun mot injurieux assez fort pour le décrire. Je ne peux même pas le traiter d’enfoiré, ça insulterait tous les enfoirés de cette planète. Jamais je ne me suis doutée qu’il partirait du jour au lendemain, me laissant seule avec un lourd secret sur les épaules. Durant plusieurs mois, nous filions le parfait amour : il me caressait les cheveux jusqu’à ce que je m’endorme, me chuchotait des compliments au petit matin, me soutenait dans mes décisions, m’encourageait dans mes rêves. Qui aurait cru qu’en moins de vingt-quatre heures, il parviendrait à effacer des semaines d’amour, de rire, de bonheur ?

Les mots me manquent à l’instant où mes yeux tombent sur ses cheveux blonds, soigneusement plaqués sur le côté. Mon cœur s’affole. Je sais bien que ce n’est pas lui, mais je ne peux m’empêcher de réagir au quart de tour. La douleur me paraît encore trop jeune, trop intense pour ne pas ressurgir au pire des moments ; elle me guette tel un vautour, attendant le moment propice pour planter ses serres acérées dans ma chair à vif.

À toutes ces personnes qui se responsabilisent pour les souffrances que le monde leur a infligées. Celles qui se forcent à sourire même lorsqu’elles n’ont qu’une seule envie : pleurer.
Vous avez le droit de tomber.
Vos sentiments sont valides. Votre douleur l’est aussi.
L’important, c’est de ne pas perdre de vue la main que peut vous tendre votre entourage. Les ressources professionnelles disponibles pour vous aider.