La nuit s'étira.
Sans fin et si brève à la fois.
Elle nous laissa nos éclats de rage.
Nos fragments de tendresse.
Elle retint chaque mot et chaque souffle.
La beauté de nos murmures.
La splendeur de tous nos cris.
Quand un ami vous connaissait mieux que vous-même, il n'y avait pas un endroit où cacher vos vérités.
Et notre seule liberté... celle que personne ne pourrait jamais nous retirer...
Que ce soit de jour comme de nuit. Que ce soit écrit sur un papier ou condamné. Que ce soit un chemin qu'on nous interdisait d'emprunter, une maladie ou une ignominie. Que ce soit sous des regards de haine ou dans le plus grand des secrets.
Je continuerais toujours de l'aimer.
J'étais en vie, sans doute. Mais tout ce qu'on m'avait arraché, c'était lui qui me l'avait pris. Il avait tout pillé et tout détruit.
Il m'avait ravagé.
Dévasté.
Comment faisait-on pour pardonner ça ?
J'aurai pu le laisser s'en aller, accepter que ma rancoeur me bouffe encore plus. Il était facile d'imaginer que la prochaine fois, il resterait encore moins longtemps. Et moins longtemps encore la fois d'après. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que des secondes de nous s'éparpillant dans le temps, juste avant de disparaître.
J'avais des frissons qui me remontaient le long de la colonne vertébrale. Comme un serpent sillonnant dans une prairie, en sifflant dangereusement. Me rappelant insidieusement que rien ne restait impuni.
Qu'est-ce qu'il m'a pris ?
Mais qu'est-ce qu'il m'a pris, bon sang ?
La violence des secrets, quand ils ne veulent plus se dissimuler.
Qu'est-ce qui était le plus grave ?
Qu'il soit un homme, ou qu'il soit allemand ?
Mon insouciance les avait suivis au front et, tout comme eux, elle y avait péri.
Une magnifique histoire entre un officier allemand et un jeune français voulant protéger les siens
Il n’y a jamais de bon moment pour la perte. Ni pour le deuil. L’âge ne le rendait pas plus facile. Bien au contraire. Les années avaient laissé leur empreinte et, aujourd’hui, il n’y avait plus que l’absence.