Citations sur Morte la bête (23)
Bref, j'ai passé l'heure suivante à essayer de lui faire décrire l'homme, mais j'ai fait un bide complet. Après un nombre incalculable de variations sur les cinq mêmes questions, j'ai pu conclure que son client avait entre vingt et quatre-vingts ans, n'était probablement ni nain ni en fauteuil roulant, et était à coup sûr un homme. A ce moment-là, j'ai commencé à croire qu'elle souffrait d'un syndrome professionnel inconnu genre friture crânienne. Par la suite ça s'est montré assez injuste, mais sur le moment malheureusement, je n'ai vu qu'une seule piste.
C'était toujours comme ça avec les femmes. En l'absence de dialogue, il observait librement les fesses. C'était une alternative appréciable, et il la laissa prendre encore un peu d'avance.
Depuis le banc où il était assis, il pouvait apercevoir les mains du propriétaire quand celui-ci servait, et parfois le reflet de son visage sur une plaque d'inox. Blafard comme un abcès mûr, des yeux éteints, aussi attirant qu'un cadavre. Malheureusement, il allait devoir commencer par tuer le type, autrement ses chances de survie seraient trop grandes.
- J'aimerais vous revoir demain (...) Merci de venir sobre, dans le cas contraire je vous colle en cellule de dégrisement.
- Vous pouvez me le noter, que je n'oublie pas?
J’ai connu un homme intelligent, qui […] m’a demandé si je pensais que le monde pouvait être changé par une poignée de personnes se battant contre l’ordre établi. Et il m’a lui-même donné la réponse, une réponse aussi simple que vraie : le monde a toujours été changé de cette façon.
Quand j'étais petite, mon père m'appelait souvent mon ange. Et quand j'étais insolente, j'étais un ange avec de la merde sur les ailes. C'est pas poétique, ça?
Avant de partir, je pourrais prendre le temps de vous expliquer la procédure pour porter plainte contre la police. Il suffit de déposer une plainte au poste de police le plus proche. Au bout de quelques années, on vous adressera une fin de non-recevoir.
Dès qu'ils furent dans la salle de repos, Arne commença à se déshabiller méthodiquement, tout en disposant soigneusement chaque vêtement bien plié en un petit tas sur une table. Il plia jusqu'à ses chaussettes. Pauline se laissa tomber en arrière dans les coussins.
- Tu n'enlèves pas tes vêtements?
- Ca veut dire qu'on saute les préliminaires?
- Voilà presque une heure que nous parlons, et vous n'avez même pas encore demandé pourquoi la police est ici. Comment ça se fait?
- C'est pas moi qui pose les questions. C'est vous. (...)
- Ce matin, il y avait cinq cadavres dans le gymnase.
- Sans déconner. C'est pas comme ça d'habitude.
Quand j'avais cinq ans, mon père est mort, et mon beau-père s'est installé à la maison. A partir de ce moment là et jusqu'à mes dix ans, où j'ai été placé dans un foyer, j'ai été violé trois, quatre, cinq fois par semaine. Eté comme hiver. Week-ends et jours de semaine, matins et soirs, année après année. Le viol faisait tellement partie de mon enfance que j'ai longtemps cru que c'était comme ça que ça se passait, que tous les enfants vivaient la même chose que moi.