En Alaska, vous pouvez commettre une erreur. Une. La deuxième vous tuera.
Une mère était comme le fil d'un cerf volant. Si elle ne vous retenait pas fermement, solidement, on pouvait bien s'envoler dans les airs et se perdre dans les nuages.
Vous savez ce qu'on dit à propos des femmes qui cherchent un homme en Alaska : on a l'embarras du choix, mais c'est un choix embarrassant.
L'été se termina aussi vite qu'il avait commencé. L'automne en Alaska était moins une saison qu'un instant, une transition. [...]
Tout à coup, semblait-il, les feuilles des peupliers qui entouraient le chalet prirent une teinte dorée et chuchotèrent entre elles, puis elles se recroquevillèrent en forme de flûtes noires et flottèrent jusqu'au sol où elles s'amoncelèrent en tas dentelés qui craquaient sous les pas.
En Alaska, vous pouvez commettre une erreur. Une. La deuxième vous tuera.
– Ce qui compte en Alaska, ce n’est pas qui vous étiez quand vous y êtes venus. C’est qui vous êtes devenus. Vous êtes dans une région sauvage ici, les filles. Il ne s’agit pas d’une fable ou d’un conte de fées. C’est la réalité. Une réalité dure. L’hiver va bientôt arriver et, croyez-moi, il ne ressemble à aucun hiver que vous avez connu. Il va éliminer les faibles, et rapidement. Vous devez savoir comment survivre. Vous devez savoir tirer et tuer pour vous nourrir, et vous protéger du danger. Vous n’êtes pas au sommet de la chaîne alimentaire ici.
Elle savait combien il souffrait. Les pleurs de son père la réveillaient parfois, elle entendait alors sa mère tenter de l'apaiser....
Il secoua la tête et crache une bouffée de fumée bleu-gris.
- Je veux simplement...plus que ça, je crois. Pas un travail. Une vie. Je veux pouvoir marcher dans la rue sans craindre qu'on me traite de tueur de bébés. je veux...
Le ciel était étrange. Noir. En Alaska, le ciel nocturne en hiver arborait un bleu profond et velouté et, quand la neige recouvrait le sol et enveloppait les arbres, la lumière ambiante créait un éclat magique.
Une marée basse extrême avait aspiré la mer, révélant une large bande de vase, miroir gris et lisse qui reflétait la couleur du ciel et les montagnes enneigées se dressant sur la rive opposée. Des bouquets de moules noires luisantes étaient accrochées à des poteaux sortis de l'eau; le canot en aluminium s'inclinait dans la vase, sa corde attachée à la bouée.
Il considéra le visage de son fils et vit son propre passé. Il se rappela tout à coup des choses qu'il avait oubliées : la sensation que donnaient les œufs de grenouilles dans la main, la façon dont un bon éclat de rire secouait votre corps tout entier, les histoires lues autour d'un feu de camp, jouer aux pirates sur la plage, construire des cabanes dans les arbres...
Tout cela, il pouvait l'apprendre à son fils. De toutes les choses dont il avait rêvé au fil des années et auxquelles il s'était évertué de croire quand il souffrait le plus, c'en était une qu'il n'avait jamais osé seulement espérer connaître.
Mon fils.