" _ Tu viens toujours avec moi?!
Comment peut-il poser la question? J'irais n'importe où avec lui? "
Je lui ai serré la main. Je n'avais pas l'impression de faire ce qu'il fallait depuis longtemps. On est restés assis, main dans la main, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. (...)
Je n'ai pas bougé, je lui ai tenu la main en silence. Tout le reste paraissait si loin; il n'y avait que nous.
J’ai cessé de lutter contre le courant, je me suis laissée aller. Je n’étais pas assez forte pour lui résister – pour résister au premier amour. J’en revenais à cet endroit, là, à Conrad. Sa simple présence continuait à me couper le souffle. Je m’étais menti à moi-même la veille, en me croyant libre, en croyant avoir tourné la page. Peu importe ce qu’il disait, ce qu’il faisait, je ne cesserai jamais de l’aimer.
Etait-il possible de prendre la douleur de quelqu’un avec un baiser ? J’avais envie de lui arracher toute sa tristesse, de le consoler pour qu’il redevienne lui-même. J’ai posé une main sur sa nuque. Il a légèrement tressailli, mais je ne l’ai pas ôtée, je lui ai caressé les cheveux. Puis j’ai attiré sa tête vers moi et je l’ai embrassé. Timidement d’abord, jusqu’à ce qu’il me rende mon baiser. Ses lèvres étaient tièdes et avides, il avait besoin de moi. Le vide s’est fait dans mon esprit, il n’y avait plus qu’une seule pensée : « Je suis en train d’embrasser Conrad Fisher. »
_Je t’aime depuis que j’ai dix ans.
Il n’a pas réussi à dissimuler son trouble.
_Tu es le seul garçon auquel j’aie jamais pensé. Toute ma vie, il n’y a eu que toi. Tu m’as appris à danser et tu m’as sauvée le jour où j’avais nagé trop loin. Tu t’en souviens ? Tu es resté avec moi, tu m’as ramené au rivage. Tout le temps où on était dans l’eau tu répétais : « On y est presque. », et j’y ai cru, parce que je croyais tout e qui sortait de ta bouche. Comparé à toi, tout le monde est aussi insipide qu’un cracker, même Cam. Et j’ai horreur des crackers, tu le sais. Tu sais tout de moi, tout ; tu sais même que je t’aime.