Les amours de Lara Jean, tome 1 : A tous les garçons que j'ai aimés...

« Chaque fois que je prends la plume, je me laisse complètement aller, comme si personne n'allait jamais me lire. C'est le cas, d'ailleurs. Je couche dans ces lettres mes pensées les plus secrètes, mes observations les plus fines, tout ce que j'ai gardé au fond de moi. Quand j'ai fini, je ferme l'enveloppe, je note l'adresse et je range la missive dans ma boîte à chapeaux bleu turquoise.
Il ne s'agit pas de lettres d'amour au sens strict du terme. Je les écris pour arrêter d'être amoureuse. Ce sont des lettre d'adieu. Dès que je mets le point final, ma passion dévorante s'estompe. Je peux manger mes céréales tranquille, sans me demander s'il met lui aussi des bouts de banane dans ses Cheerios. Je peux brailler des chansons d'amour sans qu'elles lui soient adressées. Si l'amour est une forme de possession, ces lettres sont mes exorcismes maison. Elles me libèrent. »

C’est effrayant quand ça devient réel. C’est une chose d’avoir des sentiments pour quelqu’un. C’en est une autre d’avoir la personne en face. De gérer ses attentes. Ses envies.

"Your house is lovely," I say, even thought it isn't. [...]
"It's empty now. All my things sold up. Can't take it with you, you know."
"You mean when you die?" I whisper.
He glares at me. "No. I mean to the nursing home."
Whoops.

"[...] It's scary when it's real. When it's not just thinking about a person, but, like, having a real live person in front of you, with, like, expectations. And wants".

When you have a boyfriend or a girlfriend, you only want to be with that person, and you forget about everybody else, and then when the two of you break up, you've lost all your friends. They were off doing fun stuff without you.

L'amour, c'est effrayant, c'est changeant, ça peut disparaître. Mais c'est un risque à prendre.

La plupart des mots ne disent rien d’autre que « Rendez-vous à ton casier après les cours » ou « Je peux t’emprunter ton cahier de chimie pour recopier la leçon d’hier ? »
Je tombe sur le message d’Halloween, avec la toile d’araignée, et il me fait sourire. Sur un autre, je lis : « Tu peux rentrer en bus aujourd’hui ? J’ai envie de faire une surprise à Kitty. Je vais aller la chercher en décapotable pour qu’elle puisse frimer devant ses copains. »
« Merci d’être venue avec moi au vide-grenier, ce week-end. J’ai passé une excellente journée. Je te revaudrai ça. »
« N’oublie pas de m’apporter un yaourt glacé coréen ! »
« Si vous faites à Josh ses biscuits débiles au chocolat blanc et aux canneberges et que vous zappez mes cakes aux fruits, je ne te parle plus. »
J’éclate de rire. Je relis le dernier plusieurs fois de suite : « Tu es super jolie aujourd’hui. Je t’adore en bleu. »
Je n’ai jamais reçu de lettre d’amour, mais en lisant ces petits mots, l’un après l’autre, j’ai l’impression d’en lire une.

- J’aime bien Peter, dit mon père en tartinant un petit pain.
- Tu l’aimes bien ? je m’étonne.
Il hoche la tête.
- C’est un garçon bien. Et il est très épris de toi, Lara Jean.
- Épris de moi ? je répète.
- Arrête de faire le perroquet, me dit Kitty. (Puis, à mon père :) Ça veut dire quoi, « épris » ?
- Ça veut dire qu’il est sous son charme, explique papa. Qu’il est transi d’amour.
- Ça veut dire quoi « transi » ?
Il éclate de rire et fourre le petit pain dans la bouche grande ouverte de Kitty.
- Ça veut dire qu’il l’aime beaucoup.
- C’est clair, approuve Kitty, la bouche pleine. Il… il te regarde tout le temps, Lara Jean. Quand tu ne fais pas attention. Il vérifie si tu t’amuses bien.
- Ah bon ?
Une douce chaleur envahit ma poitrine. Je ne peux réprimer un sourire.

- C’est juste… Plus il y a de gens impliqués, plus c’est compliqué à gérer. Quand on ment, il vaut mieux se limiter à deux ou trois personnes.
- Tu parles d’expérience ?
- Ouais, je mentais tout le temps, quand j’étais gamine.
Cela dit, je ne considérais pas ça comme des mensonges. J’inventais des histoires. Par exemple, j’ai fait croire à Kitty qu’on l’avait adoptée et que sa véritable famille faisait partie d’un cirque itinérant. C’est pour ça qu’elle s’est mise à la gym.

Je sors mon porte-monnaie pour payer ma commande, mais Peter m’en empêche.
- C’est pour moi, dit-il en me décochant un clin d’œil.
- Je croyais que tu ne voulais rien me payer, je dis à mi-voix.
- Mes potes sont là. Je n’ai pas envie de passer pour un radin.
Il passe un bras autour de mes épaules et poursuit, plus fort :
- Tant que tu seras ma copine, pas question que tu paies ton yaourt glacé.
Je lève les yeux au ciel, mais un yaourt glacé gratuit, ça ne se refuse pas.