Une vie de mensonges

Vous aviez raison, il était une béquille. Il m’aime, mais il préférerait que je reste comme j’étais. Il veut que je sois bien, suffisamment pour fonctionner, mais pas assez pour me défendre moi-même. C’est lui qui devrait vous consulter, pas moi.

Je suis désolée de dire que malgré plusieurs années de thérapie, il continue de croire qu’il y a un monde parallèle dans lequel il peut aller pour trouver à un répit à sa douleur. Il dit que les faës vivent là-bas, ce que je trouverais étrange si ce n’étaient ses antécédents en mythologie qu’il a utilisés pour créer ses mondes informatiques. Des histoires d’elfes volant les imprudents, ce n’est pas rare.

Plus nous sommes innovants, plus nous les attirons. Plus ils nous veulent et plus ils nous détestent. Parce que nous pouvons faire ce qu’ils ne peuvent pas. Ils meurent d’envie d’obtenir le résultat, mais méprisent le processus.

Plusieurs options traversèrent l’esprit de Meg, sans qu’elle les comprenne puisque son instinct lui disait de partir en courant. Il était la menace la plus sombre pour son nouveau moi. Un élan de colère tourbillonna autour d’elle et étouffa cette idée. La mâchoire serrée, elle repoussa la peur. Elle ne souhaitait pas être cette personne. Elle ne le serait pas.

J’aime qui je suis et je suis désolée, mais tu n’es plus inclus là-dedans. Tu as raison. Le Dr Jillium et toi aviez raison. Tu es une béquille et je dois te laisser partir. Au revoir, Austin.

Mais si j’ai appris quelque chose sur les médicaments ces dernières années, c’est que les effets positifs finissent par redescendre et tu es au summum. Tu es trop haute pour que je te rattrape quand tu tomberas.

Son reflet dans le miroir attira son regard et elle s’arrêta, ébahie. Elle se redressa lentement et toucha ses boucles. Un sourire s’étira sur son visage et elle passa une main sur sa taille fine, appréciant la façon dont la robe d’été d’Haley lui donna à la fois l’air jeune et intelligente. Distinguée. Quelque chose que tout le monde aimerait être.

Ils avaient besoin d’une source d’argent pour leurs jeunes et un professeur, surtout de linguistique, avait besoin d’une grande université pour attirer les étudiants. Haley et Rorry ne subvenaient probablement pas seulement à leurs besoins, mais à ceux de leurs familles.

L’air est si pur qu’on peut presque le boire, il inonde tes poumons comme la lumière elle-même. Et la nuit, le ciel devient rose, doré et violet quand le coucher de soleil reflète les montagnes. Ce n’est jamais deux fois la même couleur. L’hiver, il y a plus de rouge et l’été, plus de doré, mais il y a toujours un peu de violet.

Elle était une plouc, une arriérée, une petite enseignante de rien du tout comparé à l’allure cosmopolite d’Haley et à ses goûts.