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Citations sur L'été où je suis devenue jolie, tome 2 : L'été où je t'ai.. (84)

"Conrad n'était pas seulement mon premier amour. Ni un rite de passage. Conrad était tellement plus. Jeremiah, Susannah et lui appartenaient à ma famille. Dans mes souvenirs, ils seraient liés. L'un dépendait des deux autres.Oublier Conrad, le bannir de mon coeur, prétendre qu'il n'avait jamais existé reviendrait à effacer également Susannah de ma vie. Et ça, j'en étais incapable."
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Je lui ai couru après en l'appelant, mais Conrad ne s'est pas retourné. Quand je l'ai attrapé par le bras, il a finit par me regarder : il y avait tant de haine dans ses prunelles que j'ai eu un mouvement de recul. Et pourtant n'était-ce pas ce que j'avais, d'une certaine façon, recherché ? Le faire souffrir comme il m'avait fait souffrir ? Ou peut-être, plutôt, lui faire éprouver pour moi un sentiment autre que la pitié ou l'indifférence. Lui faire ressentir quelque chose, n'importe quoi.

- Alors, tu as un faible pour Jeremiah maintenant ?

Il voulait que son ton passe pour ironique et cruel, et il y parvenait, pourtant je percevais aussi de l'inquiétude. Comme si la réponse lui importait. Ce qui m'a rendue à la fois heureuse et triste.

- Je ne sais pas, ai-je dit. Ca te ferait quelque chose si c'était le cas ?

Il m'a dévisagée avant de se pencher vers moi pour toucher le collier autour de mon cou. Celui que j'avais caché toute la journée.

- Si tu as des sentiments pour Jeremiah, pourquoi portes-tu mon pendentif ?

Je me suis humectée les lèvres.

- Je l'ai trouvé au moment de rassembler tes affaires, au dortoir. Je n'ai pas compris ce qu'il représentait.

- Tu as très bien compris, Belly.

- Non, ai-je insisté en secouant la tête.

Pourtant j'avais compris, bien sur. Je me souvenais du jour où il m'avait exposé le concept de l'infini. L'incommensurable, le temps s'étirant sans limites. Il avait acheté ce pendentif pour moi. Il savait ce qu'il représentait.

- Dans ce cas, rends-le moi.

Il a tendu la main, j'ai vu qu'il tremblait.

- Non.

- Il ne t'appartient pas. Je ne te l'ai pas donné, tu l'as pris de toi-même.

C'est à ce moment là que j'ai compris. Enfin. Ce n'était pas l'intention qui comptait, mais sa manifestation. L'intention ne suffisait pas. Elle ne me suffisait pas, elle ne me suffisait plus. Je ne me contentais plus de savoir qu'au fond de lui il m'aimait. J'avais besoin de paroles, de preuves. Et il ne m'en donnait pas. Ou pas assez.

Je sentais bien qu'il s'attendait à ce que je discute, à ce que je proteste, à ce que je l'implore. Mais je n'ai rien fait de rel. Je me suis débattue ce qui m'a semblé une éternité avec le fermoir du collier. Ce qui n'avait rien de bien étonnant, étant donné que mes mains tremblaient également. J'ai fini par détacher la chaîne et la lui rendre.

La surprise s'est peinte sur ses traits une fraction de seconde puis, à son habitude, il s'est refermé. Peut-être que je m'étais fait des idées. Peut-être que je m'étais imaginé qu'il tenait à moi.

- Va-t'en alors, a-t-il dit en empochant le pendentif. Comme je ne bougeais pas, il a répété, plus sèchement :

- Pars !

J'étais un arbre, les pieds enracinés dans le sol.

- Va retrouver Jeremiah. C'est lui qui veut de toi, pas moi. Moi, je n'ai jamais voulu.

D'un pas trébuchant, je me suis enfuie.
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Rien ne m'apaisait comme le contact du sable sous la plante de mes pieds : il était à la fois solide et mouvant, constant et instable. Comme l'été.
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Et on a beau déployer tous les efforts du monde, on ne peut pas s’empêcher de rêver.
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"Il l'aimait. A une époque, il avait même été dingue d'elle. Il n'avait jamais rien éprouvé de tel pour moi. Jamais. Alors que moi, je l'avais aimé à la folie. Plus sincèrement que n'importe qui d'autre. Et je n'aimerais sans doute jamais plus personne ainsi. Ce qui, pour être honnête, était presque un soulagement."
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Il y avait toujours eu quelque chose de rassurant à savoir que ma mère m'attendait à la sortie de la piscine pour m'enrouler dans un rectangle d'éponge comme dans une cape. Même sans mère pour le faire, c'était douillet. Si délicieusement régressif que je regrettais de ne plus avoir huit ans. L'âge où on ne connaissait ni la mort, ni le divorce, ni les chagrins d'amour. À huit ans, seuls importaient les hot-dogs et le beurre de cacahuète, les piqures de moustique et les échardes, le vélo et le skateboard. Les cheveux emmêlés, les coups de soleil sur les épaules, Enid Blyton et le couvre feu à vingt et une heures trente.
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J'ai carrément besoin de toi, même si tu es la pire des meilleures amies. Un petit copain ne remplace pas une amie, tu le sais très bien.
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– Susannah ne te le pardonnera jamais, tu sais. Elle ne te pardonnera jamais d’avoir perdu sa maison. D’avoir laissé tomber ses fils.

Elle m’a giflé si fort que j’ai vacillé. Je n’avais pas vu le coup venir. La main pressée sur la joue, je me suis mise à pleurer. Pourtant, j’étais en partie satisfaite : j’avais enfin eu gain de cause. J’avais la preuve qu’elle ressentait quelque chose.

Elle était pâle comme un linge. Elle n’avait jamais levé la main sur moi avant. Jamais, de toute ma vie. J’ai attendu qu’elle s’excuse. Qu’elle me dise qu’elle n’avait pas l’intention de me faire mal, qu’elle ne pensait pas les horreurs qu’elle m’avait balancées. Si elle prononçait ces mots la première, je l’imiterais. Parce que j’étais désolée. Je ne pensais pas sincèrement ce que je lui avais dit.

Face à son mutisme, je me suis reculée puis je l’ai contournée pour sortir de la chambre.

Mes jambes étaient mal assurées.

Dans le couloir, j’ai découvert Jeremiah : il m’observait la bouche grande ouverte. Il me fixait comme s’il ne me reconnaissait pas, comme si la personne qui se tenait en face de lui était une inconnue, une fille qui criait après sa mère et lui disait des monstruosités.

– Attends, a-t-il dit en tendant un bras pour m’arrêter.

Je l’ai repoussé et suis descendue. Dans le salon, Conrad ramassait les bouteilles et les jetait dans un sac-poubelle bleu pour le recyclage. Il n’a pas levé les yeux vers moi. Je savais qu’il n’avait pas perdu un mot de notre échange, entre ma mère et moi.

Je me suis précipitée dehors et j’ai failli m’étaler sur les marches qui menaient à la plage. Je me suis affalée dans le sable, une main pressée sur ma joue brûlante. Puis j’ai vomi.
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Je tenais à garder cet instant en mémoire, au cas où je ne reviendrais pas ici. On n'a jamais conscience qu'on voit un endroit pour la dernière fois. Ou une personne.
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La perte d'un être aimé semble irréelle, comme si cet événement arrivait à quelqu'un d'autre, comme s'il s'agissait de la vie d'un étranger. Je n'ai jamais eu aucun don pour l'abstrait. Que signifie la disparition complète et totale d'une personne ?
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